Les néologismes amazighs

Re : Les néologismes amazighs

tamaynut said:
Un autre sens de "Kku" évoquant quelque chose qui fait maintenant parti du passé:

Ikkatin ur a tudunt thêcmiyen s suk
: Autrefois les filles n'allaient pas au souk...
Dada Hmed, ikkatin igelin! : Dada Hmed, il "fût" le pauvre! (Il est mort)...

Afra n R'ebbi fell-am a Tamaynut,

Je crois qu'il serait interessant de commencer un thread sur la polysémie amazighe. Il y a des tonnes de littérature à rédiger sur ce sujet, et je crois que ce forum a déjà assez de membres pour faire un travail interessant, tanemmirt-nwen akk :)

J'ai remarqué, dans vos posts que le verbe "ekk" a le sens de "dominer" (tekka fell-as temghart-nnes).

En kabyle, je ne sais pas si ce sens existe (dans le travail que nous faisons en lexicographie, nous découvrons même notre propre dialecte, car on n'a pas encore interrogé tout le monde, on n'a pas encore visité toutes les tribus et les villages et collecté tous les poèmes et les proverbes, etc.).

En kabyle, "dominer" c'est "rnu" :

Tekka fell-as temghart-nnes === Terna-t tmett'ut-ines

"Rnu" a également le sens de "vaincre" et de "ajouter".

Ikkatin : autrefois

Est-ce que ce mot ne proviendrait pas d'une expression figée (yekka-t-in). Je crois que le verbe "kku" y est utilisé dans le sens de "passer (dans le temps)".

Ar timlilit ma yebgha R'ebbi

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Re : Les néologismes amazighs

agerzam said:
Pour "azrug", je crois qu'on pourrait le rapprocher du verbe "zri" (passer, kabyle, chleuh, etc.). Il est possible que la forme ancienne de "zri" soit "zrey" ou même "zreg", ce qui a laissé cette trace de [g] dans le mot "azrug".

C'est possible car au Maroc, celui qui assure le passage, la protection d'un voyageur dans une tribu est le Mezrag (celui qui fait passer ?)


Azul fell-ak a Agerzam,

Mezrag
Quel mot interessant en effet !!!

Cela nous permettra d'expliquer le nom de famille "Mezrag", connu dans la Kabylie orientale (Madani Mezrag, chef de l'ex-AIS, Armée Islamique du Salut).

Les populations de la région de Jijel (montagnes de Kabylie orientale) étaient, jusqu'à une époque relativement récente, amazighophones. Il conservent une très riche toponymie amazighe ainsi qu'un substrat non-négligeable de mots amazighs dans leur arabe dialectal.

Ar timlilit a gma

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Re : Les néologismes amazighs

imal said:
azul a gma Amastan13 f tisfiwin nnad nnk

uncka-d allagh immal mazd, iznzd’ar nkkni (imazighen) ad nsmun
tutlayt nngh a tgg yat, igh nskl yan ucnubc idran bahra.

tasukt : rue

Parce que y une expression en taclh’it : iwis n tsukt : fils de la rue

tjlitn ass arid’ gh tsukt ar ghilla : tu as passé tout la jounée dans la rue, jusqu’à maintenant.

siki lbhaim asaka : fait passer les troupeaux par asaka (la on fait passer qqn ou qqc)

asaka : passage collective assez large et permanent, où tout le monde peuvent passer lors des semences.

tanmmirt


Tanemmirt-nnek a Imal, tanemmirt f yineghmisen-nnek :)
Iles-nnegh ad yeg yan a gma :)

Le mot "iwis" / "iwi-s", signifie "fils".

Dans les autres dialectes on dit "memmi-s" (en kabyle on prononce "mmi-s").

Le crois que la forme "iwi-s" viendrait de la forme amazighe très ancienne (et panamazighe) pour fils :

En amazigh, dans tous les dialectes, on utilise le mot "aw/u et ag" pour "fils de" :

H'med U Merri === Ahmed fils de Merri.

