Que pensez-vous de la loi sur la création d'un berbère commu

Après avoir lu et relu tous les articles et les motivations de chacun et Dieu sait qu'il y en a et pas des moindres, je constate que chacun ou du moins la plupart veut ou présente une volonté à ce que sa langue soit là bien réelle. Chacun parle de ses particularités et j'en reviens toujours à ma question de départ.

je ne suis pas encore convaincue et c'est dommage pourtant je partage le point de vue général qui est de nous voir grandir aux yeux des arabes (qui soit dit en passant ne sont pas tous racistes envers les berbères). Je constate aussi que au delà de la langue comme dit un de nos co-lecteur il y a l'histoire berbère, je veux bien, mais prend-on réellement les histoires de toutes les régions berbères car les Souss et les Chleuh de ouarzazate n'ont pas la même Histoire.

De plus, les différents contes berbères que je lis dans les différents sites ne sont pas les mêmes que ceux que me racontait mon grand-père (Ati rham rabi). Comment va-t'on gérer cela ? Est-ce qu'on va standardiser cela ou va-t'on seulement raconter des histoires représentatives de chaque région ou un amalgame des histoires. (qui serait du n'importe quoi.....)

Enfin, ce que je peux dire c'est que j'aime ma région (c'est normal) et j'ai du respect pour les autres. De plus, moi qui aime particulièrement ma région, je cherche tous ce qui peut se rapprocher d'elle (habits traditionnels, bijoux anciens, chants traditionnels...)

Cette standardisation me fait craindre le pire, moi qui recherche à me rapprocher de qui m'est le plus cher, j'ai l'impression que cette démarche va petit à petit m'enlever cela
 
Suite à mes lectures, je pense que la solution serait peut être de créer un bilinguisme en Tamazight; je m'explique: créer une langue Tamazight commune et parallèlement continuer à apprendre (et à enseigner aussi)les parlers propres à chaque région qui seront ainsi préserver. je pense que les bèrbères naturellement multiculturels pourront facilement s'adapter. on pourra alors conserver l'originalité de chaque dialecte (dialecte imprégné de l'histoire et de l'évolution de chaque région) et avoir une langue standardisée commune qui facilitera l'inter-compréhension entres les communautés amazighophones.
 
Tu vois tu as eu par là une bonne idée, tu as très bien compris le pourquoi de ma démarche et de ma requête.

Je sais qu'on ne prendra pas compte de ta remarque du fait que le projet est déjà lancé mais j'espère que les intellectuels de l'IRCAM liront cette remarque qui soit dite en passant reflète exactement ce que je demande.
 
tout comme toi Lala, perdre la spécificité de chaque dialecte lourdement chargé en affection me fait peur aussi...cette idée je l'ai déduite d'aprés des écrits de Rachid Raha, chercheur en anthropologie bèrbère, originaire du Rif. :)
 
alhamdolillah qu'enfin je trouve un allier, je me sentais seule voire même isolée de tout. Mais là, tu me redonnes confiance au moins je ne suis pas la seule à douter.
J'espère trouver quand même en ce projet une bonne chose pour nous les chleuh qui ne sont pas forcément représentés dans cette marche vers l'uniformisation.
Merci encore mon ami de me comprendre
 
si on est pas représentés et bien on va, comme les dures épreuves de l'Histoire nous ont appris à faire : RESISTER :-D



[ Edité par beda le 31/8/2004 21:42 ]
 
Oui Beda, je suis d'accord avec toi, les épreuves au cours de l'histoire ont été énormes et machiavéliques, mais elles n'ont pas beaucoup endommagé notre langue, du moins pas comme nous l'avons fait nous même!!
 
Pour etre plus comprehensible, je relie les deux sujets:
Celui des mots etrangers qui penetrent dans notre langue et les dommages causés, surtout par nous memes:

