Néologisme et terminologie

kassila

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Dans le soucis de moderniser notre langue, il nous incombe de l'enrichir par de nouveau conceptes que la communication dans la société moderne nous impose. Cependant, à ce stade, il est extrémement important de préserver la beauté de notre langue et de ne pas l'aliéner. Je suis trés conscient que c'est là une equation relativement épineuse. Déjà quand je demande à ma mère si elle comprenait les infos en Tashlhit, la réponse est plutôt métigée.
Alors, à votre avis, comment est-ce qu'on doit s'y prendre pour ajouter de nouveaux mots à l'Amazighe? Quel problème y'a-t-il d'adopter des emprunts tout fait d'autres langues comme c'est le cas du français qui empreinte à l'anglais, et sans complexe s'il vous plait? N'est-ce pas là un mécanisme dans le développement des longue qui est tout à fait naturel? A vos claviers ;-)
 
Oui pour les emprunts, mais pas trop non plus. Car la langue amazighe risque d' y perdre beaucoup. Je te donne juste un exemple, il est absolument effarant de constater que nos jeunes scolarisés utilisent des expressions toute faites empruntées à l'arabe classique et par voie de conséquence ils ont une énorme difficulté à parler correctement notre langue maternelle.À Agadir par exemple, les jeunes sont incapables d'aligner deux mots corrects et à plus forte raison des phrases correctes.

Ma mère, parfois, a du mal à suivre nos discussions!! Parce que nous parlons quelque chose qui ressemble à la langue amazighe, mais elle n'en est pas une!

Ce qu'il faut à langue amazighe, c est d'investir le monde des médias. On n`a qu'à voir la portion congrue qui lui est consacré à la radio d'Agadir pour savoir le sort qu'on lui a réservé. Je pense que sa présence dans les médias est absolument une nécessité, sinon je ne vois même pas l'intérêt de l'enseigner!

Je veux qu elle soit une langue vivante au sens moderne du terme à savoir lui donner la possibilité d'exprimer la modernité et arrêter de la traîter comme une curiosité archéologique!

C est un peu utopique ce que je dis, mais il faut toujours espérer.
 
je suis tout à fait d'acord concernant le côté médiatique de la chose. D'ailleurs notre maîtrise de l'arabe egyptien, syrien ... en est un example flagrant. 'Linvestissement desmédias est donc primordial. Mais pas seulement les médias, l'administration aussi et les autres champs de l'interaction sociale. Le status d'une langue se définie par les champs et les sous-champs qu'elle investit. D'ailleurs, Boukous (1995) a présenté une étude en la matière.

Alors, si j'ai bien compris Iwizi, l'emprunt est hors de question. Mais si on l'intégrait, qu'on lui fasse subir la strucure phonologique et morphologique de Tashlhit? Est-ce que tu penses que dans ce cas ça donne matière à réfléchir?
 
Je pense au contraire qu'il faut savoir s'adapter comme tte les autres langues, utiliser des mots anglophone & francophone ne me derangerait pas du tt.
 
J'ai dit oui pour les emprunts, mais en amazighisant leurs formes. Il y a énormément de mots latins en tamazight, mais ils ne sont plus perceptibles. Ils sont passés sous les faurches caudines de la machine linguistique amazighe. Qui peut penser maintenat que les mots tels igr=champ, asnus=asinus, et tant d'autres sont des mots d'origine latine? Cette sorte emprunt, on peut qu'y être d'accord!

Pour les néologismes, je ne suis pas trop d'accord. Avant de créer arbitrairement un concept , il faut une recherche profonde que le mot n'existe pas dans notre parler et dans les autres parlers amazighes. Et c'est après qu'on va décider de le faire! Mais créer des mots ex nihilo, je suis plus que sceptique!

De plus, il faut prendre le temps qu'il faudra au lieu de succomber à l'urgence! Rien ne presse!!
 
Oui mais restons prudent sur l'origine latine de certains mots, champ se dit "ager" en latin mais il se peut très bien que le mot vienne de Tamazight qui semble avoir les racines pour l'expliquer.

Y-a-t-il des racines en latin qui puissent expliquer le mot ? C'est-ce qu'il faut se poser.
 
Différents procédés dans la création néologique (scientifiques et techniques) en langue amazighe

- Critères pour le choix

(1ère partie)



Par: Carles Castellanos - Universitat Autônoma de Barcelona - Cataiogne



Préambule

Les considérations qui suivent concernent surtout le domaine de la création néologique des termes scientifiques et techniques et visent à ébaucher des critères de distinction au sein de ce grand domaine. Ma réflexion part de l'observation du fait que le nombre des termes employés dans les usages journaliers des différentes branches de la Science et de la Technique, est de l'ordre des millions de termes [v. NOTE 1] et de la considération de l'effort immense de systématisation qui découle de ce fait.

On sait d'ailleurs que tous ces termes ne sont pas également employés: un nombre important entre eux ont un usage tout strictement spécialisé, ils sont propres aux médecins, aux ingénieurs, aux biologistes, aux architectes etc.; mais quelques uns ont un emploi plus général, tels les noms des parties les plus importantes de l'anatomie humaine (tels que biceps, sternum, radius...), les types de voitures plus communes (autobus, tracteur ...), les pièces les plus manipulées des machines les plus usuelles (cygognal, piston etc.) etc.

Nous aborderons aussi ces aspects qui ont affaire à l'extension de l'utilisation quotidienne, mais ce qui nous intéresse de souligner davantage dans un aperçu général, c'est la nécessité de posséder en langue amazighe des procédés qui permettent un emploi à la fois précis et non ambigu des milliers et milliers de termes spécialisés. Il faut aux scientifiques et aux techniciens amazighs, la possibilité d'un usage qui leur permette de faire facilement l'équivalence avec les termes internationaux et qui aboutisse à des termes d'un emploi univoque.

Les techniciens et les scientifiques amazighs ne doivent pas se voir surchargés par des procédés trop complexes ou peu commodes concernant la terminologie employée dans leur activité quotidienne. La terminologie doit être à la fois précise et commode; sinon ils seraient obligés de changer de langue dès qu'ils auront besoin de se servir d'un langage spécialisé.

Dans ce but nous avançons les considérations suivantes.

1. Contact linguistique et néologie. Une première approche

Du point de vue des contacts entre les langues, il nous faut distinguer, tout d'abord, parmi les différents procédés de création néologique en les classant en deux grands volets: l'emprunt et la formation endogène (ce second volet, comprenant l'ensemble des procédés de création de termes à partir de la propre langue - qu'il s'agisse de l'expansion sémantique, la formation syntagmatique ou d'autres procédés).

Il y a plusieurs types d'emprunt que nous ne développerons pas ici mais qu'on va étudier dans les paragraphes suivants. Quant aux procédés de formation endogène on pourrait étaler à son tour, dans une certaine gradation, différents types d'adaptation allant du simple calque à la vraie création endogène (c'est à dire, la création concernant les termes nés, en principe, à l'écart des contacts). Une systématisation plus précise et simplifiée des procédés principaux est exposée dans le §3.

Il faut cependant, en continuant notre vision générale, rappeler les difficultés que l'emprunt trouve, dans son processus d'adaptation à la langue réceptrice: les résistances sociolinguistiques vis à vis de l'interférence d'autres langues, et les difficultés linguistiques (d'ordre phonétique ou morphosyntaxique) dans les passage d'un système linguistique à un autre différent. On ne peut donc, en principe, abuser du recours à l'emprunt.

Mais, d'un autre côté, la formation endogène a été aussi critiquée, notamment le procédé de l'expansion sémantique. Dans un travail sur le thème qui nous concerne, Miloud Taïfi (1997: 68-72) avait averti des risques encourus par l'abus du procédé d'expansion sémantique pour exprimer les notions de la vie moderne, et avait exposé les équivoques auxquels peut amener cette pratique. La fonction essentielle de la terminologie étant la désignation précise et non équivoque des concepts, l'expansion sémantique (ou emploi figuré) ne peut être, donc, non plus, appliquée d'une façon abusive. Les limitations sociolinguistiques vis à vis de la profusion des termes obtenus par formation endogène en général, ont été aussi suffisamment signalés par plusieurs autres auteurs tels que Achab, Chaker et Tilmatine.