Aw Mz'ab === Fils du Mzab

Amayas Ag Aher === Amayas fils d'Aher.

La forme "ag" en touareg proviendrait d'une forme ancienne "aw" ou "aww" dans laquelle la tension du [w] (comme nous l'avons déjà dit dans un autre post) devient [g]. Cette tension est aussi ancienne que la langue amazighe elle-même.

La forme "u" (en kabyle, chaoui, Atlas blidéen, etc.) viendrait de la forme ancienne "aw". En raison de la rencontre de la voyelle [a] avec la semi-voyelle [w], on prononce .

La forme "aw" existe encore en kabyle, bien que c'est la forme "U" qui est utilisée pour "fils de qqn". On retrouve "aw" dans "awedrar" (montagnard), "awexxam" (habitant de la maison, aw + axxam), et awelxir (celui qui fait du bien), etc.

Ar timlilit ma yebgha R'ebbi

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Re : Les néologismes amazighs

agerzam
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-------------------------------------------------------------------------------
tatrart : mot basé sur un mot touareg dont je ne connais plus le sens d'origine.

mot : taguri (il a aussi le sens de 'verset' je pense)(aksel, n'oublies pas qu'il y a un moteur derecherche sur tifawin.com ;-) )
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Ur illa kra bla kra !

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Azul fell-ak a gma Agerzam,

J'ai copié ce post du thread du "vocabulaire de l'abstrait" car vous avez mentionné un néologisme :

Atrar (itraren) :

Le mot signifie littéralement "nouveau" en chaoui (région de Batna).

M. Mammeri a essayé d'exploiter l'abondance de variantes régionales amazighes pour donner à certaines des sens nouveaux. Nous avons donc "amaynut" (attesté en kabyle, nouveau) et "atrar" ("nouveau" en chaoui et qui, par extension sémantique, devient "moderne").

Cependant, il faut être prudent avec ce genre de créations.

Dans le nouveau lexique de notre association (travail en préparation), nous proposons le mot :

Iles (ilsawen) pour langue (idiome). Il s'agit d'un mot panamazigh et facile à comprendre pour tous les Amazighs. Le mot est attesté en touareg :

Issawal s iles-nnes

Nous préférons le mot "iles" au mot "tutlayt". Ce dernier est également pris du chaoui :

Dans le chaoui et le kabyle oriental (région des Babors), "tutlayt" signifie "mot, parole, langue" (remarquez la ressemblance sémantique entre "awal" du chleuh/kabyle et du chaoui).

Ur fhimegh ani tutlayt-aha === Je n'a pas compris ce mot (Babors, Kabylie orientale)
Ad ak-inigh tict n tutllayt s tcawit === Je te dirai un mot en chaoui (Aurès)
Ayt âemmuca ghur-sen tict n tutlayt tebha === Les gens de Ammoucha ont une langue/dialecte beau.

Le mot "tutlayt" viendrait d'une racine amazighe. Le seul mot que j'ai trouvé et qui lui serait apparenté est le verbe "smetlu" en touareg (bavarder).

Le mot "asmetlaw" en touareg signifie "bavard".

A noter que même en kabyle, le mot "awal" a la même sémantique que celle du chleuh.

Awal === mot.

Awal-a ur t-ssinegh ara === Ce mot, je ne le connais pas.

Awal === parole.

Gezmegh-as awal === Je lui ai coupé la parole.

Awal === langue/idiome

D awal n yimawlan-ines ara tessawal === C'est la langue de ces parents qu'elle parle.

Ar timlilit ma yebgha R'ebbi

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Re : Les néologismes amazighs

Amastan13 said:
En kabyle, "dominer" c'est "rnu" :

Tekka fell-as temghart-nnes === Terna-t tmett'ut-ines

"Rnu" a également le sens de "vaincre" et de "ajouter".

En tachelhit:

nru: dominer, battre (dans le sens être vainqueur)...

On peut dire donc dire:

Tekka fellas temghart nes ou Tnrat temghart nes...
 
