Un texte terrible de feu Mohamed Khair Eddin...

waggag

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souffles
numéros 10 et 11, 2e et 3e trimestre 1968
mohammed khaïr-eddine : histoire d'un bon dieu
pp. 26-30


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Le Bon Dieu se tenait contre une colonne de bois de cèdre qui étayait depuis des temps lointains le plafond de cette taverne où j'avais coutume de me rendre pour remplir, comme tout homme qui veut jouir malgré le temps et les bourrasques, ma triste petite vie. Il léchait un mégot jaune qu'il avait allumé et éteint pas mal de fois. Il portait des guenilles goudronnées et un turban très très blanc. C'est, me dit-il, la seule chose qui m'appartient vraiment; la seule chose que je lave tous les matins à la fontaine publique; heureusement que j'avais ordonné à mes sbires de placer des fontaines un peu partout. Le Bon Dieu sentait l'urine, l'alcool à brûler et le kif. Il dégageait un relent à la fois spirituel et putréfiant. Je ne parvenais que trop mal à endosser ce manteau d'odeurs, mais chaque mot qu'il prononçait me rendait le souffle. Le Bon Dieu hantait les bas-fonds de la ville et n'aimait pas montrer son nez ailleurs. La ville elle-même était très curieuse. Elle était divisée dès l'origine en plusieurs quartiers différents. Jadis, le Bon Dieu s'était fait bâtir pour ses besoins personnels un quartier où personne, hormis ses proches, ne pouvait se promener sans se sentir traqué. Le Bon Dieu entretenait alors une police très avisée et quelques centaines de chiens gros et gras qu'il avait lui-même dressés à l'instar des cerbères mythologiques. Ces chiens étaient en perpétuelle liberté. Ils se nourrissaient d'avortons, de vieillards, et parfois même de jeunes gens incapables de se défendre. Le portrait du Bon Dieu était partout placardé et les très respectables sujets de sa couronne pouvaient aisément l'aborder soit dans leurs rêves, soit dans la rue et lui baiser le front, le pubis et les orteils. En guise de réponse, le Bon Dieu souriait et partait d'un rire qui secouait à merveille les bâtisses des quartiers pauvres et décrépits. Il avait honte de voir qu'il était considéré comme un nouvel hercule et il s'en méfiait. Mais tant que ça peut durer ça va, se disait-il. Il battait et faisait battre jusqu'au sang les mégères qui brodaient sur son compte des anecdotes et des poèmes louangeurs. Car, vous répondait-il, c'est l'une des causes pour lesquelles j'en suis arrivé là, et c'est pourquoi je ne veux plus qu'on me chante n'importe comment; je paie des poètes bien éclairés pour ça. J'ai connu le Bon Dieu dans ses meilleurs moments. Il m'avait paru étrangement seul, en dépit de ses offices, de ses gardes, de ses richesses. Je le lui avais expliqué et il semblait me comprendre. Mais la plupart du temps, il faisait grise mine et me demandait d'effectuer à sa place quelques arrangements que sa situation d'omnipotence absolue ne lui permettait pas. Je passais aux yeux de ses sujets pour un maquereau habile et un homme d'affaires très astucieux. Les gens venaient à moi par milliers. Je rapportais au Bon Dieu, dont j'étais devenu le meilleur et le plus digne conseiller, tout ce qui se mijotait dans la ville. Si je viens à disparaître, me confia-t-il à l'oreille au cours d'une assemblée nocturne à laquelle assistaient ses chiens et ses policiers, c'est toi qui prendras ma place. Je n'ai confiance en personne d'autre. Les gens que tu vois ici sont des bâtons rompus. Ils ne produisent plus aucune espèce de son. Tu t'en serviras donc pour toi-même. Mais j'ai bien peur que tu ne t'en tires pas aussi bien que moi. Mais tu pourras, vu ton intelligence, avoir raison de cette racaille. Car ce n'est pas la gloire qu'il nous faut à nous autres, nous n'en avons que faire. Nous sommes au-dessus de tout ça; ce qu'il nous faut, ce qui nous importe le plus, c'est d'écraser méthodiquement et sans aucun intérêt ces têtes, comme des figues tombées sur le chemin. Si on jure par ton nom, si on te confond avec mes prophètes, tu feras cuire les deux testicules du coupable, tu flagelleras les mégères sur la poitrine. J'ai dans un tiroir de mon bureau un répertoire complet des récidivistes, y compris le nom et l'adresse des commères et des croquemorts. Tu n'as pas besoin d'hôpitaux, ni d'ambulances, mais d'ânes, élève le plus grand nombre d'ânes, tu en auras besoin. Et tâche de faire en sorte que les gens meurent assez rapidement pour être remplacés par des ânes. Les temps peuvent s'enrouler vite, retourner à l'état initial de la pelote. Avant de voir venir ta mort en pelote, tu feras mieux de comprendre pourquoi tu t'appelleras le Bon Dieu. Je ne vais certainement pas mourir, je demeurerai, j'ai toujours demeuré, je ne me rappelle pas qu'un certain jour il m'ait été donné de naître, je suis perpétuellement comme tu me vois, solide, important et maître absolu des choses et des ruines; je n'avancerai pas, nous ne sommes pas dans une administration quoique j'aie nommé quelques hommes dignes d'être mes porte-parole. Mais ce qui arrivera, ce qui va sûrement arriver, ce qui est déjà arrivé, c'est que je suis déjà amené par je ne sais quelle transmutation profonde à ne plus désirer quoi que ce soit. Tu t'installeras donc sur ma gloire et tu obligeras les autres à subir ton image à la place de la mienne. J'en ai assez! Le Bon Dieu renonça comme prévu à sa propre continuité. Il partit un beau matin sans que personne ne s'en aperçût. En même temps, je m'épatai sur son trône en insistant sur le fait qu'il me l'avait légué verbalement; mais je finis par me rendre compte que je n'étais pas assis sur un trône, il n'y en avait pas, mais sur un ramassis de mensonges et de complots qui s'étaient ourdis autour de moi.
Le Bon Dieu ne travaillait plus. Il passait le plus clair de son temps à faire les poubelles. Certes, il réussissait à écouler par-ci par-là les vieux objets qu'il récoltait. Il était devenu grisonnant, maigre et sale. Toute la saleté du monde s'était abattue sur ses épaules. Je l'ai voulu, me dit-il. Je l'invitai à boire à la santé de notre décrépitude. Il refusa. Par contre, il avait des vues assez larges depuis qu'il était passé par la dèche. Il voulait reprendre les choses en mains. Il s'était mis dans la tête qu'en criant qui il était sur les places publiques, il pourrait convaincre les gens et s'instituer Bon Dieu une seconde fois. Je lui fis comprendre qu'il avait perdu son omnipotence. Il me rétorqua qu'il l'avait certainement perdue et qu'il lui était encore possible de la récupérer. Il ne pouvait pas trimbaler ses dossiers partout où il allait, ils les aurait sûrement égarés au cours de ses longues clocharderies. Il me pria de l'aider à mettre de l'ordre dans ses pensées. Non, non, je suis devenu poète depuis ton départ; je ne veux plus entendre parler d'un règne quel qu'il soit. C'est à ce moment-là qu'il me montra qu'il était poète lui aussi. Il sortit de la poche de son lourd manteau un paquet de feuilles grises sur lesquelles il avait transcrit le poème de sa vie. Je pris le manuscrit, en le félicitant. Le Bon Dieu n'avait jamais rien fait de mieux. Pendant que j'y jetais un coup d'oeil, il disparut. Qu'à cela ne tienne! Il est hors de vue, mais nous lirons ensemble ce fameux écrit.

