Re : Parution de Tamedoult : histoire d’un carrefour de la civilisation maroco-touar
Je ne pense pas que vous auriez eu la même réaction si tous les noms français de ville (Port-Lyautey etc.) avaient été maintenus.
Vous auriez sûrement crié au scandale et à l'effacement de la mémoire et de l'identité historique d'un peuple.
Mais si la même chose est appliqué en direction de l'arabe, on parle d'évolution linguistique, de contacts culturels !
C'est certainement valable pour quelques noms, mais je ne crois pas que ce soit systématique ni envisagé sous un angle négatif à la base.
Vous dites cela car culturellement, vous êtes dans le camp du fort, du dominant, du pouvoir dans le sens où il est arabisant. Tout ce qui attaque les symboles culturels amazighs ne vous affectent pas plus que ça car ces attaques consolident votre propre sphère culturelle : l'arabisation de l'environnement marocain.
Quand les pouvoirs étatiques et locaux emploient systématiquement l'arabe pour nommer les lieux du pays et des villes (quartiers Najah, al-Qods, Hay Machin, Hay Truc), c'est bel et bien voulu.
On assiste à un changement d'attitude ces dernières années avec des quartiers d'Agadir qui prennent des noms amazighs (Tasila,...) ou les nouvelles villes Tamesna, Tamansourt (dans sa forme).
Tous les toponymes, noms ethniques... connaissent une évolution naturelle que ce soit au Maroc ou partout dans le monde.
Ce que vous ne voulez pas admettre (pour les raisons que j'ai citées plus haut), c'est que cela n'a rien de naturel !
Quand une population entière se nomme, s'identifie à des noms et les emploie depuis des temps immémoriaux dans sa langue, il y a une charge symbolique très forte.
Le fait de déformer artificiellement (et pas naturellement) à l'écrit ces noms est tout sauf une évolution naturelle de la langue car la langue, elle, n'est pas affectée.
C'est la représentation que s'en fait le pouvoir (politique et/ou culturel) qui essaie de s'imposer à la réalité du terrain.
Votre réaction est caractéristique du monde politico-culturel darijophone qui proclame partout qu'il est pour la reconnaissance de l'amazigh. Mais cela à une condition : qu'il reste où il est et ne prétend pas à reconquérir ce qui lui est dû. Pour cela on trouvera toutes les pseudo-explications possibles.