Amastan13 said:
Azul ay Agerzam,
En kabyle "occidental", l'ogresse est appelée "Teryel".
Je ne sais pas d'où vient ce nom.
En kabyle "oriental" (proche du chaoui), on l'appelle "Tamz'a".
Teryel existe aussi en tachelhit. Je connais le mot puisque mon père l'utilisait pour me faire peur.
T(h)amza (et amziw) c'est plutôt utilisé par les imazighen du Rif (Alhoceime, Nador...)
Un exemple de Tamza se trouve -si l'on peur croire le titre- sur:
http://www.youtube.com/watch?v=a8_MgZ7QcHc
Tanemmirt-nnek a gma Ameqsu,
Le rifain est un dialecte dit "zénète", il est proche de tous les dialectes parlés en Algérie centrale et occidentale (ouest d'Alger, jusqu'à la frontière marocaine). Ces dialectes ont évidemment une prononciation commune ([g] est prononcé [j], [k] est prononcé [ch], etc.), mais aussi un vocabulaire commun, que l'on ne retrouve pas toujours utilisé dans les dialectes "proto-berbères" comme les a appelés L. Galand (kabyle, chleuh, touareg, etc.).
En ce qui concerne le vocabulaire, par exemple, les dialectes zénètes utilisent le mot "tirest" pour "puits" , alors que les dialectes non-zénètes utilisent "anu" (pluriel : unan). Les dialectes zénètes de l'ouest algérien, jusqu'au Rif, utilisent "ayrad" pour "lion", mais les dialectes non-zénètes utilisent "izem" (kabyle, chleuh), etc.
Le chaoui des Aurès, bien qu'il ne soit pas un dialecte zénète, je pense qu'il est parmi des dialectes "non-zénètes" qui a été le plus influencés par les dialectes zénètes. C'est pour cela que l'on retrouve le mot "Tamz'a" utilisé en chaoui, mais également en kabyle oriental (proche du chaoui). Puisque l'ogresse a deux noms en amazigh, "Teryel" et "Tamz'a", cela pourrait nous conduire à penser que "Tamz'a" est soit zénète (attesté en rifain), soit le résultat d'une influence zénète sur les dialectes non-zénètes où il est utilisé (chaoui, kabyle oriental et chleuh).
Lionel Galand a fait dans un article la distinction entre dialectes zénètes et "proto-berbères". Personnellemnt, je ne suis pas d'accord sur cette terminologie, car si l'on appelait les dialectes "non-zénètes" de proto-berbères, cela signifierait qu'ils sont "plus anciens" que les dialectes zénètes, alors qu'il n'y a pas de preuve sur ce sujet. Les Zénètes sont une confédération qui pratiquait sans doute l'élevage, et qui a commencé à migrer de la Libye ou la Tunisie vers l'ouest de l'Afrique du Nord. Ils ont parcouru, pénétré dans les montagnes et se sont réfugiés et mélangés durant des siècles avec les Amazighs sédentaires ou nomades du reste de l'Afrique du Nord. D'où l'influence du zénète dans la prononciation de certains mots dans pratiquement tous les dialectes non-zénètes (et en particulier, le chaoui).
Les dialectes zénètes ont également la particularité d'avoir des noms masculins ou féminins sans voyelle initiale :
tyazid't (poule, en mozabite), alors qu'en kabyle on dit "tayazid't"
td'uft (laine, en chaoui et mozabite), alors qu'en touareg on dit "tad'uft".
tfuyt (soleil, en mozabite), alors qu'en kabyle on dit "tafukt" (le [y] est une variante du [k]).
Le chaoui ne peut être considéré comme un dialecte zénète (selon un linguiste chaoui que j'ai rencontré, Djamel Nehali, de l'université de Béjaïa, Algérie, ainsi qu'un chercheur chaoui, Mr. Tibermacine, de Batna). Bien qu'il soit influencé par la prononciation zénète dans certains mots, le chaoui ne présente pas de manière permanente les caractéristiques des dialectes zénètes. Par exemple, pas tous les mots du vocabulaires chaouis sont prononcés avec [ch] ou [j] :
On dit "amjer" (faucille) alors qu'en kabyle on dit "amger".
On dit "jar'ef" (corbeau) alors qu'en kabyle on dit "agaref".
Mais le chaoui dit :
Argaz (même chose en kabyle), alors qu'en mozabite (zénète) on dit "arjaz".
La langue amazighe des Aurès aurait été influencée par le zénète pour, peut-être, des raisons géographiques et historiques. En ce qui concerne la géographie, les Aurès, bien qu'ils aient une population farouchement hostile à la pénétration étrangère, leur terrain est moins accidenté et inaccessible que celui de Kabylie ou de l'Atlas tellien ou marocain. C'est ce qui explique la pénéntration romaine, dans l'antiquité (aux Aurès, il y des vestiges de nombreuses villes romaines : Timgad, Madaure, etc.) et peut-être, une pénétration zénète par la suite. La cause historique serait que, après l'invasion des Banu Hilal sur les Hauts-Plateaux algériens, beaucoup d'Amazighs zénètes se seraient réfugiés dans les montagnes des Aurès, beaucoup plus proches des Hauts-Plateaux, ainsi que dans toutes les montagnes de l'ouest algérien (ou même dans plusieurs oasis du sud algérien).
Je crois qu'il n'y a nul doute que la population amazighophone des Hauts-Plateaux algériens était essentiellement zénète, et ce, avant même que la domination romaine ou byzantine ne disparaissent. D'ailleurs, plusieurs toponymes amazighs qui subsistent encore dans les Hauts-Plateaux laisseraient supposer que c'était l'amazigh zénète qui y était parlé avant que la région ne se soit arabisée (il existe une localité appellée "Tadjmout" près de Djelfa, et Djelfa elle-même dériverait du mot zénète "adjelf", qui signifie "nid" -en kabyle "agdef"). En plus, au 9e siècle, et après la destruction de Tahert, les amazighophones qui se sont enfuis vers le sud et ont fondé Ghardaïa étaient des zénètes, et ce sont les Mozabites d'aujourd'hui. Tout cela porterait à croire qu'avant la venue des Banu Hilal, au 11e siècle, tous les Hauts-Plateaux algériens étaient "zénètophones".
Enfin, le mot "amz'iw" (monstre) est également utilisé en chaoui.
Tanemmirt-nwen
Rzut ghef udeg-nnegh - Visitez notre site :
http://imedyazen1.tripod.com