Par moi-même et par ceux qui ne croient plus en moi; par le typhus, les migraines, les ictères, les bosses, les neurasthénies, les coliques, le délirium-tremens, la peur que je leur inspirais, les désillusions, les guerres serviles, les maîtres-chanteurs, les commères, les caméléons, les phosphates que je n'arrivais pas souvent à écouler sur le marché, les émeutes, les poussières de mes comètes d'idées absurdes, les étages un par un jusque dans mes fosses immobiles, les grands pans d'immeubles repeints au cours de ma légende, je commence mon histoire notoire sans rien omettre qui fasse éloigner le but de mon écriture. Mais s'il est un but auquel j'aspire, je n'y atteindrai pas. Ce but est ni plus ni moins ce qui me semble définir le moi aigri, ravagé par ma conduite antérieure. Que je sois maudit si mon histoire reste incomplète. Je l'aurai voulu, j'aurai décidé d'en faire un fardeau pour four crématoire. Je ne sais plus tuer comme avant. Avant, j'arrachais leurs dents à mes chiens et je me les faisais placer sur les miennes en vue de mordre plus cruellement. J'ai perdu mes dents, je les ai crachées un soir dans le ruisseau. Il n'est plus possible pour moi ni pour quiconque n'a pas les mêmes dents de récupérer les choses perdues. Cependant, j'ai encore une assez grande confiance en moi. Mais ce n'est pas le véritable objet de cet écrit, il n'est pas question d'intercéder auprès de qui le veut, car je ne réclame rien et je n'ai plus besoin de drogue. Naturellement, je vais en venir au vrai sujet de la discussion engagée avec moi-même. Je me raconterai ma vie et je l'écouterai l'écrivant. Mais comme j'ai horreur des boniments et des préfaces, surtout pour étayer une chose aussi importante qu'improbable, je déchirerai mes divers récits, car ils ne sont, à vrai dire, qu'une longue introduction à ma vie. D'abord, j'ai commencé par bannir de ma pensée l'idée d'un règne continuel, absolu et d'une omnipotence exagérée. Puis je me suis installé comme il se doit, en être semblable aux autres, je me suis installé sur ce qu'on avait érigé pour et par moi.

