A quoi ressemblait un Amazigh il y a 3000 ans

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aigis /aigidos et éghäyd

Intervention bien tardive; mais je ne laisse guère de commentaires sur les sites. C'es tout à fait exceptionnel.

J'ai été attiré par la citatation de Salem Chaker à propos d'une éventuel rapprochement de l'égide d'Athéna et du nom du chevreau ou de la chèvre en berbère. Cette hypothèse est ancienne. On peut trouver les reférences dans l'Encyclopédie berbère. (hypothèse Camps-Chaker)

Au plan linguistique ce rapprochement n'a strictement auncun fondement.

Le mot grec est très ancien et appartient au fond indoeuropéen mais ne concerne qu'e deux branches de cette famille. (deux isoglosses)

En grec même il faut établir *ag-/aig- pour le radical, -idos est une simple terminaison. (voir aiks-) ce qui ruine comptétement cette thèse. Car si on reconstruit une forme ancienne de igheyd on doit obtenir (préfixe d'état mis à part) : -*ghaydaH (-H étant ici une radicale faible tombée) qui évolue vers /ghäyd/# avec chutte de la voyelle finale. Le mot est relativement bien conservé en touareg : éghäyd/ighäydän avec passage normal de *a- à é- devant voyelle centrale et conservation de celle-ci /*ä/ < */a/.

Le mot peut se comparer au sémitique : *gadiy (GDY) "chevreau"
Mais l'indoeurépéen présente ce qui semble être un emprunt à ce groupe sous : *gaid- avec un autre ordre radical (GYD). C'est intéressant car la formation berbère en est très proche -*g(h)ayd-aH et au plan morphologique le berbère montre probablement un emprunt aussi mais cette fois ci au protolatin (*gayd-o-). Le passage de /g/ à /gh/ ne pose pas de problème. On a parlé aussi d'un mot voyageur ou de substrat "méditérranéen"...

Pour ma part je pose un étymon commun *gad- étoffé ou élargi en -y (C3/C2). Et j'analyse cette voyelle.

En réalité les choses sont un peu plus complexes. Pour en savoir plus , je vous renvoie à ma synthèse (note) qui sera disponible sur mon blog : http://blog.ifrance.com/zoulefagzennay/ : "A propos de l'égide d'Athéna" et "La chèvre comme marqueur néolithique". Je consacre d'autre part une étude détaillé à "chèvre" ou je montre entre autres que la fameuse alternance /d/ (simple) vs /d'/(pharyngalisé) dans taghatt' {-d'+t ?} /igheyd est une chimère linguistique. Voir aussi ma reconstruction du nom du chien : -*yadi:c'/*yida:c' > yidc'-a:n (issu de l'hypostase d'un pluriel recent en -an sur un pluriel interne ancien *yida:c' (en synchronie : éyädi/iyd'an (to.)

/c'/ note ici la contrepartie voisée de la pharyngale /h'/
/:/ la longueur vocalique
/'/ la marque de pharyngalisation
/*/ les formes reconstruites
/H/ une radicale faible non détérminée
/ä/ la voyelle centrale en face de /e/ qui note ici le schéva. (toureg ; Gandamès ; Jbâla ; Hassâniya etc.)

Je crois en avoir assez dit aujourd'hui.
Développements sous peu sur :
http://blog.ifrance.com/zoulefagzennay
 
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