Quels critères devrions-nous, donc, suivre dans les choix des différents procédés?

Dans notre thèse de doctorat (El procés d 'estandarditzaciâ de les lien gLies. Aplicaciô a la llengua amaziga, Universitat Autônoma de Barcelona, 1998) nous avions soutenu la nécessité de distinguer, au moins entre trois domaines dans l'innovation lexicale amazighe: l'épuration, l'innovation technologique et sociale et l'élaboration stylistique, puisque ces domaines correspondaient à des contextes sociolinguistiques différents et ils exigeaient, donc, des traitements différenciés.

On rappelait alors que le domaine de l'épuration lexicale (qui comprendrait les mots du vocabulaire de base actuel susceptibles de substituer les xénismes usuels, tels que «adlis »(livre), «tilelli» (liberté), «anezgun» (théâtre) etc.) est le plus délicat puisque doit aboutir à un emploi quotidien et massif. Le nombre des propositions susceptibles d'être utilisés devrait être, dans ce cas, forcément réduit.

D'un autre côté, on signalait que le domaine de l'innovation technologique et sociale se heurtait surtout à des difficultés d'adaptation des mots d'origine greco-tatine, difficultés que l'étude de modèles précédents suivis par d'autres langues non indo-Européennes (tels que la langue basque, la langue finnoise et la langue hébraïque) pourraient aider à surmonter. À ce propos nous invoquions l'excellente thèse de Sagama dans laquelle l'auteur étudie la néologie développée dans ces trois langues citées.

Nous finissions nos considérations en concluant que les domaines les plus problématiques étaient les deux premiers, c'est à dire, celui qui concerne l'épuration, à cause de ses répercussions sociolinguistiques; et celui traitant l'innovation technologique et sociale, à cause de son énorme étendue. A ce sujet nous avertissions finalement que la centaine d'affixes de nominalisation systématisés jusqu'aujourd'hui (tels que ceux qui avait exposés Achab pp. 190-194) ne paraissaient pas suffisante pour couvrir d'une façon exhaustive les nécessités néologiques.

En ce qui concerne, plus concrètement, le langage scientifique et technique, une distinction pourrait aussi être faite d'après la fréquence dans l'emploi des termes, puisque il est évident que dans les langues modernes plus élaborées, tel que nous l'avons avancé au début de ce travail, on trouve des termes scientifiques et techniques qui ont un emploi général.. On emploie des mots néologiques pour la désignation, par exemple, des voitures tels que l'autobus, le tracteur, le bull-dozer; des pièces mécaniques tels que le cygognal, le cylindre, le carburateur etc.; ce genre de dénominations néologiques s'étend même aux os les plus courants tels le cubitus, le radius, le sternum et à certains muscles tels que les biceps, et encore aux formules chimiques plus divulgués tels que le chlorambuterol, l'acide acétylsalicylique, les amphétamines etc. Ce n'est pas un phénomène qu'on puisse généraliser pour toutes les langues, mais l'existence de cette diffusion que nous avons observée signale l'importante extension sociale des termes scientifiques et techniques, du moins dans certains cas.

Dans ce domaine, il paraît, qu'une première approche pourrait conseiller de faire appel au simple emprunt pour les cas des technicismes modernes les plus courants. On emploierait, d'ailleurs, des procédés de formation endogène pour les termes du langage technique et scientifique les plus traditionnels, tels que roue, coque, mdt, canon, charrette, navire, grue, treuil et aussi pour les termes qui pourraient être l'objet d'un procédé métaphorique ou imagé tels que gratte-ciel, chasse-neige etc.

Finalement, on peut rappeler les différents procédés déjà en vigueur dans la pratique quotidienne de la langue amazighe d'un côté nous avons le simple emprunt comme le procédé habituel d'acquisition des technicismes plus courants (t'umubin, piston... ) [v. NOTE 2]. Et d'un autre côté il y a tous les efforts de création néologique faits par le moyen de procédés de formation des mots en partant des lexèmes uniquement amazighes (tasnakalt - géographie, asinwal - bilingue...). Ce second procédé (que nous pouvons dénommer plus précisément, de formation syntagmatique) a été peu développé en langue amazighe et on peut penser qu'il ne suffirait pas à créer tous les termes nécessaires aux besoins du langage scientifique et technique que nous avons exposé au préambule.

Il est, donc, tout à fait nécessaire de pouvoir disposer de tout un système un peu plus précis de distinction. C 'est ce que nous allons développer dans les paragraphes qui suivent.

2.Une notion fondamentale: la gradation des procédés d'adaptation dans l'appropriation des termes étrangers

Pour une compréhension plus large des processus d'appropriation des termes étrangers, il peut convenir d'observer les procédés suivis dans les emprunts les plus habituels. Dans tout cas d'emprunt (que ce soit un terme technique ou un toponyme), nous pouvons observer une gradation dans l'adaptation à la propre langue, selon la proximité aux locuteurs (par voisinage, par fréquence d'emploi) du terme considéré.

Nous pouvons, par exemple, observer les différents procédés d'incorporation employés pour différents toponymes:

Certains toponymes ou ethnonymes proches et d'emploi très fréquent le long de l'histoire des contacts internationaux, subissent un procédé poussé d'adaptation. Ce sont les cas de Fransa, Esbanya, Italv'a, Bariz (Paris), Bertqiz (Portugais), etc. dont tous les phonèmes employés appartiennent au système phonétique amazighe.

D'autres toponymes, d'ailleurs, sont l'objet d'un processus d'adaptation moins poussé tels que Europa, York etc. dans lesquels, quoique prononcés [urupa], [yurk] on emploie, d'un côté, des graphèmes non strictement amazighs tels que <eu>, <p>, <o>; et, d'un autre côté, dans ces cas un effort trop poussé de transgraphiation n'est pas conseillé sous risque de rendre l'identification difficile (on peut imaginer la difficulté qui présenteraient des transgraphiations tels que Urupa ou Uruba et, Yurk). Dans ces deux derniers exemples, en transcrivant Europa et York, on suivrait un procédé courant dans tes contacts interlinguistiques lorsque on se rapporte à une réalité étrangère et qui compte avec une graphie internationale établie, c'est à dire, le procédé de translittération.

Dans ces deux derniers exemples on s'est, donc, borné à des procédés de translittération, en gardant des signes qui n'appartiennent pas au système amazigh tout en réalisant quand même une prononciation suivant des règles bien précises d'adaptation à la phonétique de cette langue. Ainsi on écrirait Europa tout en prononçant [urupa] ou [uruba] et on écrirait York tout en prononçant [yurk]. Dans la translittération il ne s'agit, quand même, de laisser toujours le nom originaire intact et on éviterait les graphies incohérentes qui pourraient aboutir à des erreurs de lecture (et ainsi on n 'écrirait jamais le toponyme “Barcelona” en gardant le “c”, mais en faisant l'adaptation adéquate à <s>, c'est à dire: Barselona, ou dans un degré plus poussé d'adaptation, Barseluna).

On va préciser davantage, dans les paragraphes suivants, les différents procédés et degrés d'adaptation.

3.Procédés principaux d'appropriation des termes scientifiques et techniques

Les procédés principaux d'adaptation des termes scientifiques et techniques que nous considérons, allant des plus poussés aux moins poussés, sont les suivants:

- Formation syntagmatique: TASNAKALT, ASINWAL

C'est le procédé le plus poussé d'adaptation à la langue amazighe. C'est le cas des mots formés par deux affixes amazighs et qui est compris dans les volet qu'on a établi au §1 de formation endogène (c'est à dire, un procédé dont les éléments du nouveau terme appartiennent à la propre langue). Nous rappelons ici les exemples déjà cités (tasnakalt - géographie, asinwal -bilingue...), formés à partir de racines amazighes “sn” (savoir, connaissance), “akal” (terre), “sin” (deux), “awal” (langue). Il s'agit, dans une certaine façon, de calques linguistiques puisque ces mots traduisent, presque d'une façon littérale, les différentes parties qui composent les termes “geographie” (description + terre) et “bilinue” (deux + langue).