Et alors s'établit mon règne, s'effacèrent les doutes. Mais ce ne fut qu'une vraisemblance, car rien n'était totalement effacé; tout s'était légèrement recroquevillé à l'intérieur de la chair des sens et des pensées, confusément. De sorte que je pouvais éviter tout embarras et toute espèce de crainte. Je payais cher qui s'avérait capable d'assurer mon désordre. C'est la plus grave erreur que j'ai commise. Mais en dehors de quelques erreurs et tentatives aberrantes, il s'est produit une chose bizarre. Une chose inexprimable, dont il me sera difficile de fournir une explication. Je vais me suffire à moi-même, me dis-je. Je n'aurai de paix que tout aura sombré dans mon écho. Et c'est là ma vraie ruine. Quand j'en ai pris conscience, j'ai renoncé à suivre le cours authentique de mes desseins et j'ai remis au premier venu les clefs de ma supériorité. Je n'en avais plus que faire. Je m'étais déjà vu pour la nième fois acculé à cette limite et, malgré les fruits de mes arbres (dans la mesure, bien entendu, où un homme est également un arbre), je ne pouvais plus apprécier la honte infinitésimale des choses. J'ai pris lyre et pipe de terre cuite. Et j'ai longuement sifflé en relevant le col de ma chemise. J'avais du bon et du mauvais. J'avais laissé choir le règne et la régnétude. Je voulais faire le poème dont j'avais toujours rêvé: Ce sera ma création unique, je la donnerai à qui je voudrai.

Je connais parfaitement les mauvais chemins, les transgressions, les pendaisons et les agressions licites ou pas, la chute des dents, d'organes généralement fixes, les tumescences de l'aube et de la procréation créatrice; j'ai profité de ce que tout le monde dormait pour fabriquer le monde en commençant par lui trouver un nombril. Y suis-je parvenu? Suis-je à même d'y arriver? J'ai tabassé les pauvres et les fidèles. J'ai fait couler leur sang. J'ai emprisonné les hommes et les femmes qui ne voulaient pas de moi; je violais tout conformément à mon esprit. J'ai remis les choses utiles à plus tard. J'ai calciné la vérité et donné une place de choix au mensonge et à la rigolade. Si j'avais envie de rire et que je ne pouvais pas le faire moi-même, d'autres riaient à ma place et me faisaient parfois sourire. Si j'émettais une parole, tout le monde devait la répéter jusqu'à épuisement. Je faisais arroser mes fleurs à toutes les heures du jour et de la nuit. J'inquiétais ceux qui me voyaient. J'hallucinais ceux qui me regardaient dans les yeux, je payais grassement les charmeurs de reptiles et les cascadeurs. Je n'avais nullement besoin d'un équilibre. Je n'avais pas de sexe, je l'avais peu à peu coupé au rasoir. Il s'était recroquevillé sur mes testicules et avait fini par s'effacer. J'élevais beaucoup d'ânes. Et j'intimais à mes sbires de se promener nus devant moi. J'étranglais quiconque s'opposait à ce régime. J'arrosais d'essence les poulaillers et les champs de blés pour organiser la famine. En somme, je voulais rester seul debout au centre des ruines que je provoquais. Je m'abreuvais d'étoiles, de mescaline diluée dans des menstrues, de lait d'ânesses. J'étais fort, cuivré, cotonneux, léger, rampant et retors. J'avais tout pour être calme et sans histoire. La suite n'est guère indifférente. Mon règne valait moins que ça. Il ne pouvait d'ailleurs convenir à personne.

De la suite, que dire? sinon que j'ai connu tout ce qu'il y avait de mieux dans la ville: les mendiants, les balayeurs, les prostituées, les voyous, les porteurs d'eau, les petites pucelles assises sur les pas de portes qui ne sont pas les leurs, les marchands repoussants mais tellement sales et avides de gagner dix vies à la fois, les grilleurs de mais, les chanteurs et la folklorité de l'esprit régnant dont je pouvais discerner les défauts majeurs... J'ai vécu dans une hutte près du port. Je ne travaillais pas. Je n'avais pas besoin d'argent. Je fréquentais les marins-pécheurs, les bandits et les chauffeurs de taxis. On me payait à boire de temps en temps. En contrepartie, je disais de bonnes choses. Par exemple, la façon dont l'idée m'était venue de construire le monde. L'élaboration rapide et systématique des plans. La Révélation. Le Premier jour. La Découverte de l'Homme et de la Soif. L'Utérus de la femme. On m'accordait une très grande attention. On ne m'insultait pas, si si, un vieux barbu m'a une fois insulté. Il m'a dit, notamment, que le monde avait été fait par un autre et que, pour le voir, il me suffisait de me tourner vers le levant. Ce que je n'ai pas fait. On n'a plus besoin, maintenant, de répéter cela, je n'ai plus de force, je ne peux même plus prétendre à quoi que ce soit. Je ferai mieux de continuer à vivre en me taisant.
 
Merci Waggag pour ce texte qui rompt avec la monotonie habituelle.

Toujours dans le « pur » style de M.K.D, ces bouffées de delirium- tremens gorgées de mots puant l'urine et l'odeur aigre- rance de l'alcool et du tabac froid, le testament- diagnostic du poète est tâché de vomis verbeux, de dégueulis incantatoires sur une société elle même depuis longtemps en état de décomposition avancée, à l'état de charogne, rongée par les cancers de la peur, du mensonge, de l'ignorance, la lâcheté et l'hypocrisie, la maladie de la cupidité, la corruption et l'abus de pouvoir, la méga- mythomanie de la religion et du culte barbare des idoles.