Re : Les néologismes amazighs

Amastan13 said:
agerzam
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tatrart : mot basé sur un mot touareg dont je ne connais plus le sens d'origine.

mot : taguri (il a aussi le sens de 'verset' je pense)(aksel, n'oublies pas qu'il y a un moteur derecherche sur tifawin.com ;-) )
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Azul fell-ak a gma Agerzam,

J'ai copié ce post du thread du "vocabulaire de l'abstrait" car vous avez mentionné un néologisme :

Atrar (itraren) :

Le mot signifie littéralement "nouveau" en chaoui (région de Batna).

M. Mammeri a essayé d'exploiter l'abondance de variantes régionales amazighes pour donner à certaines des sens nouveaux. Nous avons donc "amaynut" (attesté en kabyle, nouveau) et "atrar" ("nouveau" en chaoui et qui, par extension sémantique, devient "moderne").

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peut etre faut il rapprocher le terme "atrar" de "tura" qui signifie maintenant dans certains dialectes amazighs nord. turaka en kabyle je crois .
 
Re : Les néologismes amazighs

tamaynut said:
En tachelhit:

nru: dominer, battre (dans le sens être vainqueur)...

On peut dire donc dire:

Tekka fellas temghart nes ou Tnrat temghart nes...


tnrâ t tmghart nes...

mais on dit aussi rnu (il arrive parfois que deux lettres soient inversées d'une region à l'autre... rnû=nrû, fk=kf...)
 
Re : Les néologismes amazighs

Amastan13 said:
Ikkatin : autrefois

Est-ce que ce mot ne proviendrait pas d'une expression figée (yekka-t-in). Je crois que le verbe "kku" y est utilisé dans le sens de "passer (dans le temps)".

Ar timlilit ma yebgha R'ebbi

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Tu as raison

ikkattinn = ikka tt inn (deux "t" et deux "n")....litteralemnt "il a été"

le sujet de ikka est "azemz" ( le temps/epoque)

"tt" renvoie à tudert/ddunit.

donc ikkattinn (ikka tt inn) signfie "il fut un temps passée dans la vie "


Mais personnellemnt je suis favorable à ce qu'on traite cette expression comme un seul mot....elle est devenue par la force des choses une particule du temps (passé)

ikkattinn
reste invariable

ikkatinn nga imkrazen:
on etait des cultivateurs

ikkattinn tga tamghart n Hmmu:
avant elle etait la femme de Hmmu


Par contre lorsqu'on dit

Idder ikka tt inn igllin il faut le traiter comme un verbe et l'accorder (Idder il a été sur la terre , le pauvre= il est mort)

Ijja tkka tt inn (ijja a été sur la terre= elle est morte).

kkigh tt inn gh bariz: avant j'etais à paris
 
Re : Les néologismes amazighs

agoram said:
tnrâ t tmghart nes...

mais on dit aussi rnu (il arrive parfois que deux lettres soient inversées d'une region à l'autre... rnû=nrû, fk=kf...)


Azul fell-awen ay aytmaten-inu,

Exactement Agoram,

Le verbe "nru" est une forme de "rnu". L'inversion des consonnes dans un mot est appelée "métathèse" en linguistique.

Les métathèses sont des accidents. Elles arrivent dans une région quelconque et elles s'y répandent, mais toujours est-il qu'on peut la romprendre dans les autres régions.

Pour "efk" et "ekf", elle existe même en Kabylie.

Dans la Kabylie occidentale et la Vallée de la Soummam, on dit "EFK"

Dans certaines parties de la Kabylie orientale (région de Kherrata) on dit EKF.

Le fait qu'on retrouve cette métathèse dans des régions aussi lointaines (Kabylie, pays Chleuh, etc.) signifie qu'elle est très ancienne (nos ancêtres confondaient les deux prononciations :)).

En touareg on dit "ekf" (donner). La forme la plus ancienne c'est celle du touareg, à mon avis, car :

Le nom d'action du verbe "efk" en kabyle c'est "tukci", c'est le [k] qui est le premier.