- Adaptation morphologique: AMUSEUM, ALUGARITM

Dans ce procédé nous avons affaire à un emprunt. On ne part pas de racines amazighes mais de racines étrangères, mais dans ce cas concret le terme étranger est adapté à la morphologie amazighe, en prenant le préfixe “a-” des substantifs, devant les mots latins “museum” et “logaritm(us)” tout en adaptant aussi <o> à <u> d'après sa prononciation amazighe.

- Transgraphiatiofl: TILIFUN, BETRUIL

Dans ce procédé, il s'agit également d'un emprunt. On part de racines étrangères (téléphone, pétrole) mais dans ce cas-ci elles ne sont adaptés à la morphologie amazighe comme dans le cas précédants mais les créations néologiques respectent les règles de la phonétique et à la graphie de cette langue.

- Translittératiofl : AKWARYUM, MOTOR

Dans ce procédé il s'agit également d'un emprunt. On part de racines étrangère et elles sont soumises au moindre processus d'adaptation, même en gardant des signes graphiques non appartenant à la langue amazighe ou prononcés autrement dans cette langue (dans les exemples ci-dessus, on a le graphèmes “o” quoiqu'il soit prononcé ).

En résumant, nous avons, dans un ordre croissant dans te degré d'adaptation:

(premier degré): 1. - Translittératiofl : AKWARYUM, MOTOR

(deuxième degré) : 2. - Transgraphiatiofl : TILIFUN, BETRUL

(troisième degré : 3. - Adaptation morphologique: AMUSEUM, ALUGARITM

(quatrième degré) : 4. - Formation syntagmatique : TASNAKALT, ASINWAL

Nous développerons, tout de suite, ces différents procédés, tout en signalant les différentes conditions sociolinguistiques et le domaine néologique concerné dans chaque cas.

§ 4 -Formation syntagmatique

C'est le procédé de création de néologismes par l'emploi de racines amazighs (aussi bien que par l'emploi des affixes, que par des mots).

Nous disposons les différents exemples dans deux colonnes:

Colonne A

1. TASNIRUT - Archéologie (7) *

2. TASNAMD'ANT - Arithmétique (9)

3. TASNADDERT - Biologie (15) (71)

4. TASNAGLIMT - Dermatologie (30)

5. TASNAKALT - Géographie (52)

6. TASNAWALT - Linguistique (71)

7. TASNITRIT - Astronomie (71)

8. TASNAGD'IT' - Ornithologie (89)

9. TASENGAMA - Physique (105)

10. TASNIDEGT - Topologie (131)

Il. TARUDEGT - Topographie (131)

12. TASENFEKKA - Physiologie (106)

13. TASENMAD'ALT - Géologie (71)

14. TASNAQQART - Radiologie (114)

Colonne B

1. AWYAMAN - aqueduc (7)

2. AZINAGHRI - sémi-voyelle (120)

3. AMRIMAZIGH - berbérophile (101)

4. AYENZAL - monolingue (83)

5. ASINWAL - bilingUe (13)

6. ANGHAGRIS - antigel (6)

7. AMETCTCAKSUM - carnivore (17)

8. ANGHIZI - insecticide (21)

9. AMRADIS - décagone (33)

10. AGTALGHIW - multiforme (46)

Il. WARISEM - anonyme (65)

12. TAGERSIFT - Mésopotamie (77)

- (*) Les numéros entre parenthèses correspondent à la Source [AA] (v. SOURCES, à la fln) -

Emploi

Tout d'abord il faut signaler que le procédé de formation syntagmatique ne peut pas être trop poussé en langue amazighe, à cause de la difficulté de dégager de cette langue un répertoire suffisant d'affixes dont la combinaison puisse rendre des termes non ambigus. (L'emploi d'éléments de composition très brefs pourrait rendre trop probables les cas d'ambiguité).

La nécessité de pouvoir établir des parallèles faciles avec la science spécialisée internationale est aussi un autre critère important pour cette limitation.

Il s'agit, donc, d'un procédé que, pour des raisons linguistiques et sociolinguistiques, il faut employer avec une grande circonspection. Ce procédé pourrait, à mon avis, être quand même employé d'une façon adéquate, dans les deux cas principaux suivants:



a) Les noms des Sciences et des Disciplines principales (Exemples de la Colonne A)

b)Un nombre fini d'autres néologismes (Exemples de la Colonne B).

a)En ce qui concerne ces noms des Sciences ou Disciplines principales on peut observer qu'il s'agit d'un nombre de dénominations limité et qu'elles ont un haut niveau symbolique. Ces conditions rendent ce procédé souhaitable du point de vue emblématique; et son emploi n'est pas ambigu à cause du nombre réduit des termes crées et à cause aussi de la transparence de sa structure : préfixation en “TASN-”, en général).

b) Dans les cas des autres néologismes exemplifiés dans la Colonne B, nous avons des termes créés par la combinaison d'un nombre fini d'affixes et de racines (de l'ordre d'une ou deux centaines), un ensemble limité d'éléments qui doit être d'une compréhension facile.

On pourrait ajouter enfin, que l'emploi de ces quelques noms amazighes créés par formation syntagmatique serait tout à fait compatible avec des dénominations scientifiques d'une importance symbolique mineure et créés par des procédés d'emprunt, tels que ceux des §~ 5, 6, 7[v. aussi NO TES 3 et 4].



Nous exposons tout de suite les différents procédés d'emprunt:

Tawiza.net
 
Différents procédés dans la création néologique (scientifique et technique) en langue amazighe - Critères pour le choix

(2ème partie)

Par: Carles Castellanos (Universitat autônoma de Barcelona - Catalogne)



§ 5. Adaptation morphologique

L'adaptation plus poussée est celle dont le terme amazigh créé à partir d'une autre langue se rapproche des règles grammaticales de la langue amazighe. C 'est aussi la forme qu’ont pris les emprunts les plus anciens, tels que: AFULLUS, TILINTIT etc.

Exemples:

AMUSEUM (musée)

AGAZ (gaz)

ALIKID (liquide)

mots formés par l'addition du préfixe nominal masculin “A-”

D'une façon générale, on pourrait ainsi adapter à la morphologie amazighe la plupart des noms des éléments chimiques: ABARIUM (Ba), ABERILLIUM (Be), ABISMUTUM (Bi), AKADMIUM (Cd), ALITIUM (Li), ALUMINIUM (AI), AMERKURIUM (Hg), ANTIMONIUM (Sb), ARRADIUM (Ra), ASILISIUM (Si), ATITANIUM (Ti). Et aussi des termes mathématiques tels que AGRAD (grade, degré), AGRAM (gramme), ALUGARITM (logarithme) etc. (v. ACHAB, p. 197).

Avertissements:

1) Les noms des éléments connus traditionnellement en Tamazgha gardent, évidemment, sa forme courante: UREGH (Au), UZZAL (Fe)

2) Afin de passer aux formes adaptées à la langue amazighe il faut suivre certaines règles de translittération qui sont exposées dans § 7. Malgré l'adaptation à la morphologie amazighe, on garderait, dans certains cas, des graphèmes qui sont anomaux à la graphie amazighe. Les voyelles “O” et “E” (quoiqu'elles soient lues comme et en amazighe); et la consonne (qui n'est pas générale dans les parlers amazighs). Ainsi on aurait, par exemple: ABORUM

(B), ABROMUM (Br), AFLUORUM (F). AKLORUM (Cl), AKROMUM (Cr), ASODIUM (Na), AMAGNESIUM (Mg), APLUTONIUM (Pu), APOTASIUM (K), ATORIUM (Th), AZIRKONIUM (Zn) [Remarquez la présence des goaphèmes <O>, <E> et <P>].

Avec les mêmes observations on pourrait avoir aussi: AMETAL (métal), ASOLID (solide), AMETALOID (métaloïde) ou WARMETAL (non-métal) etc.