Le monstre généré par ce corps social délabré, un ogre "chérifien" à deux têtes tenant d'une main le sceptre- fouet de la royauté terrestre et de l'autre le tasbih- chapelet des incantations religieuses et le sebsi- calumet exhalant les fumées soporifiques du haschish, tout l'attirail nécessaire pour endormir et dompter le peuple infantile, le mener à la baguette, l'anesthésier encore davantage, jusqu'à en faire un tas de larves, un troupeau d'ânes braillant de plaisir sur commande ou spontanément, pour la gloire du Maître des troupeaux sur la terre et dans les cieux.

Un peuple n'a que les poètes qu'il mérite. M.K.D n'a pas la beauté du style proustien ni la profondeur de la vision camusienne, mais il est doué d'une logorrhée hypertrophiée, célinienne, rabelaisienne, il écrit comme il chie sur une société pourrie qui sent les latrines, il a bien raison, les lieux sales ne méritent qu’un surplus généreux d’excréments, fussent- ils verbeux, comme ceux de notre poète.

Dégoût suscité par une caste militaro- politico- religieuse, l’hydre arabo- baathiste qui n’en finit pas de boire le sang de sa victime consentante, révolte et amertume contre son propre peuple soumis et ignare qui n’en finit pas de baisser le front et le froc devant ses tortionnaires.

La situation n’a guère changé. M.D.K était un prophète dans son genre et comme tout prophète qui se respecte il ne fut point écouté dans son pays. On le redécouvrira dans cinq décades, je vous le promet. Et on aura honte de nous.
 
En effet, " les bouffées de delirium tremens " de Kheirdine sont terribles !!!!!!!!!!!

" ....... J'ai calciné la vérité et donné une place de choix au mensonge et à la rigolade. ................. je payais grassement les charmeurs de reptiles et les cascadeurs........ " TROP FORT !

Tanemmirt Waggag.

Ta réplique, Aksel, je la trouve sublime !
 
Merci a tous pour les contributions. C'est vraiment dommage que ce poete reste inconnu dans son propre pays.

Bientot ce ferait 10 ans qu'il n'est plus. Est-il possible d'organiser quelques chose a sa memoire? Une conference, un debat ou tous simplement une rencontre au tour de sa poesie, ses romans...?

Je suis ravi de lire vos idees!
 
Moi aussi j'ai pondu un texte pour célébrer ce grand des grands, Mohamed Khair-eddine

Le style de Khair-Eddine est semblable à un pilonnage continuel qui n'a que faire des règles de bienséance ou de pudeur. En tous les cas, il s’en fout totalement. Un vrai massacre des canons traditionnels de la beauté littéraire qui nous rappelle naturellement une guerre éternellement recommencée. Et une capacité à tenir le coup époustouflante, une vraie machine que cet homme. On se demande presque comment peut-il avoir tant de flèches à son arc? D'où a-t-il cette inspiration qui donne dans un télescopage de mot, de phrases, de paragraphes quelque chose d'original, de décousu, de non-sens parfois, mais ô combien beau. C’est la beauté dans la désordre, l’anarchie, le chamboulement, le troubillemement, le vertige. Oui, c'est dans ce magma brûlant, explosif, étourdissant qu'on trouve le sens profond de la beauté. Un message est toujours présent en filigrane. Celui d’un visionnaire, car si le texte est écrit dans les années 60, il reste d’actualité. On dirait qu’il l’a « pondu » hier. Celui d’un rebelle, d’un maquisard, d’un révolté devant l’Éternel. Enfin, celui d’un Amazigh qui a été depuis son jeune âge de l’immense injustice que représente le pouvoir marocain. Avec sa sauvagerie légendaire, son inhumanité, son insensibilité.

Le textes de Kahïr Eddine restent pourvu d’une charge électrique qui vous séduisent et vous répulsent en même temps. Le propre de choses vraiment indéfinissables, inclassables, « incatégorisables ». Enfin, le propre des œuvres éternelles. Khaïr-Eddine restera, tant que les mots sont des mots, tant que les phrases sont des phrases, magistral.

Saluons ici ce génie que seule les montagnes de l’Atlas savent faire.
 
PERMANENCE DE TAOUS HAMROUCHE

Je vois tipaza, l'inoubliable pilier millénaire
je vois l'ombre du blé sur la mer
et les femmes comme les hommes numidesde pleine
errance, je vois
l'aiguille des pics et la honte séculaire !
ils se déchirent sur le champ, ils me déchirent !
c'est l'amour qui exacerbe l'epouventable buisson
le torrent des Aurès; c'est Kahena, dit-on
qui procède au décompte des vieux surgissements!
peut-être rien, après tout, que la meule et la
belle orge
et le berbère et le claquement des balles
et les timbales et les fêtes intermittentes
et la mort enfin bondie et qui recueille
en nopus l'élexir agressif de l'atome
d'avoir tourné le temps à la faveur et tenu
jusqu'au bout-où l'on voit se convulser les temps
avec pour seule compagne une musique errante
mère, c'est en nous que ton soleil rayonne!
il dresse sur le pays un sang
neuf et si fort que que se délitent les mémoires
de gel, Taos! c'est encore là
que ton ombre plasmatique, entre veilles et rêves
...
M.K.D
"resurrection des fleurs sauveges"
 
souffles
numéro 2, deuxième trimestre 1966
mohammed khaïr-eddine: sangs (extrait)
illustration: mohammed bennani
pp. 13-15