C'est pour cela que l'on pourrait penser que "tukci" viendrait d'une forme ancienne, *tukfi, alors du verbe "ekf" (k + f) et non "efk" (f + k).

Dans les dialectes zénètes et les dialectes qui en sont influencés, "efk" est prononcé "ucc". Il viendrait d'une ancienne forme *ecf (= ekf), car le [k] est prononcé [c] dans les dialectes zénètes.

Les métathèses abondent dans les différents dialectes de la langue amazighe.

Ar timlilit ma yebgha R'ebbi

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Re : Les néologismes amazighs

Pour Amastan13:

Quels seraient l'imprératif intensif et le substentif de ce verbe chez vous?
 
Re : Les néologismes amazighs

agoram said:
tnrâ t tmghart nes...

mais on dit aussi rnu (il arrive parfois que deux lettres soient inversées d'une region à l'autre... rnû=nrû, fk=kf...)

Il y a aussi le verbes

RRU-----> Ajouter, vainvre, venir à bout de. (Substentif:Tirri, Tirrutt)
RAR-----> remettre, vomir, replacer. (Substentif:Iriri)

Chez nous on dit Terra t tamettëutt n s pour terna t tamghrt ns
 
Re : Les néologismes amazighs

Sin said:
Il y a aussi le verbes

RRU-----> Ajouter, vainvre, venir à bout de. (Substentif:Tirri, Tirrutt)
RAR-----> remettre, vomir, replacer. (Substentif:Iriri)

Chez nous on dit Terra t tamettëutt n s pour terna t tamghrt ns

En taclhîyt aussi le Rar = rendre, vomir (au sens rendre ce qu'on a mangé) , retourner

substantif: iriri mais il est rarement utilisé au singulier, c'est le pluriel iraran qui est le plus courant et signfie en premier lieu "voumis, vomissement".

forme intensif: trara

Da itrara: il voumit
 
Re : Les néologismes amazighs

Amastan13 said:
En touareg on dit "ekf" (donner). La forme la plus ancienne c'est celle du touareg, à mon avis, car :

Le nom d'action du verbe "efk" en kabyle c'est "tukci", c'est le [k] qui est le premier.

C'est pour cela que l'on pourrait penser que "tukci" viendrait d'une forme ancienne, *tukfi, alors du verbe "ekf" (k + f) et non "efk" (f + k).

Dans les dialectes zénètes et les dialectes qui en sont influencés, "efk" est prononcé "ucc". Il viendrait d'une ancienne forme *ecf (= ekf), car le [k] est prononcé [c] dans les dialectes zénètes.

Les métathèses abondent dans les différents dialectes de la langue amazighe.

Ar timlilit ma yebgha R'ebbi

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Tu as sans doute raison pour l'anteriorité de kf...

D'autant plus que dans l'aire de taclhîyt la forme intensive du verbe est "akka" partout , le "f" disparaitet le substantif est : "tikki" .
 
Re : Les néologismes amazighs

<table border="0" cellpadding="0" cellspacing="0"><tbody><tr><td valign="top">
</td><td width="8">
</td><td width="4">
</td><td align="center" valign="middle" width="15%">
</td></tr></tbody></table>
<table border="0" cellpadding="0" cellspacing="0"><tbody><tr><td valign="top">Néologisme scientifique et technique en langue amazighe


</td> <td width="8">
rien.gif
</td> <td width="4">
rien.gif
</td> <td align="center" valign="middle" width="15%">
</td> </tr> </tbody></table>

Les différents procédés dans la création néologique ( scientifique et technique ) en langue amazighe.

Par Carles Castellanos. Universitat autônoma de Barcelona.