3) On doit signaler quelques exceptions à la présence du préfixe “A-”, pour la plupart des mots qui, après sa translittération, sont commencés par une voyelle ELIUM (He), , IODUM (1), ITRIUM (Y), OSMIUM (Os), URANIUM (U). Dans d'autres cas, c'est la terminaison “-UM” qui manquerait pour des raisons d'étymologie ANEON (Ne), ANIKKEL (Ni), ATUNGSTEN ou AWOLFRAM (W), IDROJEN (11), NITROJEN (N),OKSIJEN (O) [v. NOTE 5].

§ 6. Transgraphiation

Dans ce cas, le procédé d'adaptation ne respecte pas la morphologie de la langue amazighe comme dans le cas précédent, mais à différence du cas suivant parce qu'il respecte la graphie amazighe et n 'emploie que les phonèmes et les graphèmes amazighs. Dans le procédé de transgraphiation aucune lettre (ou combinaison des lettres) ne faisant partie du système graphique amazigh, est possible.

Exemples:

T'UMUBIN / T'UMUBIL (automobile, voiture)

TILIFUN (téléphone)

BETRUL (pétrole)

SILINDR (cylindre)

ATUM (atome) (ACHAB, p, 203)

Emploi:

La transgraphiation peut être considérée comme un cas d'adaptation d'un emprunt dans un niveau supérieur à la simple translittération (exposée dans le paragraphe suivant). Parfois un terme sujet à transgraphiation n'est qu'un mot qui d'abord n'était que simplement translittéré et que l'emploi à finalement “dompté”. C'est un processus commun à beaucoup de langues [v. NOTE 6]. Achab (p. 197) donne un certain nombre d'exemples de néologismes obtenus par la transgraphiation, de mots d'origine greco-latine - pris du français - [SANTIMITR, KILUGRAM, DISIGRAM, IKTULITR (hectolitre) etc.] et d'origine arabe [ALJIBR (algèbre), AXWARZIM / AXERZIM (algorithme) etc.].

§ 7. Translittération

C'est la transcription de la forme originaire (pour la plupart greco-latine ou anglo-saxonne) par le simple changement de quelques signes graphiques. Dans le cas de la translittération les principaux signes graphiques adaptés sont des consonnes, puisque les voyelles peuvent rester, dans sa forme originaire quoiqu'il s'agisse de <O> ou de <E> (non neutre) qui n'existent pas dans la graphie proprement amazighe. La raison principale de ce maintien serait l'intérêt pour ne pas “défigurer” d'une façon excessive des mots n'étant pas encore d'un emploi écrit très courant dans la langue réceptrice. [v. NOTE 7]

Exemples:

PISTON [pistun / bistun], BULDOZER [bulduzar], KARBURATOR [karburatur], FAKTOR [faktur], TRAKTOR [traktur], MOTOR [mutur]

Et aussi:

KUBITUS, RADIUS, STERNUM [stirnum], BISEPS [bisabz], AKWARIUM [ak0aryum]

(Les prononciations entre crochets, à côté des différents exemples, sont des simples propositions à partir de l'observation des tendances phonétiques de la langue amazighe).

Règles de translittération

Les équivalences principales entre les graphèmes consonantiques, dans les cas de transliftération sont les suivants:

CH pron. [k] > K: KRONOMITR, KROMOSOM, AKROMUM, TEKNIK

TH [t] > T: ARITMETIK, TERMOMITR, ALUGARITM

PH [t] > F: FILOLOGI, FISIOLOGI, ISOMORFISM, AMFETAMIN [amfi-]

C [k] > K: KARDIOLOGI, KUBITUS, TRAKTOR, KARBURATOR

C > S: BISEPS, INSEKTISID [insiktisid], BARISENTR [barisantr], ASID

X [ks/gz] - - -> KS/GZ: AKSIOM, EGZOJEN [igzujan] (exogène)

Y [1] > 1: ITRIUM (ytrium), FISIOLOGI (physio-), BARJSENTR (barycentre)

H [e]- - -> ÉLISION: ELIUM [ilium] (hélium). IPODERM [ipudarm / ibudarm] (hypoderme), OMOMORFISM (homomorfisme), IDROJEN [idrujan] (hydrogène)

QLJ [k] > K: ALIKID, AKEDUKT

QU [kw] > KW: AKWARIUM [ak0aryum]

NOTE. Dans les exemples précédents il y a aussi des transgraphiations et des adaptations morphologiques, mais dans tous les cas il existe un processus d'équivalence translittérale. Pour la transcription vocalique des mots terminés en “-MITR” nous avons suivi la règle des exemples KILUMITR. SANTIMITR donnés par Achab (p. 197).

D'autres exemples de tanslittération seraient aussi: POLLEDR [puliadr / buliadr], POLIGAMI [puligami / buligami], EPIDERM [ipidarm / ibidarm], EUFEMISM [iwfimizm], POLIKROMI [pulikrumi I bulikrumi], DERMATOLOGI [dirmatulugi], ALOJEN [alujan] (halogène) etc. [v. la NOTE 8 à propos d'autres propositions néologiques endogènes à la place des exemples cités ci-dessus; et le § 9 pour la fomation des féminins en “-LOGI”].

Ce procédé de translittération permet d'adapter la plupart des termes scientifiques et techniques, même les plus complexes, tels que ASID, ASETILSALISILIK, KLORAMFENIKOL, DI

FENIL-PROPIL-AMINetc.

§ 8. Synthèse des critères de distinction entre les différents procédés établis

Les critères de distinction principaux entre les différents procédés décrits, allant d'un degré maximum à un degré minimum d'adaptation à la langue amazighe, peuvent être ainsi résumés

-Degré 4, d'adaptation: La création par formation syntagmatique (§ 4), c'est à dire, à partir des éléments strictement amazighs devrait avoir une portée limitée. Elle devrait comprendre les noms des disciplines ou sciences principales, tels que TASNADDERT (Biologie), TASNAKALT (Géographie) etc. et aussi un nombre déterminé de mots “bien formés” à partir d'un répertoire réduit d'affixes définis avec précision, tels que ceux d'AWYAMAN (aqueduc), AMRADIS (décagone), ASINWAL (bilingue) etc. Il faut établir les racines basiques à employer et aussi limiter d'une façon claire le domaine de son application dans le terrain de la néologie scientifique et technique à cause des risques d'ambiguïté qu'elle possède et aussi à cause des difficultés de pénétration sociale dans les conditions sociolinguistiques actuelles.

-Degré 3, d'adaptation: La création par adaptation morphologique (§ 5) devrait être aussi limitée, à cause de la nécessité d'éviter la profusion des mots ainsi “défigurés” qui en puissent rendre peu facile l'identification. Elle peut être employée dans des domaines bien délimités, par exemple pour la dénomination des éléments chimiques et d'autres termes cultes qui connaissent dans les emplois internationaux des formes latines très répandues, comme

ALUMINIUM, ABISMUTUM, ASODIUM, AKRQMUM, AMUSEUM, ALUGARITM, ASOLID, ALIKID, AMETAL, AGAZ, AGRAD, AGRAM etc. [v. NOTE 9].

- Degré 2, d'adaptation: La création par transgraphiation (§ 6) (c'est à dire celle qui est adaptée à la graphie de la langue) doit se limiter aux termes d'emploi plus courant, puisque seul un emploi habituel peut permettre de retenir le degré de transformation qui peut se produire dans ces cas, vis à vis de la forme originaire, et d'abord plus connue du point de vue graphique:

T'UMUBIN / T'UMUBlL, TILIFUN, BETRUL, ATUM, BARSELUNA, FRANSA, BARIZ (Paris), BERTQIZ (Portugais), etc.