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je m'esquive et ce n'est pas par inadvertance que le sang m'extradie je vais aux tumultes des villes sans vrai nom et partout je piétine des nuages d'atomes sur toutes les lignes téléphoniques se posent des astres malintentionnés et des trombes je ne t'adresse la parole que parce que nous demeurons inséparés tu dis nous sommes inséparables nous sommes séparables que je rétorque moi assermenté à l'heure même où je fus assassiné je t'ai construit à ma décence selon l'adresse des pièges sans rien omettre de la magie du vaudou détrôné par l'européen aux dents si affûtées aux mains si longues à la science de saurien souriant le père des pères du vieux poisson fabriqué par la vieille tarentule sacrée devant le père des pères et la mère des pères je ne t'ai pas fait à la mesure de Dieu pas érigé à la hauteur du globe je t'ai donné ma voix nous sommes quittes dis-tu et j'objecte je me réclame d'une civilisation de mangoustes et de cérastes anarchiques je ne connais pas l'Asie ouï-dire et les gros livres les phrases les rimes les coups d'états les soulèvements du coeur le sang comme un rosaire dédié aux insurgés politiques de mon sang coupant souffle et vivres à qui veut en être arrosé bien sûr que je disparais sang-bûcher sang-essence sang-bagarre le sang croyez-moi je vois nettement la mauvaise conduite des sangs et des yeux leucémiques je ne passe pas sans remarquer les barrages du sang le sang et la sardine noire du sang j'ai assisté à des saignées pratiquées par la nuque et le pubis c'était sur un trône de schiste et sur le vide mitoyen du délire la vieille fille aigrie par les travaux des champs et par tous les puits qu'elle avait creusés enfonçait jusqu'à la tête dans la pierre et riait à demi-somnolente tandis que au-dessus d'elle et à même elle la doctoresse dessinait le déluge la fumée la neige la guerre la mort était présente je me disais a-t-elle un coeur de sang un corps capable de me charmer c'était faux la mort avait plutôt de longs cheveux gris la mort était toute noire cheveux très pointus la mort pas décrite la mort du sang invisiblement tapie dans le débarras de nos tristesses de nos foudroiements je l'ai serrée contre mon âme je lui ai donné mon coeur elle en a fait un oiseau qui l'accompagne partout où elle assassine et dévêt où elle mange et se saoûle la mort a des intentions favorables la mort justifie sans punir et nous fîmes l'amour sacré sans que je sache pourquoi je lui ai fait un excellent gâteau avec mon sperme et mon sang farineux elle n'en oubliera pas mes caresses mes reste-ne-pars-pas-je-suis-ton-époux-tu-es-ma-Grande-Elue pas de sitôt en tout cas elle reviendra peut-être une nuit et ce n'est pas de mes viscères qu'elle surgira elle applaudira me hélera oh Maître comme César oh Hibou comme le flibustier ou la Tornade viens que je t'empoisonne viens que je t'habille d'une toge blanche et délirante ah oublier ne plus croire aimer mourir au compte-gouttes jalons piétons automobilistes cyclistes rois marrons écrivains logiques douanes razzias le soir ouvre les cafés les ampoules bouffent du soleil l'homme se gâte le foie on me rapièce le sang j'ai mal où je rougeoie on me voit courir sous les tentures et les tables en coulée de magma j'infecte la mosaïque je lacère les canapés je casse les fleurs bouche les W.C. je ne respecte pas l'argent qui tombe des poches trouées de ces pauvres gars qui ont peur de toi mon sang iguane et moi toujours questionnant mon sang que je traite de voirie urbaine de rat pesteux d'épidémie de lunes malodorantes de négation de tout ce à quoi on est heureux et avide de s'aggripper pendant la pluie quand la houille coûte autant que le sang mon sang vomi mon sang qui ne va pas aux homards des deux lingots d'encens plein les moustaches et la coupe à l'Italienne mon sang qui boîte écorne fait vieillir mon sang vaurien mon sang ordinaire mon sang tergal d'hiver où j'apprends à me cacher à mieux compter le verglas et la grêle mon sang trottoir mon sang bâtard docile et retors pas chien de salon pas pour les dames au sourire de cuivre rouge le vrai sourire d'héliante c'est toi sang décent qui dérapes toujours vers les racines du désordre mon sang lèpre mon sang comme Saint-Just sur l'échafaud mon sang tu trembles mon sang tu sacres un vrai malfaiteur mon sang tu flingues mon sang tu as l'oeil terroriste mon sang tu as fui d'une gibbosité de main de maître empierrée mon sang dans quoi tintent des chaînes et des vraies cloches de palais mon sang qui passe une mauvaise après-midi et qui passera une mauvaise nuit et un lundi de rides mon sang tu ne gagnes pas aux loteries mon sang tu traînes ta sauce juteuse giclée d'un fond de sève d'astres égorgés sur le silex et le caroubier sur les dernières volutes du vertige et d'un renoncement remis mon sang tu écoutes l'abîme et les vétérans qui savent bien prononcer les mots usine boîte de conserves et mandat-carte mon sang tu n'as pas compris que tu dois faire tes ablutions comme un bon musulman mon sang je dois crever un jour je claque les portes de mon sang je perds dans ses marasmes le Rubis des rubis le Sang des sangs et le pire des pis mon sang éditeur mon sang je m'exile avec des tonnes de tourterelles et d'ivoire.
 