Avant de parler des mots et de leurs origines, essayons tout d’abord de survoler le paysage sociolinguistique marocain, cela nous donnera pas mal de définitions et surtout nous éclairera les divers tenants de ce phénomène.
Le Maroc, est un pays ou se côtoient- pour des raisons historiques, économiques, et coloniales- bien des langues, quatre pour être plus précis (Amazigh, arabe, Français, espagnol). Chacune présente des caractéristiques qui lui sont bien propres, et qui par voix de conséquence, lui confèrent une place dans le cadre de ce qu’il convient d’appeler le marcher linguistique des langues.
Ce marcher se présente, au Maroc, comme suit : Rappelons que nous nous contenterons de représenter que l’Amazigh et l’Arabe.
I- L’Amazigh : C’est plus « un protodialecte », qui est en voix de renaissance. Pour le moment, on a tendance à le représenter sous ces trois dialectes nationaux :
1- Rifain, qui concerne plus au moins le nord du Maroc.
2- Tamazight, qui se parle notamment vers les montagnes de l’Atlas.
3- Tachlhit, qui est parlé dans le Sous-Massa-Drâa.
Notons que ces délimitations géographiques restent très vagues.
II- L’Arabe : Qui est représenté sous deux formes essentielles :
1- Arabe moderne, c’est la langue officielle, constitutionnelle et institutionnelle du pays. (Je ne parlerai pas de l’Arabe classique, qu’on retrouve par exemple dans le Saint Coran).
2- L’Arabe dialectale, c’est la langue ou plutôt le dialecte de la rue. Il présente aussi des variantes régionales. C’est plus un vernaculaire, loin de tout ce qui est officiel.
Des interactions au sein de la société, résultent deux phénomènes sociolinguistiques, le bilinguisme et la diglossie.
Le bilinguisme, est la capacité de l’individu à alterner deux langues avec une aisance égale. C’est par exemple le cas de ceux qui parlent parfaitement le français et l’arabe moderne.
La diglossie, est la situation dans laquelle un individu utilise deux langues qui n’ont pas la même valeur sur le marché linguistique locale.
Pour mieux comprendre ces deux définitions il convient de définir les critères d’évaluation d’une langue au sein du marcher linguistique. Ils sont au nombre de quatre :
1- L’Historicité : C’est le fait qu’une langue aie eu une longévité d’existence qui permet son étude diachronique et synchronique. Autrement dit qu’elle ne date pas d’hier.
2- L’Autonomie : C’est l’indépendance qui marque une langue à tous les niveaux : syntaxique, lexicale, …
3- La Vitalité : C’est le fait que la langue soit encore utilisée par une communauté linguistique donnée
4- La Standardisation : La reconnaissance étatique de la langue comme langue officielle, institutionnelle et constitutionnelle, concrétisée par une présence au sein de l’éducation, de l’économie..
Ces quatre critères, par leur présence ou par leur absence, octroient un degré HIGH ( Haut) ou LAW (Bas) à la langue en question.
Pour l’Amazigh cela donnera :
Historicité : Présente.
Autonomie : Présente.
Vitalité : Présente.
Standardisation : absente.

L’absence de la standardisation confère à l’Amazigh un statut Low autrement dit: Bas. Elle est la langue dominée. ( Nous y reviendrons aux consequences de cette situation).
Pour l’Arabe Moderne :
Historicité : Présente.
Autonomie : Présente.
Vitalité : Absente.
Standardisation : Présente.

Pour l’Arabe Dialectale :
Historicité : Présente.
Autonomie : Absente.
Vitalité : Présente.
Standardisation : absente.

La présence de tous les critères à travers les deux variantes confère à l’Arabe une place de privilégié, elle est la langue High, et donc un statut haut !!

Les conséquences des résultats du marcher linguistique sur la situation psychologique de l’individu sont impressionnantes ! Puisqu’un arabe, au Maroc, peut se permettre de parler l’arabe partout, et donc se sentir supérieur ! Même face à un chleuh, ce dernier est, quelque part, forcé de répondre en arabe. Alors qu’un chleuh ne peut se permettre d’utiliser sa langue pour tout ce qui est institutionnel, ce qui le conduit vers un sentiment d’infériorité, et donc percevoir l’arabe comme un regain de confiance, et une acquisition « plus utile ».
C’est ce qui explique, grosso modo, la tendance des imazighen à être arabisés, surtout dans le milieu urbain. Cela se fait sur deux ou trois générations.

Pour en revenir au sujet de départ, les mots étrangers qui sont adoptés dans notre langue :
Ils sont liés à cette situation, puisque dans un cadre de bilinguisme, l’individu est appelé à manier plusieurs langues, ce qui facilite la pénétration de quelques mots d’une langue a l’autre.
1/ Prenons l’exemple : Talkiwt ( fenêtre). Notons que dans ce cas le mot existe au sein de la langue.
Certains trouveront plus branché de dire : Cherjam.
Au fond ce n’est pas une question de branché ou pas mais c’est une question psychologique. Quelqu’un qui parle arabe est plus au moins estimé et passe pour plus respectueux !!
A partir de cette situation de bilinguisme est généré ce qu’on appèle : le bilinguisme de remplacement, qui est le fait qu’un mot étranger, prenne définitivement la place du mot d’origine, ce qui éradique ce dernier et porte atteinte à la pureté de la langue. Aujourd’hui, on peut en constater les dégâts : essayer de parler sans utiliser un mot arabe ?
Donc pour résumer :
A/ Mot Amazigh : talkiwt (on pourrait trouver d’autres synonymes).
B/ Situation bilingue ( avec diglossie : langue High et langue Low). Talkiwt/ chrjam.
C/ bilinguisme de remplacement : effacement de Talkiwt, et utilisation de Cherja qui passe pour normale.

