Re : Histoire de la tribu Ida Go Ersmouk
Bonjour,
Pouvez-vous me dire si ce texte est correct.
Source :
TRIBUS DU SUD-OUEST MAROCAIN
BASSINS COTIERS ENTRE SOUS ET DRAA PAR A. LE CHATELIER
PARIS ERNEST LEROUX, ÉDITEUR
28, RUE BONAPARTE, 28
édition 1891.
Je l'ai recopié pour mon étude généalogique.
BASSIN DE L'OUED OULGHASS
IDA OULTIT
Territoire.
La vallée de l'oued Oulghass, au-dessus de son confluent avec l'oued Tazeroualt, près duquel sont cantonnées une tribu de l'Azarar et une fraction des Ghlouka, les Ait Oulghass, appartient, jusqu'à son cours supérieur, à l'ancienne confédération des Ida Oultit, qui en occupent les deux rives ainsi que les affluents latéraux jusqu'aux plateaux formant la ligne de partage des eaux avec le Sous et le Tazéroualt. Au nord, les Ida Oultit ont pour voisins dans ces hauteurs les Ida ou Guenidif; au sud, ils confinent au Tazéroualt.
Origines.
Les Ida Oultit passent pour appartenir originairement aux Guezoula, bien qu'ils comptent actuel¬lement dans le lef Tahoggat. Leur histoire se confond avec celle du Sous et du Tazéroualt, sans faits saillants, retenus par les écrivains du pays, comme c'est le cas de la plupart des Ghleuh montagnards. A l'époque moderne cependant, les Ida Oultit se distinguent par une animosité très vive contre les Oulad Sidi Ahmed ou Moussa. Une de leurs frac¬tions notamment, les Ida ou Bâqîl, est sans cesse en lutte contre ceux-ci depuis quelques années. Déjà, unie aux Imejjal, elle avait assiégé Sid el Haoussin dans Iligh. En 1887, ses contingents attaquèrent encore Sidi Mohammed avec les mêmes alliés et ne battirent en retraite qu'à l'arrivée des Arabes de l'Oued-Noun après avoir laissé cent soixante des leurs sur le terrain.
Situation politique.
Les Ida Oultit sont pour la plupart restés indépendants du Maghzen. Seuls, les Ida ou Bâqîl et les Ida ou Garsmousk, avaient accepté des caïds en 1882. Mais ceux-ci n'eurent jamais aucune autorité.
Une partie des Ida Oultit ont conservé le système d'or¬ganisation intérieure propre au lef Taoggat. Ils ont le fractionnement de la tribu par esdess ou dixièmes. Chacun des six iedd, ou afouss, se subdivise lui-même en takatin ou canouns de second degré par fractionnement sexennaire. Deux inefless par afouss représentent le pouvoir central.
Les autres Ida Oultit, chez lesquels l'élément Guezoula dominait, ont le fractionnement par quatre, avec deux ineffess et un amghâr annuel par iedd, dans une tribu ; dix inefless sans amghâr dans une autre.
Ces amghâr, qui changent d'année en année, ne sont autres, à proprement parler, que des cheikhs el âm, comme ceux du Drâa et des Beraber.
Sauf lors des expéditions du sultan, les Ida Oultit ne payent pas d'impôts et même alors ne payent qu'un léger tribut. Ils se contentent de verser un âcbour pour l'entre¬tien de leur medersa. Aucune influence religieuse exté¬rieure ne parait s'être répandue chez eux, sauf chez les Ida ou Bâqîl, qui, quoique ennemis politiques des Oulad Sidi Ahmed ou Moussa, leur envoyaient quelques ziara.
Fractionnement.
Quoique la confédération des Ida Oultit ait existé sous ce nom, il n'est plus employé qu'exceptionnellement, et seulement pour désigner le pays.
Les tribus qui en sont issues sont elles-mêmes ennemies les unes des autres, et sans relations politiques. En raison d'un fractionnement très variable, de modifications inces¬santes au groupement des clans, suivant l'état de guerre ou de paix, il s'est produit une certaine confusion dans la nomenclature de ces tribus, confusion qui a fait donner des noms tels que Toudma, Gossim, etc., à des groupes de population.
Sans attribuer une valeur absolue à une classification plus serrée, il semble cependant qu'on puisse considérer les Ida Oultit comme représentés actuellement par trois tribus principales auxquelles se rattachent les clans secon¬daires. Ce sont en remontant l'oued Oulghass les suivants :
Ida ou Garsmouk, Ida ou Bâqîl, Ail Ahmed.
1° Ida ou Garsmouk.
Les Ida ou Garsmouk, connus en pays arabe sous le nom d’Ersmouka et auxquels on a appliqué la désigna¬tion de Id Iaggou, occupent les plateaux situés sur la rive gauche de l'oued Oulghass, et la vallée de l'oued au-dessus de l'Azarar et des Ghtouka. Mais quelques-uns de leurs clans débordent dans l'Azarar, vers le Maâder, où ils ont des terres de culture et conservent des relations amicales.
Sur leur territoire même, ils n'ont pas de ksour, mais des dchour avec Agadir.
Leur principal centre est le dchar de Douadrar n Gars¬mouk où se trouve leur medersa.
Les Ida ou Garsmouk forment quatre fractions à la tête de chacune desquelles se trouve un amghar qui change d'année en année et deux inefless. Le nom du clan domi-nant sert à désigner la fraction, si besoin est. Mais en général les désignations du clan auquel correspond le dchar et de la tribu sont seules usitées.