Préambule:


Les considérations qui suivent concernent surtout le domaine de la création néologique des termes scientifiques et techniques et visent à ébaucher des critères de distinction au sein de ce grand domaine. Ma réflexion part de l’observation du fait que le nombre des termes employés dans les usages journaliers des différentes branches de la Science et de la Technique, est de l’ordre des millions de termes [v. NOTE 1] et de la considération de l’effort immense de systématisation qui découle de ce fait.
On sait d’ailleurs que tous ces termes ne sont pas également employés : un nombre important entre eux ont un usage tout strictement spécialisé, ils sont propres aux médecins, aux ingénieurs, aux biologistes, aux architectes etc. ; mais quelques uns ont un emploi plus général, tels les noms des parties les plus importantes de l’anatomie humaine (tels que biceps, sternum, radius...), les types de voitures plus communes (autobus, tracteur ...), les pièces les plus manipulées des machines les plus usuelles (cygognal, piston etc.) etc.
Nous aborderons aussi ces aspects qui ont affaire à l’extension de l’utilisation quotidienne, mais ce qui nous intéresse de souligner davantage dans un aperçu général, c’est la nécessité de posséder en langue amazighe des procédés qui permettent un emploi à la fois précis et non ambigu des milliers et milliers de termes spécialisés. Il faut aux scientifiques et aux techniciens amazighs, la possibilité d’un usage qui leur permette de faire facilement l’équivalence avec les termes internationaux et qui aboutisse à des termes d’un emploi univoque.
Les techniciens et les scientifiques amazighs ne doivent pas se voir surchargés par des procédés trop complexes ou peu commodes concernant la terminologie employée dans leur activité quotidienne. La terminologie doit être à la fois précise et commode ; sinon ils seraient obligés de changer de langue dès qu’ils auront besoin de se servir d’un langage spécialisé.
Dans ce but nous avançons les considérations suivantes.
1. Contact linguistique et néologie. Une première approche
Du point de vue des contacts entre les langues, il nous faut distinguer, tout d’abord, parmi les différents procédés de création néologique en les classant en deux grands volets : l’emprunt et la formation endogène (ce second volet, comprenant l’ensemble des procédés de création de termes à partir de la propre langue - qu’il s’agisse de l’expansion sémantique, la formation syntagmatique ou d’autres procédés).
Il y a plusieurs types d’emprunt que nous ne développerons pas ici mais qu’on va étudier dans les paragraphes suivants. Quant aux procédés de formation endogène on pourrait étaler à son tour, dans une certaine gradation, différents types d’adaptation allant du simple calque à la vraie création endogène (c’est à dire, la création concernant les termes nés, en principe, à l’écart des contacts). Une systématisation plus précise et simplifiée des procédés principaux est exposée dans le §3.
Il faut cependant, en continuant notre vision générale, rappeler les difficultés que l’emprunt trouve, dans son processus d’adaptation à la langue réceptrice : les résistances sociolinguistiques vis à vis de l’interférence d’autres langues, et les difficultés linguistiques (d’ordre phonétique ou morphosyntaxique) dans les passage d’un système linguistique à un autre différent. On ne peut donc, en principe, abuser du recours à l’emprunt.
