l'art amazigh

tinji

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l'art amazigh est un domaine vierge

ajourd'hui , on voit de plus en plus de fassis et d'arabophnes s'aproprier l'art amazigh ( tableux, bijoux...

est ce que c'est un changement ds les mentalités ?

ou bien c'est du pure opportunisme ?

que reste-t-il aux amazighophones?

l'analphabétisme , la pauvreté ......

et leur FOI (la toussmino wala toughni mine jou3)
 
c'est du pur opportunisme, hélas.
Imazighen n'ont pas conscience de leur art; ils ont d'autres besoins plus urgents, plus terre à terre: l'eau, la nourriture, le vêtement et le logement;

l'engouement pour l'art amazighe de la part des castes nanties citadines, une minorité cultivée de rabat, fes, et autres grandes villes, ne correspond pas à un réel intérêt pour le patrimoine originel marocain, mais suit les tendances des modes européennes actuelles, c'est à dire l'art naïf, exotique, l'artisanat ethno- tribal, la world music et autres nostalgies néo- coloniales.

La récupération du patrimoine culturel amazigh par la jet set européenne et à sa suite les imitateurs bourgeois des villes marocaines est un effet de mode, sans une réelle considération pour la culture amazighe.

Cela relève du pillage pur et simple des bijoux, meubles, maisons, vêtements anciens et tapis, ustensiles, tout objet esthétiquement intéressant, collectionnable, vendable.

Imazighen n'en ont rien à faire de l'art, hormis une infime minorité d'intellectuels et amoureux de leur culture, qui se désolent du manque de culture de leur peuple, de leur naïveté.
L'art amazighe part en morceaux, emporté par les spéculateurs, emporté par le vent, comme les Ksars du Dades qui tombent en ruines.

Imazighen ont perdu le goût du beau, du sacré et du durable, leur artisanat devient médiocre, franchement laid; Imazighen sont devenus âpres au gain, par misère et corruption des esprits, par perte de leur identité et oubli, mépris de leur héritage culturel ils préfèrent le clinquant, le produit moche pourvu qu'il soit importé de Belgique ou de taïwan, à prix bas.

Adieu les tapis, les tigertalin, les belles constructions à l'ancienne, les beaux bijoux et les belles poteries de jadis, tout ça est remplacé par la pacotille des souks.

L'ancien, le beau, l'estimable objet de jadis se trouve ailleurs, dans les villas de rabat ou dans les riads de marrakech.

Quant aux artistes Imazighen, ils n'ont pas de public. Imazighen s'en foutent de l'art. Hormis la chanson de variété, bien sûr. adar, adar! afus, afus!
 
Voici une question qui moi personnellement me tient à coeur et me pousse à réagir, la question urgentissime de notre patrimoine.

Chaque fois que je vois le béton armé envahir nos villages et y bannir la terre, chaque fois que je vois les portes métalliques mettre nos portes en bois à l'amende, chaque fois que je vois à Paris des objets d'art amazigh exposés dans des lieux hyper branché par des mercenaires, j'ai envie de pleurer d'impuissance.

Aksel, je suis d'accord avec toi sur toute ta ligne. Ce d'autant plus que personnellement, j'ai fait l'expérience extrêmement décevante d'avoir rencontré une personne qui a été récemment médiatisée - dont je ne citerai pas le nom - et qui est supposée aimer et protéger ce patrimoine et de découvrir avec effarement que son soi-disant engouement pour notre patrimoine était complétement détaché avec toutes les valeurs et le discours intrinsèques à ce patrimoine. Tout se passe chez cette personne comme si elle prenait d'une maison ses murs mais refusait son âme. C'est exactement ce qui se passe avec ces personnes au Maroc qui vont afficher un enthousiasme sans pareil pour l'art amazigh mais vous tourne le dos dès que vous leur révélez que cet art, ce n'est pas seulement matière et matériau mais culture et civilisation brimées dans leur droit d'exister.

[ Edité par Anamir_n_bariz le 20/9/2005 15:40 ]
 
Bien sur que l'engoument pour l'art amazigh des citadins "arabes" de Fes et autres n'est qu'un effet de mode. Ils surfent sur la vague provoquée par les occidentaux concernant Marrackech et le Sud marocain.

Mais comment peut t'on dire que les imazighen en ont rien à faire de leur culture et de leur patrimoine. Comment ces gens à qui l'on ne donne rien, pas même l'essentiel ,ni emploi, ni aide, ni infrastructure, ni EDUCATION. Comment ces gens qui sont pousser par l'ecole, la television et l'administration à abondonner leur culture.Comment pourraient ils s'intereeser aux arts de leurs ancêtres, ils n'en ont pas les moyens (la culture amazigh plus que n'importe quelle autre est difficile d'accés ne serait-ce que parceque elle est opprimée), la seule chose qui est à leur porté c'est la fiérté d' être ce qu'ils sont et n'abondonnent pas leur langue. Et à moins que je ne me trompe il reste encore une majorité d'imazighen fiére de ce qu'ils sont et c'est une preuve qu'ils ne se foutent pas totalement de leur culture.

Il est sûr que ce n'est pas tout d' être fier mais c'est quelque chose de fondamental. Ce n'est que par l' education que le reste peut s'accomplir, mais qui pourra donner cette éducation? Une Education qui mettrait les imazighen au centre de l'histoire du Maroc et où la culture berbére aurait ca place légitme... On est bien loin de cela :-(

[ Edité par tamaynut le 20/9/2005 16:13 ]
 
Nous abordons là une question très complexe qui mérite débat ( hélas, j'ai bien peur de manquer de temps), cette question est celle de l'aliénation.

