Re : Les néologismes amazighs
agerzam said:
En Tachelhit,
aider : aws (tiwizi)
secourir : je ne sais plus al forme exacte mais elel doit être proche du kabyle car le verbe à donné talilt, pl. tilila : le secours
ablad' : existe aussi, mais il em semble que c'est plutôt une pierre ronde de rivière
ghli : grimper, monter (l'inverse !)
Azul fell-ak a Agerzam,
Tanemmirt bahra f yineghmisen-nnek,
Le verbe "awes" n'existe plus en kabyle, mais il a laissé un "vestige" : c'est le mot "tiwizi". Peut-être que la forme ancienne de "tiwisi" c'est "tiwisi". Ce mot est utilisé même en arabe dialectal "twiza". Je crois que la forme "twiza" est reprise à un dialecte zénète (car les dialectes zénètes étaient, jusqu'à un temps récent, les dialectes les plus dominants dans le nord de l'Algérie (centre et surtout ouest).
Le verbe "awes" signifie en touareg (Ahaggar) "payer". Là, on peut dire que la notion de "aider" et la notion de "payer" sont proches. Je pense que le sens ancien, original de "awes" c'est "aider".
Le verbe "alel" en kabyle est en voie de disparition (très rarement utilisé). On utilise l'expression "ad k-yalel R'ebbi" (que Dieu t'aide). En touareg on a la forme "ilal" :
Amis-waregh é k-yilal
Amis-waregh ad k-yilal (Alghem-a ad k-yalel === Ce chameau t'aidera).
Ablad' : ce mot est très utilisé en Kabylie orientale (Soummam et Babors). Il semble qu'il ou qu'il était utilisé dans l'Atlas blidéen (sud d'Alger, Algérie centrale), car il existe une ville qui s'appelle Tablad't (Tablat) au sud d'Alger. A l'ouest de cette ville, il y a encore des amazighophones (Atlas blidéen, région de Hammam Melouane).
Ghli : ce verbe est utilisé dans la Kabylie occidentale et une partie de la Kabylie orientale (Soummam). Dans les Babors, on utilise le verbe "ud'u", qui est également utilisé en touareg.
Il existe un autre verbe : "d'er". Il signifie "descendre" dans la Kabylie orientale. Dans les Babors on dit "ad'er" (emphatique), dans le Djurdjura on dit "ader" (le [d] n'est pas emphatique). Le mot "amd'ur" signifie "figue tombée sans qu'elle ne soit mûre", ce qui laisserait penser que le verbe "d'er" signifiait également "tomber". On peut le rapprocher à "ddar" en chleuh.
Le verbe "d'ru" (utilisé dans toute la Kabylie) signifie "se passer, arriver, avoir lieu (en parlant d'un événement) :
D acu yed'ran ?
Matta yed'ran ?
Qu'est-ce qui s'est passé ?
Je pense qu'on pourrait le rapprocher de "d'er" dans le sens de "tomber", car "ce qui arrive c'est comme ce qui tombe" ...
"Ghli" en touareg "violer". Ce verbe est également utilisé en kabyle dans ce sens : "Ghlin ghef tmett'ut-nni" (on a violé cette femme === litt. On lui a tombé dessus).
Il existe des verbes dont le sens dans un dialecte est exactement le contraire dans un autre dialecte.
Par exemple, en kabyle "ssimes" (salir) et en touareg "ssimes" (essuyer, nettoyer). Ici, on pourrait expliquer cette antonymie par ceci : lorsqu'on "salit quelque chose délibérément, on l'enduit de saleté, on l'essuie avec de la saleté". Je pense que le sens original de "ssimes" c'est cette action d'enduire, d'étaler une matière sur une surface, c'est ce geste fait soit pour nettoyer, soit pour salir.
Dans le cas de "ghli", je ne sais pas.
Je pense qu'il peut également y avoir des homonymes aux sens différents avec des racines complètement différentes, mais c'est l'évolution de la langue qui a fait qu'ils soient des homonymes :
Ani : monter (un cheval, un véhicule) en kabyle oriental, chaoui, touareg, chleuh.
Ani : épouiller, chercher les poux à qqn (kabyle).
Le premier verbe, "ani" (monter un animal, véhicule) viendrait d'une forme ancienne dont la racine c'est "NY" (car le nom d'agent du verbe c'est "amnay", mot qui se termine par un [y]). Je pense que cette racine pourrait même avoir un lien avec NG (qui donne "nnig" [dessus]).
Le deuxieme verbe, "ani" (épouiller) viendrait d'un ancien verbe qui n'est plus utilisé en kabyle, "ney" qui signifie "voir" (touareg). Selon Mohand Akli Haddadou (Dictionnaire des Prénoms Berbères, HCA), le prénom "Yanni" que l'on retrouve dans le nom de la tribu "Ayt Yanni" viendrait de ce verbe, ce qui signifie que le verbe "nney"(voir) était jadis utilisé même en Kabylie. Lorsqu'on épouille, on voir, on regarde attentivement et on cherche. Dans la langue amazighe, le verbe "chercher" et le verbe "voir" sont liés. En kabyle, le verbe "muqel" (voir, regarder) est également utilisé dans le sens de "chercher" :
Muqel-iyi-d tissegnit === Cherche-moi une aiguille.
Des homonymes avec deux sens différents et deux racines différentes.
Tanemmirt
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