Mais, d’un autre côté, la formation endogène a été aussi critiquée, notamment le procédé de l’expansion sémantique. Dans un travail sur le thème qui nous concerne, Miloud Taïfi (1997 : 68-72) avait averti des risques encourus par l’abus du procédé d’expansion sémantique pour exprimer les notions de la vie moderne, et avait exposé les équivoques auxquels peut amener cette pratique. La fonction essentielle de la terminologie étant la désignation précise et non équivoque des concepts, l’expansion sémantique (ou emploi figuré) ne peut être, donc, non plus, appliquée d’une façon abusive. Les limitations sociolinguistiques vis à vis de la profusion des termes obtenus par formation endogène en général, ont été aussi suffisamment signalés par plusieurs autres auteurs tels que Achab, Chaker et Tilmatine.
Quels critères devrions-nous, donc, suivre dans les choix des différents procédés ?
Dans notre thèse de doctorat (El procés d ’estandarditzaciâ de les lien gLies. Aplicaciô a la llengua amaziga, Universitat Autônoma de Barcelona, 1998) nous avions soutenu la nécessité de distinguer, au moins entre trois domaines dans l’innovation lexicale amazighe : l’épuration, l’innovation technologique et sociale et l’élaboration stylistique, puisque ces domaines correspondaient à des contextes sociolinguistiques différents et ils exigeaient, donc, des traitements différenciés.
On rappelait alors que le domaine de l’épuration lexicale (qui comprendrait les mots du vocabulaire de base actuel susceptibles de substituer les xénismes usuels, tels que « adlis »(livre), « tilelli » (liberté), « anezgun » (théâtre) etc.) est le plus délicat puisque doit aboutir à un emploi quotidien et massif. Le nombre des propositions susceptibles d’être utilisés devrait être, dans ce cas, forcément réduit.
D’un autre côté, on signalait que le domaine de l’innovation technologique et sociale se heurtait surtout à des difficultés d’adaptation des mots d’origine greco-tatine, difficultés que l’étude de modèles précédents suivis par d’autres langues non indo-Européennes (tels que la langue basque, la langue finnoise et la langue hébraïque) pourraient aider à surmonter. À ce propos nous invoquions l’excellente thèse de Sagama dans laquelle l’auteur étudie la néologie développée dans ces trois langues citées.
Nous finissions nos considérations en concluant que les domaines les plus problématiques étaient les deux premiers, c’est à dire, celui qui concerne l’épuration, à cause de ses répercussions sociolinguistiques ; et celui traitant l’innovation technologique et sociale, à cause de son énorme étendue. A ce sujet nous avertissions finalement que la centaine d’affixes de nominalisation systématisés jusqu’aujourd’hui (tels que ceux qui avait exposés Achab pp. 190-194) ne paraissaient pas suffisante pour couvrir d’une façon exhaustive les nécessités néologiques.
En ce qui concerne, plus concrètement, le langage scientifique et technique, une distinction pourrait aussi être faite d’après la fréquence dans l’emploi des termes, puisque il est évident que dans les langues modernes plus élaborées, tel que nous l’avons avancé au début de ce travail, on trouve des termes scientifiques et techniques qui ont un emploi général.. On emploie des mots néologiques pour la désignation, par exemple, des voitures tels que l’autobus, le tracteur, le bull-dozer ; des pièces mécaniques tels que le cygognal, le cylindre, le carburateur etc. ; ce genre de dénominations néologiques s’étend même aux os les plus courants tels le cubitus, le radius, le sternum et à certains muscles tels que les biceps, et encore aux formules chimiques plus divulgués tels que le chlorambuterol, l’acide acétylsalicylique, les amphétamines etc. Ce n’est pas un phénomène qu’on puisse généraliser pour toutes les langues, mais l’existence de cette diffusion que nous avons observée signale l’importante extension sociale des termes scientifiques et techniques, du moins dans certains cas.