- Degré 1, d'adaptation: La création par tranlittération (§7) c'est le procédé le plus commode puisqu'il permet l'obtention facile (en appliquant tout simplement des règles de translittération) de termes univoques, et avec une équivalence exacte avec les termes internationaux. Mais on doit signaler que ce procédé entraîne toujours une certaine violence vis à vis de la structure de la langue réceptrice, et il ne devrait pas être, donc, employé dans les usages courants (à moins qu'on adapte tout à fait la prononciation du terme translittéré au système phonétique amazigh, ou qu'on arrive à une vraie transgraphiation du terme). La translittération est surtout recommandée pour les dénominations scientifiques plus complexes et universelles telles que KILORAMFENIKOL, DI-FENIL-PROPIL-AMIN etc. Elle peut être aussi employée dans d'autres termes scientifiques tels que AUTOMORFISM, POLIKROMI, KARDIOLOGI, ANALOGI, ANALISI, aussi bien que pour certains toponymes tels que EUROPA, KATALUNYA etc.

§ 9. Problèmes graphiques et morphologiques

Nous ne pouvons pas finir notre exposé sans montrer d'une façon claire les problèmes principaux que nous pose l'emprunt (que ce soit dans le procédé de traslittération, de transgraphiation ou de adaptation morphologique).

D'un côté on doit signaler que les règles de traslittération (§ 7) qui proposent des équivalences consonantiques, posent un doute à propos de la transcription adéquate du graphème originaire <S>. Une translittération étymologique demanderait un <S> et ainsi nous aurions AMUSEUM, ISOMORFISM, mots qu'on devrait alors prononcer avec des “s” sourdes etc. Mais une translittération phonétique demanderait <Z>, et nous aurions alors AMUZEUM, IZOMORFIZM, mots qui comporteraient une réalisation sonore de la sifflante,

Il faudrait arriver a des décisions concluantes dans un sens ou l'autre, d'après les tendances de la langue. Dans ce cas de l'écriture du <S> on doit arriver à une solution cohérente et qui exige une correspondance univoque entre le graphème choisi et la prononciation à réaliser, parce qu'il ne paraît pas convenable une autre divergence entre la prononciation et l'écriture, tel que nous les avons prévues pour le vocalisme (prononciation des <E> comme [j] ou [a], et des <O> comme ) et pour le <P> prononcé [p] ou ), dans les cas de translittération de ces signes.

En ce qui concerne la flexion morphologique on devrait éprouver la formation des pluriels et des féminins des noms empruntés. Dans ce sens on peut supposer un pluriel régulier pour les noms qui commencent par un “A-” et faire AMUSEUM, pi. > IMUSEUMEN; AMETAL, pi. > IMETALEN; ASOLID, pl. > ISOLIDEN; ALUGARITM, pl. > ILUGARITMEN, ANEON, pi.

> INEONEN, c'est à dire, en suivant les schème régulier “I EN”. On devrait étudier aussi la possibilité de quelques exceptions ou irrégularités pour des mots comme ATUM, pI > 1TUMAWEN, c'est à dire, selon le schème “I AWEN”.

Quant à la formation du féminin, la traslittération présente le problème du choix d'une flexion morphologique qui soit cohérente avec l'ensemble des critères d'aménagement linguistique. Les noms qui sont féminins en latin, tels que POLYCHROMIA, ANALOGIA, CARDIOLOG1A, LITHOGRAPHiA, pourraient être appropriés avec la terminaison “-IA”, mais cette terminaison entrenerait presque forcément un pluriel de type arabe en “-AT”, ce qui augmenterait la pression de cette langue sur la langue amazighe. Nous proposons une terminaison a l'anglaise” en “-I” qui s'accorde, en plus, avec la prononciation courante et spontanée de l'emprunt.

Nous aurions, donc, POLIKROMI , ANALOGI, KARDIOLOGI, LITOGRAFI, quoique cela comporte la prononciation de <g> comme [g], non habituelle dans les terminaisons -LOGI” des mots formés spontanément. Mais, en revanche, si nous suivions cette option, nous aurions une plus grande régularité dans les dérivés comme ANALOG (analogue - au masculin), TANALOGT (analogue - au féminin); AKARDIOLOG (cardiologue - au masculin), TAKARDIOLOGT (cardiologue - au féminin); et aussi APOLIKROM (polichrome - au masculin), TAPOLIKROMT (polichrome - au féminin); ALITOGRAF (lithographe, lithographique - au masculin), TALITOGRAFT (lithographe, lithographique - au féminin).

Une dernière observation sur la morphologie concerne les noms [en général des transgraphiations du néolatin (pour la plupart du français) ou de l'arabe] précédés de l'article “l”, tels que LKAMYUN (camion), LBALA (pelle), LEMDINT (ville). Dans ce cas on devrait tout d'abord observer si dans l'ensemble des parlers amazighs, des cas d'adaptation morphologique, existent (tels que “tamdint” en kabyle et en rifain) et leur donner la priorité. D'une façon générale, il parait raisonnable de ne garder ces emprunts que dans les cas qui possèdent une forte implantation sociale.

§ 10. Dernières considérations

Il faut avertir que ces différents procédés ne doivent pas être conçus comme des domaines cloisonnés entre eux, mais comme pouvant évoluer au fur et à mesure des changements subis par les différentes données sociolinguistiques.

Le passage de la translittération à la transgraphiation relève seulement du degré d'utilisation d'un terme concret. C'est un phénomène connu, par exemple, le rattachement qui existe entre un emploi plus grand d'un nom quelconque et son évolution sur l'échelle d'adaptation (éventuellement du degré “1” au degré “3”). Voyez à ce sujet, dans la NOTE 6, des exemples concernant le catalan.

En ce qui concerne la stabilité sociale des procédés du paragraphe 4 (formation syntagmatique) dans l'usage courant, il est évident qu'on doit supposer un certain temps de coexistence de formes endogènes telles que AWYAMAN, AMRADIS etc. à côté d'emprunts translittérés ou transgraphiés tels que AKEDUKT, DEKAGON etc. Cette coexistence peut se prolonger pendant une certaine période et sera sans doute l'usage social ce qui va déterminer la persistance de l'une ou de l'autre proposition.

Nous pensons finalement que la disposition, dans une échelle claire d'adaptation, des différents procédés d'appropriation des termes à la langue amazighe, permet d'évaluer d'une façon comparative et dynamique l'ensemble du domaine scientifique et technique étudié. L'établissement d'un éventail de possibilités d'appropriation de ce type de termes, devrait permettre aux locuteurs de la langue amazighe de s'exprimer d'une façon commode à propos de toute affaire possible dans le domaine pris en considération dans notre étude, sans être obligés à changer de langue.

Voici un objectif qui mérite, sans doute, tous les efforts qu'on y puisse employer.

NOTES

(1)Sagarna rappelle dans la page 17 de sa thèse (v. Bibliographie) la contradiction fondamentale qui existe entre le nombre limité des racines (lexèmes) du bagage primaire des langues (qui est de l'ordre de milliers), vis à vis des notions nécessaires pour les différentes branches de la science et de la technologie modernes (qui se place dans l'ordre des millions). L'exemple de l'innovation lexicale dans deux langues qui se trouvent dans un processus de modernisation lexicale comme le hindi et l'indonésien, est spectaculaire: le nombre des néologismes créés par ces langues entre 1950 et 1965 avait été de l'ordre de 300.000.

(2)On peut signaler ici une distinction possible plus poussée entre ces deux exemples puisque dans un cas (t'umubin) il s'agit d'une adaptation pleine au système graphique amazigh, tandis que dans l'autre cas (autobus, piston) on a affaire à un procédé où il n'y a pas d'adaptation au système graphique amazigh, puisque on s'est servi d'un signe <o> inexistant dans le répertoire graphique de cette langue.

