Je me permets d’intervenir, dans un premier car je me sens concerné et de manière directe, et ce en qualité d’étudiant, mais aussi pour apporter ma manière de voir et de corriger certaines facettes présentées comme sombres et donc occultantes de toute une réalité, dont tout le monde n’est pas forcement conscient.
L’étudiant a toujours été, et le reste, un symbole du savoir, une incarnation de la science et un espoir d’un meilleur lendemain. L’étudiant d’aujourd’hui est l’intellectuel de demain, le détenteur du savoir et après avoir été pendant tant de temps le récepteur du savoir, demain il en sera la source.
Concernant l’étudiant marocain, les premiers à fouler la terre des Lumières ont été les générations à l’aube de l’indépendance, envoyées par le royaume et bénéficiant de bourses du plus hauts niveaux. Chose évidente, puisque ces étudiants ont été amenés à palier le vide laissé par l’administration coloniale, et à occuper des postes au plus haut niveau, représentatif du Maroc libre et autonome. Ces étudiants sont aujourd’hui les hautes ministres, les plus hauts gradés du gouvernement civiles comme de la défense. On les retrouve également dans la chancellerie, les ambassades et représentants du Maroc au près des instances internationales.
Les vagues d’étudiants se sont suivies pendant quelques années, puis commençaient à ralentir à partir des années 80, le Maroc ayant un réservoir jugé suffisant et comptant sur sa propre production en génie civile et diplômés des hautes études universitaires et grandes écoles.
Seulement, les vagues ne se sont pas arrêter net, elles discontinuaient tant en fonction du besoin du Maroc, tant en fonction du besoin des pays d’accueil : Europe, Russie, USA, Canada etc.
Quant à moi, je fais partie de cette vague, suite à un accord entre le Maroc et la France, visant à palier le vide des universités françaises (40% et en augmentation). Les marocains entre autres ont bénéficié de facilités pour l’obtention du Visa, et ce pendant une durée de quatre ans, de 1998-2001.
Pour vous donner une idée du parcours du combattant de l’étudiant avant de pouvoir un jour fouler la terre de Molière et surtout de la vigueur du choix des consulats et des diverses contraintes imposées aux candidats, je me fais porte parole des diverses expériences dont la mienne.
Au delà des exigences purement administratif - à l’instar de la prise en charge, le certificat d’hébergement, les photocopies des pièces d’identités du garant, ou du compte bancaire (etc) ; et sans parler de la médiocrité des réceptions au sein du consulat teintées de la culture de la dissidence locale, des abus de l’autorité autant française que marocaine- étaient requis des qualités intellectuelles soigneusement testées au cours d’un entretien de français, en parallèle d’une évaluation des divers diplômes obtenus, des notes et des lettres de recommandations.
Le candidat pouvait se voir rejeté sans explications, ni justifications du refus.
Une fois le visa acquis, parcouru la distance qui a coûté à tant de nos compatriotes leurs vies, l’étudiant débarque en France. Ses premiers tâtonnements, ses premiers contacts avec l’administration française se révèleront décevants au plus haut point, lui rappelant tout simplement celle du Maroc. Une lourdeur sans égale et une disparité de réactions d’un service à un autre.
Entre les exigences de l’université, réclamant une assiduité permanente, les besoins du quotidien qui ne lui permettent pas de se passer d’un travail à mi-temps, le département de travail qui vielle à ce dernier détail (mi-temps), et pour couronner le tout la préfecture qui contrôlera tout cela lors du renouvellement du titre de séjour, qui est toujours d’une année renouvelable, l’étudiant arrive à trouver son assuétude.
Rappelons que l’étudiant, n’est pas considéré comme n’importe quel immigré, c’est à la fois une richesse convoitée qu’un phénomène craint. Il est convoité ou plutôt ils sont convoités dans la mesure où ils sont de différents pays et donc présentent une richesse incontestable en langues mais surtout en leur formation diplômante acquise chez eux, les asiatiques, par exemple, sont connus pour l’informatique et les sciences, les nord africains pour la linguistique, littérature et les sciences exactes etc. Ceci pousse la France à ne pas trop vouloir les renvoyer chez eux une fois formés, mais elle se heurte à la convention nord – sud, signée stipulant que les pays du nord ne devraient pas s’approprier les élites du sud.
Cependant, ils sont craints dans la mesure où ils sont assez qualifiés pour occuper des postes assez attrayants et donc par leur nombre risque d’aggraver le chaumage du pays d’accueil. Pour en avoir le cœur net, il suffit de savoir que l’étudiant n’a le droit de travailler qu’à mi-temps, et cette année le département de travail a fait passer le nombre d’heures tolerées de 20 à 17 heures par semaine. Toute embauche, en CDI ou CDD, doit se faire suite à une autorisation du département de travail, qui se garde de cadenasser les lois afin de réserver l’emploi aux français, ce qui est assez compréhensible.
Etre étudiant n’est une partie de plaisir, du moins pour ceux qui souhaitent réussir et assurer leur avenir, former une famille et éventuellement changer de statut.
Ceci m’amène à aborder l’étudiant et le mariage. Depuis quelques années, l’étudiant fait les frais de bien des abus, certes de certains étudiants irresponsables et sans qualités morales, mais aussi des sans-papiers avec les mêmes fâcheuses attitudes.
L’étudiant est représenté aujourd’hui au sein de notre communauté marocaine, voir nord africaine ou même française, comme un Don Juan sans complexe, ni foi ni loi, dont l’unique but est d’assouvir une ascension sociale à travers un changement de statut suite à mariage. Véritable Julien SOREL (Le rouge et le Noir de Stendal) des temps modernes, l’étudiant arriviste, et opportuniste incarne la peste (CAMUS).
Mais qu’en est il de la réalité ?
Force est de constater que bien des abus ont bien eu lieu, nul ne saurait les excuser. Il n’en demeure pas moins une injustice en ce jugement généraliste teinté d’ostracisme communautaire. Le rejet du blédard est il une solution ? Qui rejette qui?
Le comble du ridicule est de constater que le marocain, se disant français rejette son frère à qui ne fait défaut qu’un ridicule morceau de papier sur lequel ne sont mentionnés ni les qualités de la personne et encore moins ses qualifications ! Serait-ce le fameux syndrome de la victime ? (FREUD)
Ce syndrome pousse la victime à faire subir, et ce de manière inconsciente, les maux qu’elle a elle-même subit : Tel l’état d’Israël qui extermine un peuple, souhaitant le fendre en diaspora, n’était ce pas, jusqu’à hier, le cas d’Israël ?
Nos compatriotes rejettent l’étudiant marocain, tout en gémissant eux-mêmes sous le poids du rejet français, si seulement c’était une question de yeux bleus, cheveux blonds ou teint clair !! Cela aurait été nettement plus simple !!
Au delà de ceci et de cela, l’étudiant saura frayer son chemin, quelques soient obstacles, pour une et seule bonne raison : Il n’a guère le choix !