Je m'explique : si les imazighen abandonnent leur patrimoine - ceci est hélas un fait, et il y a pas besoin de le nier Tamaynut - c'est parce que l'on dit que leur culture, c'était,"ikhurban", nulle et bonne pour les vieux croulants. On leur a aussi dit que dorénavant le fun, la classe c'était les construction fassi et bédaoui. D'où un mécanisme d'aliénation qui se manifeste par une identification à l'agresseur, bien connu dans les comportements psychosociologiques des sociétés opprimées.

Le truc à faire, de mon de vue, est d'inverser la donne, d'introduire le fun dans notre patrimoine, d'en faire un objet de désir aux yeux de notre peuple. Malheureusement cela demande une volonté urbanistique pour réhabiliter nos modes de constructions. Cela demande également une forte sensibilisation pour informer notre people ( eux qui se plaignent tout le temps d'être malade) que ces constructions maintiennent un équilibre écologique avec l'environnement ce qui les protège. Cela nécessite également une attractivité économique à donner à nos objets car il est malheureusement moins cher d'acheter une porte en métal que d'en commander une en bois. etc. etc.
Toutefois, et c'est l'idée qui me trotte dans la tête depuis un moment, nous aussi on pourrait par exemple voir comment on peut consacrer des éditions "fun" et branché spécialement pour l'art amazigh. On voit beaucoup de "beaux livres" sur l'art islamique, sur les maisons du Maroc ( dont il se garde de dire qu'elles sont amazighes et "crient" par là-même l'oppression de la culture qu'elles incarnent) ou encore des livre sur le mexique ou que sais-je..Alors pourquoi pas contacter un éditeur et monter un projet d'édition chic consacrée aux vestiges et manifestations de l'art amazigh du Siwa jusaqu'au Canaries??
 
" Tout se passe chez cette personne comme si elle prenait d'une maison ses murs mais refusait son âme "
exactement anamir, c'est ce que je ressens et qui m'attriste, me révolte.
Tout ce que vous avez dit est vrai: il y a très peu d'amoureux et vrais connaisseurs de l'art amazighe et de l'âme, l'histoire qui le porte.
Notre patrimoine a été folklorisé, vandalisé, méprisé pendant des décennies, car c'est un art colonisé et dominé par une culture étrangère médiatisée comme le canon de la civilisation et de la beauté: notre patrimoine a été abandonné durant des décennies par les responsables du patrimoine et de la culture officiels, les chantres de l'arabo- andalousie.
L'école a fait le reste, détruisant chez les enfants et les jeunes le goût du beau, l'admiration et le respect de l'art autochtone millénaire et authentique.

La misère intellectuelle économique et l'alliénation qui persistent empêchent le plus grand nombre d'accéder au bien être et ensuite au savoir, finalement au goût et à l'amour du beau.

Notre art, notre patrimoine authentiquement africain, méditerranéen et atlassique sont splendides, purs, très riches en symboles, porteurs d'une mémoire millénaire, vibrante de l'âme de nos ancêtres: et c'est cela que les falsificateurs et les spoliateurs veulent éradiquer, à l'image de notre langue qui a subi de siècles d'oppression et de retard pour évoluer.

L'art amazighe est aussi vital pour notre survivance que notre langue, tous les deux ont été mis au pilori, voués à la destruction.

Lorsque je dis à un cousin chleuh de la campagne que je voudrai parler mieux tachelhit il me regarde étonné et me demande: " à quoi ça va te servir, tachelhit? L'arabe est plus utile."
même chose pour l'art.
 
Anamir_n_bariz a écrit :

Toutefois, et c'est l'idée qui me trotte dans la tête depuis un moment, nous aussi on pourrait par exemple voir comment on peut consacrer des éditions "fun" et branché spécialement pour l'art amazigh.

Je ne vois pas l'intêret, les gens chics et branchés de la jet set et compagnie s'interessent déja à notre culture....mais comme toujours ces gens ne s'interessent que superficiellement à la culture à la mode au moment t..là c'est notre tour un point c'est tout....

si les imazighen abandonnent leur patrimoine - ceci est hélas un fait, et il y a pas besoin de le nier Tamaynut

Je ne nie rien, je trouve juste que parfois on a tendance à "juger" les gens en occultant certains points. Les arts et l'intêret pour le patrimoine sont "reservés" aux élites même dans les pays où la culture est le plus democratisé.
Nous qui avons eu la chance d'avoir accés à l'education nous avons plus conscience de ce patrimoine...et encore...


Si les gens de nos villages construisent en ciment et mettent des portes en metal c'est qu'il y a un intêret économique pour eux ("ce qui est rare est cher..").
Bien sur que nous voudrions retrouver chez nous de beaux villages traditionels, mais les personnes qui vivent là bas toute l'année ont d'autres priorités sans pour autant nier leur amazighité. Ce qu'ils veulent avant tout c'est avoir accés à l'information et à la vie pratique. Aller chez le medecin,dans une administration sans interprete...
 
" à quoi ça va te servir, tachelhit? L'arabe est plus utile."

Oui d'ailleurs tous les habitants des bidonvilles de Casa qui parlent 'arabe' pensent sûrement la même chose...
 
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