Re : chikaya/chikayate amazigh?
On lit souvent que le mot "chikaya" en Français est emprunté de l'arabe?
Mais j'entend des Imazighen de chez moi l'utiliser, je voulais donc savoir si ce mot était amazigh ou arabe?
Le mot "chikaya" (plainte) dérive de "chakaa" (se plaindre, en arabe).
En langue amazighe (dialectes du nord comme en touareg), on utilise tous l'emprunt arabe.
En kabyle on dit "ccetki" ou "ccekti" (dérivé de "ichtakaa"), qui signifie "se plaindre" et "réclamer".
Teccetka-as i baba-s === Elle s'est plainte auprès de son père.
Ad ccetkin akk-n ad asen-d-fken tanezdught === Ils se plaindront / réclameront / feront réclamation pour qu'ils leur donnent un logement.
En touareg, j'ai retrouvé :
Eck === se plaindre (la source précise bien que c'est un mot emprunté à l'arabe).
On utilise également en touareg "gmi ghur" (chercher [justice] auprès de" ou bien "llegh" (informer; peut-être dans le sens de "dénoncer"), mais il n'y a pas un verbe ou un mot qui ait le sens propre de "se plaindre" dans la source que j'ai consultée (Motylinski, Grammaire, dialogues et dictionnaire touaregs; 1908).
Je pense que cette situation est l'un des facteurs qui poussent les Amazighs à emprunter des mots à l'arabe. Lorsque dans notre langue ancienne on n'avait pas de mot au "sens propre" de qqch, on recourait à l'emprunt.
Je pense également que parfois, on recourt à l'emprunt lorsque le mot amazigh est (peut-être) "difficile" à prononcer ou à employer dans le langage quotidien. Par exemple, même si le kabyle avait le verbe "awan" (pour "se rassasier, être rassasier; "jawen" dans les dialectes zénètes), aujourd'hui on utilise "r'wu" qui vient de l'arabe "ir'tawaa", se rassasier de boisson, d'eau).
Le verbe "awan" qui se conjuguerait comme "agad" (avoir peur) ou "agar" (être plus grand que) aurait disparu car il aurait, peut-être été tellement "éprouvant" à conjuguer ou à prononcer qu'on aurait décidé de s'en passer (?).
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