(3)D'autres langues qui ont une structure morphosyntaxique non indo-européenne font aussi un emploi limité du procédé de formation syntagmatique endogène: La langue basque par exemple emploie ARKEOLOGIA, ARITMETIKA, I3IOLOGIA. DERMATOLOGIA. GEOGRAFIA, ASTRONOM[A, ORNITOLOGIA, FISIKA, TOPOLOGIA, TOPOGRAFIA. FISIOLOGIA. GEOLOGIA et aussi DEKAGONO, MULTIFORME, MESOPOTAMIA ... Dans quelques cas cette langue suit une certaine adaptation, comme dans ERRADIOLOG1A, INTSEKTIKARI (insecticide). Dans d'autres cas, encore, on a une dualité de formes: LINGUISTIKA et HITZKUNTZALARITZA; AKUEDUKTO et UBIDE (litt. chemin pour l'eau); ANONIMO et IZENGABE (sans nom) .... Seuls un certain nombre de termes endogènes (composés par des affixes très communs) sont employés en basque, tels que ERDIBOKAL (erdi moitié, sémi-; bokal = voyelle), ELEBAKAR (“monolingue” ele parler; bakar = seul, unique), ELEBIDUN Q'bilingOe” : cie parler; hi = deux; dun qui). 1-IARAGIJALE (“camivore”

haragi chair; j aie = mangeur).

On peut observer un degré plus grand d'ambiguïté des termes endogéniques, puisque le terme “ubide” pourrait être compris, dans certains contextes, comme “voie d'eau”, “conduction d'eau” etc. Le terme “elebakar” pourrait être aussi compris, dans certains contextes, comme “un qui parle seul” etc. C'est aussi le cas de l'exemple amazigh “ANGHIZI” qui signifie litt. “tue-mouche” et a ainsi un sens plus restreint que le terme scientifique “Insecticide”.

La langue finnoise pousse plus loin que le basque le procédé de formation syntagmatique (principalement endogène) et emploie pour “dermatologie” IIIOTAUTIOPPI (peau + maladie + étude), pour “géographie” MAANTIEDE (de la terre, science), pour “aqueduc”, VESIJOHTO (de l'eau, canai), pour “autobus” L1NJA-AUTO (auto de ligne), pour camion KUORMA-AUTO (cargaison + auto) etc.. mais n'hésite pas à employer des emprunts, plus ou moins adaptés aux propres lois phonétiques pour d'autres termes scientifiques tels que : ARKEOLOGIA, ARITMETIIKA. etc.

(4)Il y a encore d'autres procédés de création néologique à partir des éléments amazighs, comme l'expansioin sémantique. Nous ne les avons pas pris en considération parce que son emploi est encore plus restreint dans le domaine scientifique et technique, à cause des risques d'ambiguïte déjà exposés (v. observations de Taïfi dans § 1).

(5)La source [AA] (consacrée au procédé de formation syntagmatique endogène) montre, au lieu d'IDROJEN, la forme “ARWAMAN” (qui fait sourdre de l'eau). On pourrait remarquer qu'il paraît peu probable la généralisation de ce même procédé de formation syntagmatique, pour les termes parallèles : OKSIJE7N ,NITROJEN etc,

(6)Nous avons, par exemple, en catalan un nombre important d'anglicismes qui ont, tout d'abord, été des emprunts pris tels quels dans sa forme anglaise (water, sport, footing...) et qui, une fois devenus d'un emploi courant, ont été transformés, par un processus de transgraphiation (VÀTER, ESPORT, FUTING ...). D'un autre point de vue, on peut rappeler que le procédé de transgraphiation est assez important en finnois. À ce propos, on peut signaler que cette langue exige des terminaisons vocaliques et ainsi on a: PETROOLI (pétrole), KAASU (gaz), MUSEO (musée), ATOML (atome), KROMI (chrome), TRAKTORI (tracteur), MOOTTORI (moteur) et aussi PORTUGALI (Portugal). Cette langue évite aussi le <E> qui est élidé et on dit ainsi en finnois RANSKA pour dénommer la France.

(7)Dans les procédés de translittération on peut observer néanmoins des cas importants de changement vocalique. Le mot AUTOBUS a subi, par exemple, dans l'hébreu moderne, un processus clair d'adaptation vocalique, puisqu'il est écrit tout simplement “OTOBUS”. Ont doit signaler, quand même, que la raison principale de s'être borné à la simple transcription de la prononciation courante, c'est l'emploi d'un alphabet différent du latin. C'est aussi le cas des transcriptions au signaire katakana japonais, qui sont faites en partant de la prononciation.

(8)La source [AA] (v. SOURCES à la fln,) propose pour KRONOMITR, la forme AMKETMIR (amket=mètre; imir=temps); pour ARITMETIK, TASNAMDAMT (amd'am=nombre); pour TERMOMITR, TARGHIKIT (ergh=chaleur; aket, ikit=mètre); pour ISOMORFISM, TAGDALGLIA (gdu=égal; talgha=morphisme); pour BARISENTR, AZ'IMMAS îaz'ay=lourd; ammas=centre]; pour FISIOLOGI, TASENFEKKA [tafekka=corps]; pour IPODERM, ADUGLIM [adusous; aglim~eau]; pour OMOMORFISM, TALULGHA [alu=semblable; talgha'=forme]; pour POLIEDR, AGETTAMA [tamabase; aget= nombreux]; pour POLIGAMI, AGEDDUBEN (dudew=mariage; aget= nombreux]; pour EPIDERM, AFAGLIM [af=au-dessus; aglim=peauj; pour EIJFEMISM, AZ'ILWAL [az' il”bien; awal'=mot], POLIKROMI, AGTINI / AGTIGHMI [mi, ighmicouleur; agetnomhreux], pour DERMATOLOGI. TASNAGLIMT.

Il parait difficile l'introduction, dans l'emploi journalier, de toutes ces formations endogènes. Il faudrait une sélection des plus importantes ou en considérer un domaine limité, tel que nous l'avons signalé dans § 4 et § 8.

Pour INSEKTISIID v. ANGHIZI dans la NOTE 3.

(9)En ce qui concerne les procédés suivis dans d'autres expériences linguistiques, nous pouvons rappeler qu'en langue finnoise nous avons, à propos de ces exemples. des procédés divers:

Des transgraphiations pour ALUMIINI (aluminium). BISMUTTI (bismuth) , KROMI (chrome), MUSEO (musée), LOGARITMI (logarithme), METALLI .(métal}. KAASU (gaz), GRAMMA (gramme).

Les cas de “antimoine”, en finnois ANTLMONI et de “sodium”, en finnois NATRIUM, montrent des translittérations. le dernier cas à partir de la forme latine dont on a extrait le symbole (Na).

Et nous avons en finnnois des créations endogènes pour les cas de NESTE (liquide), de KIINTEA AINE (“substance solide”, étant “KIINTE” un adjectif= “solide”) et aussi du mot ASTE (degré).

En basque la plupart des exemples correspondants nous montrent des traslittérations (créées d'une façon générale, a partir des formes du bas latin et de l'espagnol terminées en “-O”): ALUM1NIO, BISMUTO, SODIO, KROMO, MUSEO. LOGARITMO, GAS, GRAMO.

Pour le terme “métal” on a en basque un timide procédé de transgraphiation dans la forme double METAL /

METALE.

Et en ce qui concerne les deux termes restants “solide” et “liquide”, cette langue a, pour le nom, des formes endogènes: SENDAR et le bimorphisme ISURKI I ISURKAI, respectivement; mais, en tant qu'adjectifs et noms en même temps, on emploie des transgraphiations (avec la terminaison en “-U”) : SOLIDU et LIQUIDU.

Pareillement, on emploie aussi une transgraphiation pour le terme GRADU. (La terminaison basque en provenant du latin représente un procédé d'adaptation plus ancien et traditionnel de la langue, qu'on peut relever dans des mots comme GOBERNU, MUNDU, TEILATU (toiture) etc.).



BIBLIOGRAPHIE

ACHAB, Ramdane (1996) La néologie lexical berbère (1945-1995) Éd. Peeters. Paris-Louvain

CI-IAKER, Salem (1995a) Linguistique Berbère - Études de syntaxe et de diachronie - Éd. Peeters, Paris-Louvain

SAGARNA, Andoni (1988) Algunos aspectos de la modernizaciôn del léxico en varias lenguas, Tesi Doctoral - Facultat de Lletres - Universitat Autônoma de Barcelona

TAYFI, Miloud (1997) «Le lexique berbère: entre l'emprunt massif et la néologie sauvage» in International Journal ofSocilogy ofLanguage Mouton De Gruyter, Berlin New York

nûm. 123 (Berber Sociolinguistics) (pp. 61-80).