2/ Prenons l’exemple, Travaux publics :
Ce mot provient du français, à l’époque coloniale.
Il a connu trois processus :
1/ Adoption : qui est le fait d’adopter un terme étranger. Donc le mot sera connu par la population autochtone, elle en comprendra le sens et commencera à l’utilisé dans son bon contexte.
2/ Adaptation : Comme chaque langue dispose d’un système phonologique qui lui est propre, les autochtones auront beaucoup de mal à bien prononcer le mot, ce qui engendrera des modifications tant au niveau phonétique que phonologique. ( le R sera roulé, le V deviendra B, le P deviendra B ( Assimilation retro-spective). Cela donnera : Trabobublique
L’annulation des deux voyelles U et I, donnera une gémination des deux B, cela donnera TraboBlique
Traboblic
Et enfin le mot a atteint sa phase finale, qui est tout à fait adaptée à sa nouvelle langue !!
La plupart des mots dont nous n’avons pas l’équivalent au sein de notre langue ont forcement connu un parcours similaire, à quelques différences prés !!
Remarque : On pourrait les considérer comme néologismes, du moins pour notre langue !!

Pour résumer, il y aura toujours des mots étrangers qui pénétreront au sein de notre langue sauf que les plus dangereux sont ceux qui ont des équivalents en Amazigh, ils causent la perte des mots originaux et prennent leur place !! Ce qui porte atteinte à la pureté de notre langue !!
Cependant, les langues connaissent des échanges qui les enrichissent :
*De l’arabe à l’amazigh : Tous les mots relatifs au champs lexical religieux.
*De l’amazigh à l’arabe dialectale: Le système phraséologique, grammaire et structurel surtout au niveau de la phrase.
*Du français à l’amazigh : Tout le champ lexical relatif aux technologies ( comme pour l’arabe d’ailleurs).
*De l’espagnol à l’amazigh : muneca qui donne monika ( poupée).
*De l’amazigh aux langues indo-européennes : Orti qui a donné Orticulture.
Donc les échanges sont concrets, mais ils ne s’inscrivent pas tous dans un même processus et surtout ne présentent pas tous le même danger !!
Le but pour moi, à travers ces explications, c’est de prendre conscience qu’on y est pour quelque chose dans l’appauvrissement de notre langue !! Peut-être inconsciemment mais c’est un fait !!
A vous !!
 
Yop ! Je prend la balle au bond.

D'abord, comme on dit toujours

IL N'Y A QUE LES LANGUES MORTES QUI N'EMPRUNTENT PAS !

Donc ce phénomène en lui-même est effectivement naturel et remonte à l'aube des temps.

Là où cela devient négatif c'est lorsque, comme tu le dis, on remplace des mots existants.

Il suffit de voir dans le Souss, on a remplacé les mots FEU et ARBRE par des mots venant de l'arabe ! Pour des mots aussi simples et symboliques, on se rend compte de l'ampleur du phénomène !

Heureusement, le Tamazight est dans une phase de reconstitution de son lexique, mais le phénomène demeure académique (qui dit AMAYNU au lieu de JDID quand il parle ?!!)

Un autre problème réside dans la forme des emprunts, autant avant ils étaient berbérisés, autant maintenant ils prennent une forme darijisée.

Exemple : GOURBI en français a donné AGURBI (si je ne me trompe pas). L'emprunt ayant été fait avant cette influence explosive de l'arabe par les media.
De nos jours, nous aurions eu sans aucun doute LGURBI !


Une dernière remarque : dans l'Antiquité, les emprunts de mots étrangers contenant des P se faisaient en remplaçant le P par F.

Exemple :
PULLUS --> AFULLUS
PALA --> TAFALA

De nos jours, sous l'influence de l'arabe, la substituion de fait par B.

Exemple :
Paris --> BARIS
POMPE --> LBUMBA (avec la forme darijisée maintenue)

Même les mots arabes empruntés à de plus anciennes époques prennaient une forme berbère comme TAZALIT, TIMZGIDA, ...

Donc avant, l'emprunt se faisait :
- souvent (pas toujours) pour exprimer quelque chose qui n'existait pas (une mosquée)
- en berbérisant le mot (MASJID --> TIMSGIDA)


De nos jours, l'emprunt se fait :
- très souvent en remplaçant un mot existant déjà ! (ADDAG --> CHJERT, AFA --> LAÂFIT, ...)
- Sans berbériser le mot.