JE CROIS QUE C4EST CE QU AURAIT ECRIT M.K.D

Il était une époque ou les berbères étaient des hommes assoiffés de liberté, attaqués de tous les cotés, ils ont su sauvegarder leur indépendance et la pernité de leurs nom. Depuis des siècles sont passés, des civilisations ont peris, d'autres se sont construits. Désormais les guerres ne se font plus en corps à corps, on ne regarde plus l'ennemi dans les yeux, on ne lui fait plus avaler le sable qu'ils voulait conquérir avant de le jeter à la mer. les avions volent à des dizaines de kilometres dans les cieux et sèment la désolation et la mort...les hommes n'ont plus besoin de courage ni de bravour pour gagner les guerres. la force des berbères, leurs courage ne pèsent plus grand chose. ils ont ouvert les portes à des dizaines de chevaux de troie, a des milliers de brigants qui se font passer pour des religieux sans defence. les berberes sont relégués sur la marge de l'histoire, sur les bancs d'attentes a contempler les horizons, à marquer les moments de la journée par l'ombre du soleil, la nuit par les étoiles. un berbère parti en ville est un berbère perdu, perdu à jamais et nous fera perdre aussi. il s'identifie aux citadins dès le premier jour, il enlève sa tunique et son poignard , il ne parle plus qu'un arabe batard, sans tête ni queue et provoque les railleries des voisins et de ses collegues de travail quine sont autres que ses anciens voisins arrivés avant lui...au retour, il sème la désolation avec ses modes importée et quelques mots glissés dans son berbère, J ETAIS EN VILLE MOI, ALLEZ Y SI VOUS ETES DES HOMMES, JE NE SUIS LA QUE LE TEMPS DE SALIR MON UNIQUE CHMISE BLANCHE ET JE REPART AU PARADI... cette image avait exacerbé MOHAMED KHAIR-EDDINE.
l 'epoque est révolue, les berbères ne restent plus bouches ouvertes devant les panaux publicitaires, les berbères ont appri a piloter les avions, ils maitrisent le NET, ils agressent désormais les ennemis sans les voir avec bravour et courage.
un berbère parti en ville ne se donnent plus en spectacle à gromeler une langue qui n'est pas la sienne, il parle berbère, au lieu des railleries, il provoque la peur et la colère des uns, la sympatie et la fascination des autres.
 
moi, l'aigre, je représente à moi seul tout un peuple, mais la question qui se pose est; sont-ils digne d'être représenté par moi.



"MOI? L'AIGRE" M.K.D
 
Le non-dit

« Les peuples chantent
à minuit quand les icônes sortent
des cadres qui les retiennent prisonnières,
ils foulent aux pieds les vieux démons ;
des dictateurs sont liquidés sans sommation
et leur engeance subit le pire des châtiments ;
toutes les nomenclatures tombent
au pied d’un mur incandescent.
Ces sacs de son qui te commandaient, peuples,
ne furent jamais que ton sinistre bâillement ;
quelques balles eurent tôt fait d’exprimer ta fureur
en réduisant à l’état de poussière qu’il était
ce Ceausescu terne, outrecuidant.
Ici, on liquide un démon sédentaire,
là-bas est libéré un leader charismatique !
La Mort avec ses attributs qui sont la faux et le squelette ricaneur
S’amuse en tes yeux, peuple,
et danse
ainsi que la Tornade
au- delà des balles, des haines et des lames ;
elle ne connaît rien,
aucune liberté,
et pas une oriflamme ;
elle t’effleure et t’effeuille,
te pulvérise ; elle passe,
passe et repasse
par ta voix, tes pas, tes amours,
tes joies, tes pleurs, tes terreurs… Ici
c’est le malentendu
entre tous ceux qui défèquent en une goulée de sang.

Cependant, à minuit, quand les icônes s’arment,
Les peuples rouvrent la boîte de Pandore,
Mais l’Espérance n’y est plus. N’y est plus
Qu’un poison sans antidote.
Il les rend fous, les prend
à la gorge, les distend
comme la toile d’un navire en perdition.

Les cages s’ouvrent et le museau des armes
parle
aux crimes couronnés : les fleurs
se remettent à charmer
le poète qui dit au fusil les noms
complexes de la vie.

D’autres peuples zonent,
battent la campagne ; cloches
pathétiques : ils lèvent vers le ciel
des moignons térébrants.