TILMATIINE, Mohamed (1992) “À propos de néologie en berbère moderne” in AAP n030 Institut ftir Afrikanistik Universit~it zu K~iln, Kôln (pp. 155-166).



SOURCES DES TERMES

Langue amazighe:

[AA]. Affixes d'A mawal (utilisés dans le processus d'élaboration d'Amawal n Tmazight Tatret). Liste de 142 affixes endogènes pour la langue amazighe.

Langue finnoise:

Rima Kosunen. Étudiante de Traduction a 1'Univerité de Turku (Finlande) et doctorante au Département de Traduction et & Interprétation à L'Universitat Autônoma de Barcelona (Catalogne).

Langue basque:

Hiztegia bi mua. (“Dictionnaire deux mille”). KINTANA, Xabier et ai. Dictionnaire Eukara Espaniera/Espaîiol- Vasco. Elkar, Donostia, 2000 (Euskadi).



ABRÉVIATIONS

litt: littéral, littéralement

Pron: prononciation

Tawiza.net
 
Concernant l`origine supposée des mots latins, je ne peux qu'être d'accord avec toi. Mais tant qu'on n' a pas de recherches qui démontrent le contraire, je pense qu'il faut, jusqu'à preuve du contraire, que ces mots là, sont latins!

Pour ce qui est du texte dont tu nous a gratifé, j'ai eu déjà l'occasion de le feuilleter. Il serait intéressant de s'en inspirer pour créer des néologismes se rapportant à la science.
 
Je ne suis pas d'accord avec ta façon de penser :)
Il faudrait dire que jusqu'à preuve du contraire, il faut rester prudent.

Un exemple : IGER : le champ (AGER en latin qu ia donné AGRICULTURE, AGRICOLE, ...).

Rien que la morphologie du mot fait penser à Tamazight, tu vas me dire que ce n'est pas suffisant et tu as raison, regardons la racine : GR

Or GeR veut dire, en Tamazight : lancer (les graines), jeter, semer.

D'où pour moi la preuve que ce mot est d'origine amazighe. les Amazighes n'auraient pas pu donner ce sens si ils avaient accepter le mot AGER sous sa signification de CHAMP. Le fait qu'ils auraient isoleé la racine pour en faire le verbe "jeter, semer" est très très peu probable.

La même chose pour le mot latin TIGEMENTUM qui signifie à peu près ENVELOPPE DE PROTECTION.

Ici aussi la morphologie amazighe du mot me parraît claire.
Surtout que le mot TIGEMMI (mot d'origine) est décomposable en d'autres mots amazighes parfaitement explicables : IGMAN (au pluriel) : les défens.

AMORE : Amour. Là je serais plus prudent mais serais tenté de voir la racine amazighe IRI : AIMER : DESIRER qui donne AMARAY (Amoureux).
Je me risque à ce rapprochement car dans beaucoup de langues indo-européennes dont fait partie le latin, on retrouve une racine toute différent : LB-LV

anglais : love
flamand : lieve
allemand : libe
slave : lubov.

Voilà, bon maintenant il est clair qu'il y a des mots comme AFULLUS, ASNUS, etc. qui ont de très grosses chances d'être d'origine latine.

A remarquer que le mot AFARNU : FOUR ne vient pas forcément du latin FURNUS, car il est explicable par les racines amazighes.

Pour finir, un mot qui ne semble pas être d'origine amazighe est AYIS : le cheval. Celui-ci étant arrivé avec l'invasion des Peuples de la Mer (indo-Européens) qui employaient le mot EKWOS (equus : cheval).

Or en Tamazight le passage de K à G puis à Y n'est pas rare (lune : tachelhit : ayyur, kabyle : aggur).

EKWOS (ou une racine proche) aurait donné EYWIS --> AYIS.









[ Edité par agerzam le 21/10/2003 18:48 ]

[ Edité par agerzam le 21/10/2003 18:53 ]
 
Ce que j'ai retenu du texte qu'agerzam a présenté, c'est que l'auteur dresse un état des lieux de l'activité néologique en Amazighe. Il est trés important de bien comprendre les mécanismes pour pouvoir apporter d'autres contributions. Alors si j'ai bien compris, il y'a l'emprunt qui peut prendre plusieurs formes: glissement sémantique, calque, métamorphose phonétique ou phonologique. Mais en plus, il y'a la néologie toute simple à partir de racines et des mélodies (affixes). Il est vrai qu'il y'a plein de lacunes léxicales qu'il faudrait d'abord commencer par combler. Il y'a aussi le processus de fusion de mots (al iDRaam) + le compounding.
Cependant, ce que je repproche à l'activité néologique c'est qu'elle soit prise en charge par des gens qui n'ont pas vraiment une bonne formation en linguistique. Par exemple, la prefixation de TASN-, à ma connaissance il n'ya aucun mot qui commence par une telle succession de segments. Les noms composés- ANGHAGRIS - antigel (6)
et AMETCTCAKSUM- à titre d'exemple, me semblent etre non pas une fusion (comme aRzdis) mais plutôt un nom composé. Et à ma connaissance, les mots composés marchent differemment; c'est mormalement un nom d'agent+un nom+omission du /a/: mRz-lqubur, mslm-aggwrn, mllR-timkilin ...

En guise de récapitulation, ce que je cherche à expliquer est que les successions de segments doivent être scrupuleusement préservés (contraintes phonotactiques- voir Boukous 1985) et le processus dérivatif bien compris. Sinon, le resultat sera une abération linguistique de l'ordre de ce que Miloud Taïfi craint.
 
D'accord mon cher Agrzam!! C est vrai, que je me suis mal exprimé d'autant plus qu'au niveau de la linguistique je me sens un peu perdu!!

J'attends impatiemment de vous lire, toi et Kassila!! C'est très intéressant ce que vous dites!!
 
c'est pas bien grave Iwizi; ce qui importe c'est l'échange des idées. Personne ne peut prétendre à s'établir comme tuteur de l'amazighe. L'idée que j'avais derière la tête en proposant ce forum c'est de pousser les gens à critiquer un peu plus les néologismes utilisé dans l'éspace culturel amazigh. C'est bien de moderniser mais je dit non aux abérations.
Si tu l'as remarqué, j'ai essayé d'être trés provocateur parce que c'est seulement en aggressant les gens qu'ils réagissent. D'ailleurs ta première réaction était un peu émotive- tout au moins c'est l'impression que j'ai eu.
Ce que je propose alors dans cette même optique, c'est que j'adopte l'attitude du fouteur de trouble, pour que le forum continue; c'est pour la bonne cause, quoi.
Maintenant, je vais vraiment m'identifier à mon Avatar (avocat du diable) en disant que la cause amazigh est perdu d'avance. Essayez de me prouver le contraire! ;-)
 
Agrzam a dit ceci" GeR veut dire, en Tamazight : lancer (les graines), jeter, semer". Je ne sais pas dans quel parler tu as pioché ce terme avec une telle signification, mais à Achtouken, et je sais que dans la langue amazighe, ce ne sont pas les variantes régionales qui manquent, nous ne disons pas la même chose. Pour dire semer le blé, on dit plutôt"kufs tumzîn".

En revanche, nous avons le verbe "mger" qui veut dire"moissonner". Y-a-t-elle un rapport entre "mger" et "igr"? Je n'oserais pas trop m'aventurer dans un domaine où seules les hypothèses tiennent le haut du pavé!

Pour Kassila, qui a posé une question que beaucoup de militants amazighes posent depuis belle lurette, je dirais qu'il faut déjà définir ce qu`on veut dire par la cause amazighe! Parce que vous n'êtes pas sans savoir que c'est une construction générique qui englobe plein de choses à l`image du mouvement culturel amazighe qui regroupe des militants du droit de l'homme, des Amazighes musulmans, des Marxistes, des régionalistes, des autonomistes, des indépendantistes, des oppurtunistes....