[ Edité par agerzam le 1/9/2004 12:34 ]
 
Voir dans les emprunts à d'autres langues un enrichissement pour Tamazight n'est qu'un euphémisme !

En tout cas, ce truc est à consommer avec modération ;-)

Car à trop vouloir enrichir une langue, on finit par la tuer !
 
Code:
Car à trop vouloir enrichir une langue, on finit par la tuer !

Excuse moi mais ça ne veut rien dire...

Il y a 2 sortes d'apports à une langue :

ceux qui enrichissent et ceux qui appauvrissent.

Les mots empruntés remplaçant ceux existant sont un appauvrissement (arabisation du parler amazigh).
 
agerzam a écrit :

Code:
Car à trop vouloir enrichir une langue, on finit par la tuer !

Excuse moi mais ça ne veut rien dire...

Il y a 2 sortes d'apports à une langue :

ceux qui enrichissent et ceux qui appauvrissent.


A proprement parler, tous les emprunts appauvrissent et finissent même par tuer une langue !

Car une langue est struturée ( sur les plans sémantique, syntaxique, phonologique et morphologique ) de telle sorte qu'on puisse, pour peu que ses locuteurs en aient la volonté, générer des mots nouveaux ( des néologismes ) en partant des ressources même de cette langue ( de ses règles sémantiques, syntaxiques, etc ).
 
Code:
A proprement parler, tous les emprunts appauvrissent et finissent même par tuer une langue !

Pas du tout ! Les emprunts enrigissent une langue, cela dépend comment ils sont fait comme dis plus haut.

Il n'y a pas une langue au monde qui a emprunté comme l'anglais (dans les grandes langues)...

En Tamazight, on ne va pas s'amuser à construire des mots pour tout TELEVISION, DEMOCRATIE etc.

Que ce soit les Russes, les Albanais, les Turcs, ... ils emploient tous DEMOKRATIK.
Même l'arabe l'emploie !

Certains militants amazighs on reconstruit un nouveau mot, c'est bête.
 
agerzam a écrit :

Là où cela devient négatif c'est lorsque, comme tu le dis, on remplace des mots existants.

C'est vrai que cette manie, qui consiste à emprunter par simple snobisme à l'Arabe des mots déjà existants en Tamazight, est encore plus dommageable !

Car elle finit par gangréner tous les registres lexicaux de la langue, même les plus élémentaires !
 
Je pense que Agerzam est plus proche de la réalité du terrain, alors que Agraw n Baris, tend plus vers ce qui devrait être fait!!
C'est vrai que le fait d'adopter un mot étranger qui n'a pas d'égal au sein de la langue peut passer pour normale, mais si on veut vraiment avancer, je pense qu'il faut aussi commencer par une traduction de tous les mots étrangers, et Dieu sait qu'il y en a, en Amazigh.
Le procèdes selon moi pourra se faire en partant de la racine du mot le plus proche sémantiquement.
Exemple: Avion, en Amazigh donnera tiyara
mais on peut imaginer un mot taylalt, dérivé du mot ayl (voler) ou aylal (Aigle).


[ Edité par Takfarinas le 1/9/2004 15:00 ]
 
Non cela dépend du champ d'application du mot.

J'avais lu un texte à ce sujet, faudra que je le retrouve.

Par exemple.

Pour AVION, ok il faut prendre à partir de la langue.

Mais pour des mots comme TRANSISTOR, DEMOCRATIE ou autres, il est recommandé de les prendre comme tels.
 
agerzam a écrit :
Code:
A proprement parler, tous les emprunts appauvrissent et finissent même par tuer une langue !

Pas du tout ! Les emprunts enrigissent une langue, cela dépend comment ils sont fait comme dis plus haut.

Il n'y a pas une langue au monde qui a emprunté comme l'anglais (dans les grandes langues)...

En Tamazight, on ne va pas s'amuser à construire des mots pour tout TELEVISION, DEMOCRATIE etc.

Que ce soit les Russes, les Albanais, les Turcs, ... ils emploient tous DEMOKRATIK.
Même l'arabe l'emploie !

Certains militants amazighs on reconstruit un nouveau mot, c'est bête.

Je ne dis pas qu'il faille, aujourd'hui, confectionner tout le lexique scientifique, technique et même politique ( moderne en tout cas ).

Cela représente plusieurs milliers de mots et un travail gigantesque !

Après tout, pour ces registres lexicaux, même des langues comme le Français et l'Anglais font appel à l'ethymologie gréco-latine.
C'est le cas, en Français, de mots comme démocratie, hémoglobine, exogamie, euthanasie, éthylène ... et de milliers d'autre mots.

En revanche, pour le reste on doit quand même faire un effort !
 
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