Sous cette réserve et en tenant compte de l'indication qui précède, les fractions sont les suivantes :
Ait Mejjout, à Inebder,
Aït Ousaka Mkoren, de Imin n Terga Idelen,
Ait Tighmout, de Bou Ilgoumaden,
Ait el Betaniat, de Aïne-el-Harigat,
Le territoire des Ida ou Garsmouk, naturellement pauvre, a été ruiné dans ces derniers temps par divers fléaux. Beaucoup d'habitants ne trouvant pas à se nourrir dans leur pays l'ont quitté. La population est ainsi très infé¬rieure à ce qu'elle était autrefois. On n'évalue qu'à 1,500 le chiffre de ses fusils, une partie des armes ayant été vendues, bien que le nombre des hommes soit beaucoup plus élevé.
2° Ida ou Bâqîl.
Le territoire des Ida ou Bâqîl n'est séparé de celui du Tazéroualt que par une petite koudiya. Il comprend cinq vallées, dominées par des plateaux accidentés ; celles de :Oued Ouijjen,
Oued Assaka,
Oued Imejgaren,
Oued Aguem,
Oued Immi n Tirmi.
Les Ida ou Bâqîl ont été une des plus puissantes tribus de la région. D'après Marmol, ils pouvaient mettre sur pied de son temps vingt mille combattants. On les consi¬dérait dès lors comme une peuplade sauvage, qui s'isolait dans son territoire avec un esprit d'indépendance fa¬rouche. C'est autant à leur ancienne puissance qu'à ces instincts, qu'ils doivent d'avoir conservé dans toute sa pureté le régime des institutions communales du lef Tahoggat.
Ils comptent six fractions subdivisées elles-mêmes par six :
1° Sidous, sur l'oued Ouijjen, avec le ksar de ce nom, le plus important de la tribu, et réputé dans le pays comme siège d'une zaouiya de Sidi Ahmed ou Moussa.
2° D'dou ou Drer, sur l'oued Assaka, avec le ksar de ce nom, résidence d'un des caïds que le sultan avait essayé de leur donner en 1882.
3° Iggui ou Asif, ksar à Taghezout.
4° Immi Ousaka.
Clans principaux
Ait Taamnout,
Ait Oufella Ouzour,
Ait ou Doudou d Médin, Ait el Medersa.
5° Tiouadou.
Clans principaux
Ait Khdeidja,
Id Barka ou Hammou.
6° Immi n Tirmi, sur l'oued de ce nom, avec les clans de Izalimin, Ait Cheikh, Ait Afella n Takatin.
Lors de la division faite par Mouley Hassen, ces six fractions avaient été réparties en deux groupes : Izilelen et Ait Amar. Mais les caïds, d'ailleurs mal ensemble, et qui en sont venus plusieurs fois aux prises avec leurs par¬tisans, ne comptent pas dans les affaires intérieures de la tribu quoiqu'elle soit du lef de Tiznit, en opposition au Tazéroualt, les Izelelen surtout, dont les contingents ont concouru à la lutte contre les gens d'El-Aouina.
Comme toutes les Tribus berbères dont l'organisation intérieure est restée intacte, les Ida ou Bâqîl ont des con¬tingents de guerre fixes. Chaque fraction doit fournir 600 fusils. Mais le chiffre total des hommes en état de porter les armes est probablement supérieur à 3,600 car les Ida ou Bâqîl sont actuellement très pauvres comme leurs voisins, les Ida ou Garsmouk. On peut l'évaluer à 5,000.
Bien qu'en lutte avec le Tazéroualt les Ida ou Bâqîl vont en ziara à la zaouiya de Sidi Ahmed ou Moussa. Ils ont un moussem chez eux à Ouezzan. On peut donc les considérer comme subissant l'influence de celte école, au point de vue religieux. Mais en même temps ils ont de nombreux Nasseriyn et quelques zaouiya de celte confrérie. Enfin ils reconnaissent plus particulièrement comme patron Sidi Ahmed Abâqîl, chérif Semlali qui s'était fixé chez eux. Leur attitude politique ne semble, au reste, déterminée en aucun cas par leurs préférences dogmatiques.
3° Ait Ahmed.
Les Ait Ahmed, qu'on appelle aussi Aït Hamd, occupent le massif montagneux du haut Oulghass avec quelques af¬fluents de ce cours d'eau : oued Talit Organ ; oued Tnin Mirgoumi; oued Djorf; oued el Arbera n Ait Ahmed.
Leur montagne inaccessible, les isole complètement des tribus voisines, et, sauf les Ida ou Bâqîl, leurs alliés, ils n'ont de relations avec aucune.
Ce sont, au sens particulier du terme, des lbou Idraren, des montagnards sauvages et indépendants. Ils n'ont ni caïd, ni amghâr. Toute l'autorité est exercée par les inefless au nombre de dix pour chacune des quatre frac¬tions.
Aucune influence spirituelle extérieure ne s'exerce dans la tribu, dont le mouvement religieux est concentré à la medersa qu'elle possède à Tasilat.
Les Aït Ahmed ont quelques petits ksour :
Sur l'oued Oulghass : Tagerout, Djorf au confluent de l'oued de ce nom ;
Sur l'oued Timin Mirgoumi : Daimiat ; Sur l'oued Djorf : Bou Adou.
Les Tractions, au nombre de quatre, sont les suivantes :
Aït Ilougan,
Aït Igouramen n Talet,
Aïl Djerifia,
Aït Haddou el Hassen.
Chacune doit en cas de guerre fournir 900 fusils. La tribu en compterait tout entière 3,600, ce qui semble le maximum de l'effort dont elle serait susceptible.
Merci pour l’aide historique.
Bien à vous.
Eric de Bruxelles