Le Soleil n’entend pas tes jérémiades, apôtre !
conduit ton troupeau à la rigole léthargique
où ne burent que l’Ange Intelligent et l’Ombre
qui de tes rêves font un tapis ruisselant
d’oiseaux, de bigarrures éclatantes,
d’ors vermeils, des femmes pures, drossées
engrossées d’enfants et d’hommes lus
dans les silences éternels :
silences cuivrés du hennissement rétif de l’Orient
fauconnier sans arbalète…

Car l’écrit parfait sourd
du simple pleur d’un enfant parmi
les immortelles, les azalées, parmi
l’éventail parfait des ichneumons.
… »

Mémorial
M.Khair-Eddine
 
LE CHAMELIER FOU
MOHAMED khair-eddine

chamelier, ta caravane sera la lame
et l'épure
de l'ecume et du pisé:
une orchidée bleue de quasars

le jeu du colobri
et le lunettes de Galillée
Galili Galilio, voici fleurir
l'inquisition sorcière!

les calendes détonent en le cri fétide des morts;
c'est l'insolence des crapauds,
la vitre et la plume mal cousue des oiseaux

c'est à claquer du bec
parmi tes miroirs fauves,
si pathétique Gorée,
debout
sur l'enfance du soleil,
chemineau des épactes,
comme toi, vieux chamelier, allant, venant,
parmi les tourterelles
et le calendrier munificent du sol.

je les couvris de postules,
crapauds buveurs de sang,
amarrés aux phalènes,
aux ordinaires ephimères;

c'est la glause d'un univers,
courbé sur les cils d'un vieux élémentaire.

mais toi, Quatzal ?
...
quetzal ?
on tue mes descendants et j'ai vu errer les ombres
à travers le désert fou...
mais que dis-tu, Quatzalcoatl ?
...
j'ai vu bondir le fauve,
j'ai vu des sacrilèges.
Quatzal !

ils montaient desordonnés, vers mon âme,
ils violent toutes les femmes,
les saintes et les passantes;
ils exacerent le voeu de centaure mythique,

mais la terre se souvient et les volcans la remuent.

in Tifinagh, num 7, sep 1995
Revue de culture et de civilisation...
 
...
le dernier mot n'existe pas
la dynamite du premier mot suffit
hommes, mes barils de poudre;
hommes immunisés contre l'homme;

homme qui n'a plus le temps de douter
homme qui copes tes crachats et ne boite pas
à l'envers
homme regard perdu;
quand la poèsie eut atteint le plus vert du délire
et que le desert aurait rendu tout son eau
à cet ininterrompu mal qui t'animait
Rimbo
quant l'homme aurait soufflé la vraie lampe d'Aladin
quand Ali Baba eut plastiqué le néant
quand Jesus eut fini de dévorer sa croix
quand Mohammed eut roulé suffisemment d'argent
pour casser toutes les pipes.
 
POUR MA FEMME

des cris, des blanes d'effraies d'angoisses
et la nuit nue happée a ras
du vol froid du sang des soifs-j'ai de ma steppe
l'énormité d'un souvenir de lion léchant
les figues bleues du sinistre
ou se convulse l'orage armé de ma naissance

je vous entends sous ma carcasse de blocs de sang
fagots d'etoiles vomies par l'orage des enfances
d'oponce ou circulent le tionyx et l'ambre
mais je porte malheur, je porte une damnation
d'olivier
aux jujubiers de naissances éjéctées
de massacre
quand tu t'avance parmi les champs hybrides des
yeux
comme la lune tombée dans le lait des mygales

MOHAMED KHAIR-EDDINE
SOLEIL ARACHNIDE.
 
REFUS D'INHUMER (yougi amttal)

je ne pleure pasq ce sang hué
mais un vol de buses
aussi haut que le sang porte sa facture
irremédiable
avec l'ecluse ou la mort s'appuie contre mon oeil

soleil
tes bequilles crèvent manifestement
le cris bref des glèbes jetées au ciel

ma poitrine est une caisse d'armes mal fermée
et qui saute mieux que criquet
par le silence de mon oeil
par la saveur du rocsans echo
ou le berbère lape ses rétines.

Moh Khair-Eddine

est ce que quelqu'un aurait le nom de la maison d'edition et l'année de publication du receuil : "résurrection des fleurs sauvages" de ce poète.
 
De rien aksel ;-)
mais il faut également y associer Azra qui nous fait découvrir des textes de ce grand poète.