Donc, mon cher Kassila, définissions déjà ce que veut dire la cause amazighe!!!Et après on saura, si cette cause est perdue d'avance!!

J'attends ta réponse!
 
Bien dit Iwizi pour la cause. Je ne peut qu'être d'accord avec toi.
Pour le sens de GR, moi non plus je n'oserai pas m'aventurer là. Cependant, il faut savoir ce qu'on veut. Sommes nous entrein de débattre de la diachrinie ou sommes nous beaucoup plus à cheval sur la synchronie. En l'absense de documents écrits il y'a des siècles, je penses que nous sommes seulement entrein de théoriser. Donc, ne serait-t-il pas plus profitable de se concentrer sur l'aspect synchronique de la langue.
En plus, il est pratiquement impossible de trancher sur l'origine de tel ou tel racine vu le melting-pot linguistique qui a caractérisé le passé e l'Afrique du Nord. Le cas est beaucoup plus récalcitrant quand il s'agit de l'arabe et de l'hebreu. Ces trois langues sont toutes d'origine chamito-sémitique et fort probablement ont un ancestre commun. Il se peut que l'on retrouve la même racine dans les trois langues et biensure les mots qui en découle par dérivation. Il ne faut pas boycotter de tels mots parceque il se peut qu'il ne s'agisse pas d'un emprunt mais d'un héritage commun.

P.S/ chez nous, nous disons lu^h amud ''semer''
 
Iwizi-U-Sus a écrit :
Agrzam a dit ceci" GeR veut dire, en Tamazight : lancer (les graines), jeter, semer". Je ne sais pas dans quel parler tu as pioché ce terme avec une telle signification, mais à Achtouken, et je sais que dans la langue amazighe, ce ne sont pas les variantes régionales qui manquent, nous ne disons pas la même chose. Pour dire semer le blé, on dit plutôt"kufs tumzîn".

J'ai "pioché" ce terme dans un ouvrage qui reprend toutes les racines amazighes d'Afrique du Nord (je te laisse imaginer l'ampleur de l'ouvrage).

Tu auras bien sûr compris que je l'avais pris dans les racines classées comme "chleuhes".

Et en effet le verbe MGER a des chances d'être lié.

Ce n'est pas parce que des termes ont été oubliés qu'ils n'ont pas de significations.

Par exemple, d'où viennent les mots :

AMENAY ?

ANFLUS, ANFALIZ ?

AGELLID ?





[ Edité par agerzam le 22/10/2003 8:37 ]
 
Pour info, voici la définition complète trouvée :

GER : éparpiller, jeter, lancer, rejeter (mer), laisser tomber près de soi, semer, monter un métier à tisser, ourdir, faire un collier.
 
Azul,

Est-ce que je peux te demander le titre de l'ouvrage? Ce serait très sympa que tu ne le dises, tout en te remerciant d'avance!!

Tizuliwin sugrnin!! :)
 
Voici un exemple de précipitation courante visant à faire provenir systématiquement les mots amazighes ressemblants du latin ou du grec.

Ce texte est bourré de bêtises :

Loquerisne linguam latinam ?


Feu Mimoun Habrich, féru de berbéritude ou de berbérité (c’est selon), qui se disait, selon le mot d’Amale Samie, “araborigène”, dans un de ses succulents “À propos de” (Al Bayane), rappelait tous les « mots imazighen dont le lien avec le latin ne fait aucun doute ». Voici sa liste :
“ifili”, de “filum”, le fil ;
“tourier”, de “torrere”, torréfier, grains grillés ;
“taskala”, de “scalæ”, échelle, donc escalier ;
“ourti”, de “hortus”, verger, que l’on retrouve dans l’horticulture.

Ces quelques échantillons nous étaient fournis en prime par notre ami Mimoun. Ajoutons-y ce qui va suivre, difficilement récolté en quelques décennies par l’auteur de ces lignes:

“tilintit”, de “lentis”, lentille ;

“bernous”, de “burrus”, bure ;
“asnous”, de “asinus”, âne ;
“affouiller”, de “pullus”, poulet ;
“agr”, de “ager”, champ (cf. agriculture) ;
“toussout”, de “tussus”, toux ;
“ikikiker”, de cicer, pois chiche.

Marquons ici une première pause et arrêtons-nous sur ce dernier mot pour une première remarque : l’on se heurte à trois prononciations du latin: la vaticane (dans «dona nobis pacem», donne-nous la paix, “pacem” est prononcé “patchème” ) ; la française du XXe siècle toujours en vigueur, selon laquelle “pacem” s’entend “passème” ; et enfin la vraie prononciation du latin où le graphème C ne se prononçait ni “tché” , ni “ssé” , mais “ké” : ainsi “Cæsar” se dit “Kaéssar” et non “Tchezar” ou “Cézar”. Le mot amazigh qui signifie pois chiche est “ikiker” et deux choses sont bien évidentes : le mot amazigh vient du latin “cicer” et reflète au plus juste la prononciation de ses locuteurs natifs, donnant la preuve que le C latin se prononçait k en toutes positions. L’orateur Cicéron s’appelait Marcus Tullius (Markouss Toulliouss, en doublant bien les “l”) mais, comme il avait un pois chiche au menton, on l’avait sobriqué (le bonhomme n’était pas très sympa) “Cicero” (prononcer “Kikéro” ), “Cicero” qui est devenu notre Cicéron et qui sert de base au nom cicérone, c’est-à-dire un guide un peu envahissant… Dans la romanité , l’empereur romain était désigné sous le nom de “Cæsar” (prononcer “Kaéssar”) et la place commerçante d’une ville (par exemple Cæsarea, la capitale de Juba II) était appelée “agora caesarea” (autrement dit la Place de César), d’où vient vraisemblablement le mot “qaraïte”.
Complétons la liste de Mimoun:

“iyyis” vient de “equus”, cheval ;
“bounya”, de “pugnaces”, le poing ;
“tassarout”, “sarout”, clé, de “serratus”, dentelé, comme une scie ;
“kouniya”, de cuniculus, féminin cunicula, lapin ;
“oualou”, de “nulle”, rien ;
“louqid”, de “lucidum” (c = k), qui donne la lumière ;
“afernou”, de “furnus”, four ;
“taïga”, de “jugum” ( prononcer yougoum) , joug, attelage ;
“jrana”, de “rana”, grenouille ;
“immensité”, de “mensa”, table ;
“nouala”, “tanoualt”, la hutte, de “navicella”, petit navire;
“afa”, de “focus”, feu, d’où “fofo” quand ça brûle ;
“tobba”, de talpa, taupe.
“Chniyoula” pourrait bien venir de “canicule”, petite chienne, chenille ;
“terfes”, truffe ou terfesse, de “tuber”.

Quittons la “tourtit taroumit”, le verger romain, et les Roumis, les Romains, pour nous intéresser au grec. Rappelons que Juba II a été pendant 49 ans Roi de Maurétanie, de 25 avant J-C à 24 après J-C : il a été élevé à Rome et pendant son règne, il tenait à garder ses distances avec la Métropole ; à côté de l’amazigh et du latin, il parlait grec et il s’entourait de Grecs, notamment le fameux Euphorbe, son médecin et ami botaniste. Il est donc normal que la langue grecque ait laissé des traces au Maroc. Commençons, à tout seigneur tout honneur, par
“abellou”, phallus , de “phallos”.
Et citons “bellarej”, la cigogne, de “pelagos” ;

“fantazya”, la fantasia, de “phantasia”, qui signifie le spectacle en soi ;

“torf”, de “trophè”, qui signifie morceau et, pour conclure,
la belle “defla”, le laurier, de la belle “daphné”.

C’est bien peu , comparé au lexique maghrébin entré en français, ou à l’inverse. Mais cette présentation , incomplète, est bien suffisante pour justifier la création – en cours dans les départements d’histoire – d’une chaire de latin dans les universités marocaines




Aujourd'ui.ma

[ Edité par agerzam le 23/10/2003 21:14 ]
 
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