Pour essayer de répondre à ta question, Azra :Résurrection des fleurs sauvages est un recueil de poèmes publié en 1981- édition Stouky-Rabat ( d'après info Google)
...
"Et quand ils le mirent en cage, flagellé, il ne pleura point ; il sourit au tortionnaire qui redoubla de coups si furieusement que certaines étoiles explosèrent en la trame déique ;
le tortionnaire content de son œuvre maudite
l’attacha au sommet d’une montagne
et lui planta le kriss au flanc
mais il sourit encore ;
il recouvrit aussitôt la droiture et la vigueur
seigneuriales ;
le tortionnaire, honte de la nature, tenta de fuir ;
il le retint et le bénit. Le tortionnaire rampa à ses pieds et vit au fond des âges et au-delà des âges anciens et à venir
les Cocytes et les Tartares,
Proserpine et le Curare,
et toutes les Fauveries-,
lui qui n’avait jamais distingué une étoile des braises leva son crâne chauve et sut d’un coup que c’est au fond des galaxies sismiques
que la Mort est bel et bien assise parmi les couronnes retirées aux ombres qui furent royales en la terre obstruée…
Il ne put énoncer son nom ; en avait-il ? Mais il sourit au Sourire éternel et fut incontinent placé parmi les sages
Et les singes indéfinis qui dans ta peau alerte
-fongosité inextricable !-
extirpent du Mal écrit les bruines
tambour battant, matrimoniales
et seules ;
d’aucuns remuèrent leurs os au fond des tombes,
et des esprits, de l’arbousier au sycomore :
miroir, plage inerte ; ils allumèrent
des feux à l’encontre de ces étoiles
qui rient, lectrices averties
de tes piétinements,
de tes grimaces, de tes empiétements,
de tes sourdines, de tes cris,
de tes démembrements,
de tes cruels tintements,
des acerbes frôlements-
où que tu sois plus lourdement
que l’atroce hurlement
des impeccables trombes
qui soulèvent
les vaisseaux, les fusiliers, les canonniers :
corps expéditionnaire
tremblant dans l’élément
redoutable et redouté ; des singes
en leur caveau découvrirent
un livre paraphé
par la griffe d’un lion ;
on s’ingénia à décrypter
l’hiéroglyphe abscons ;
un Ane vint, animal fantastique,
il lut l’écrit et le mâcha : les singes
se réfugièrent dans les arbres ; l’Ane,
porteur de l’or volé des princes corrupteurs,
déglutit le livre immense
qui devint aussitôt chardon et panicaut ;
la montagne le retint, la plaine en fit un roi
le silence lui-même dut
s’y reprendre à deux fois,
il retira ses tirets et ses retraits
sur
cette sagacité ;
les séracs fondirent,
les banquises se reprirent
à rire
de ce malentendu…
les singes redescendirent
et couvrirent l’âne d’or,
d’horions et d’injures ;
toute la terre se convulsa :
« Ane, mon Ane, dit-elle,
qu’est ce que tout cela ? »
Mais il ne put répondre à cette mère
Impitoyable, car il avait mangé
Le langage des morts.
…"

Mémorial - M. Khair- Eddine
 
merci tazerzt, au Maroc j'ai cherché partout j'ai pas trouvé.
je veux savoir s'il est édité en France.
tanmirt
 
Permanence de Taous Hamrouche (suite)

il dresse sur nos rides, sur le pays un sang
neuf et si fort que se delitent les memoires
de gel, Taos! c'est encore là
que ton ombre plasmatique, entre veille et rêves
incondescente de henné, ombre de calme reflet
gisant sur ma musique!) ah! c'est encore plus bas
ou l'on fourbit les armes rouillées des mercenaires;
ou l'on dresse la tribu contre son sang!
ou l'on fournit ses enfants au fournil!
ou l'on pose ses pas sur la fourche du demon!...
ah, c'est encore plus bas , plus lointainement bas
que se tient, fripé, le grand sourire crispé
des peuples atroces qu'on enjambe comme des tombes

"Résurrection des fleurs sauvages"
Moh Khair-Eddine
 
azra a écrit :
merci tazerzt, au Maroc j'ai cherché partout j'ai pas trouvé.
je veux savoir s'il est édité en France.
tanmirt

A priori il est édité en France:la librairie Avicenne près de l'IMA le propose via une édition de 1994 , ouvrage référencé chez eux sous le N°4014. Essaye de les appeler pour voir s'ils l'ont à disposition
Et... bonne lecture
 
tazrezt;
merci, tanmmirt pour les renseignements.

Ce poème est une contribution personnelle, J'essaye d'imiter le style de Moh Khair-Eddine, avec pas trop de succes, A vous de juger et me donner vos commentaires que je recevrai avec beaucoup de gratitude:

nous arborons nos vieux Sasbous
la fureur aux crêtes
au mépris de tous les sbirs
bombes à fragmentation contre slogans!
à bas les arachnides

dots tordus, point de dots
Agadez aux tombours titanesques
des clowns compatriotes
et des burnous asphixiés

un gambri résonne au plus profond de l'Afrique
indiquant la route de l'ambre
et l'itineraire du sel,
aucune gloire.
C'est du commerce

Des crotales aux mains
et le crotale en face des yeux
la danse des esclaves au spectacle
c'est la victoite d'Aksel qu'on fête!
tu délire!
les danseuses du ventre
chez le gouverneur qui arrive du nord

Assez!
je vais provoquer des rêves
beaux comme tes cauchemars
enfer deviendrons tes nuits
aigre sanguinaire qu'on t'a connu
vieux cactus mal mouillé

sur nos terres, point de cactus, trop amères pour ses veines chétives, ici, c'est le domaine de l'arganier et des figues de barbaries, tous en épines généreuses en bonté et en colère.
 
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