.........
 
Re : Les néologismes amazighs

.........


Dans ce domaine, il paraît, qu’une première approche pourrait conseiller de faire appel au simple emprunt pour les cas des technicismes modernes les plus courants. On emploierait, d’ailleurs, des procédés de formation endogène pour les termes du langage technique et scientifique les plus traditionnels, tels que roue, coque, mdt, canon, charrette, navire, grue, treuil et aussi pour les termes qui pourraient être l’objet d’un procédé métaphorique ou imagé tels que gratte-ciel, chasse-neige etc.
Finalement, on peut rappeler les différents procédés déjà en vigueur dans la pratique quotidienne de la langue amazighe d’un côté nous avons le simple emprunt comme le procédé habituel d’acquisition des technicismes plus courants (t’umubin, piston... ) [v. NOTE 2]. Et d’un autre côté il y a tous les efforts de création néologique faits par le moyen de procédés de formation des mots en partant des lexèmes uniquement amazighes (tasnakalt - géographie, asinwal - bilingue...). Ce second procédé (que nous pouvons dénommer plus précisément, de formation syntagmatique) a été peu développé en langue amazighe et on peut penser qu’il ne suffirait pas à créer tous les termes nécessaires aux besoins du langage scientifique et technique que nous avons exposé au préambule.
Il est, donc, tout à fait nécessaire de pouvoir disposer de tout un système un peu plus précis de distinction. C ’est ce que nous allons développer dans les paragraphes qui suivent.
2.Une notion fondamentale : la gradation des procédés d’adaptation dans l’appropriation des termes étrangers
Pour une compréhension plus large des processus d’appropriation des termes étrangers, il peut convenir d’observer les procédés suivis dans les emprunts les plus habituels. Dans tout cas d’emprunt (que ce soit un terme technique ou un toponyme), nous pouvons observer une gradation dans l’adaptation à la propre langue, selon la proximité aux locuteurs (par voisinage, par fréquence d’emploi) du terme considéré.
Nous pouvons, par exemple, observer les différents procédés d’incorporation employés pour différents toponymes :
Certains toponymes ou ethnonymes proches et d’emploi très fréquent le long de l’histoire des contacts internationaux, subissent un procédé poussé d’adaptation. Ce sont les cas de Fransa, Esbanya, Italv’a, Bariz (Paris), Bertqiz (Portugais), etc. dont tous les phonèmes employés appartiennent au système phonétique amazighe.
D’autres toponymes, d’ailleurs, sont l’objet d’un processus d’adaptation moins poussé tels que Europa, York etc. dans lesquels, quoique prononcés [urupa], [yurk] on emploie, d’un côté, des graphèmes non strictement amazighs tels que <eu>,</eu>
, <o> ; et, d’un autre côté, dans ces cas un effort trop poussé de transgraphiation n’est pas conseillé sous risque de rendre l’identification difficile (on peut imaginer la difficulté qui présenteraient des transgraphiations tels que Urupa ou Uruba et, Yurk). Dans ces deux derniers exemples, en transcrivant Europa et York, on suivrait un procédé courant dans tes contacts interlinguistiques lorsque on se rapporte à une réalité étrangère et qui compte avec une graphie internationale établie, c’est à dire, le procédé de translittération.</o>
Dans ces deux derniers exemples on s’est, donc, borné à des procédés de translittération, en gardant des signes qui n’appartiennent pas au système amazigh tout en réalisant quand même une prononciation suivant des règles bien précises d’adaptation à la phonétique de cette langue. Ainsi on écrirait Europa tout en prononçant [urupa] ou [uruba] et on écrirait York tout en prononçant [yurk]. Dans la translittération il ne s’agit, quand même, de laisser toujours le nom originaire intact et on éviterait les graphies incohérentes qui pourraient aboutir à des erreurs de lecture (et ainsi on n ’écrirait jamais le toponyme “Barcelona” en gardant le “c”, mais en faisant l’adaptation adéquate à, c’est à dire : Barselona, ou dans un degré plus poussé d’adaptation, Barseluna).
On va préciser davantage, dans les paragraphes suivants, les différents procédés et degrés d’adaptation.
3.Procédés principaux d’appropriation des termes scientifiques et techniques
Les procédés principaux d’adaptation des termes scientifiques et techniques que nous considérons, allant des plus poussés aux moins poussés, sont les suivants :
puce.gif
Formation syntagmatique : TASNAKALT, ASINWAL
C’est le procédé le plus poussé d’adaptation à la langue amazighe. C’est le cas des mots formés par deux affixes amazighs et qui est compris dans les volet qu’on a établi au §1 de formation endogène (c’est à dire, un procédé dont les éléments du nouveau terme appartiennent à la propre langue). Nous rappelons ici les exemples déjà cités (tasnakalt - géographie, asinwal -bilingue...), formés à partir de racines amazighes “sn” (savoir, connaissance), “akal” (terre), “sin” (deux), “awal” (langue). Il s’agit, dans une certaine façon, de calques linguistiques puisque ces mots traduisent, presque d’une façon littérale, les différentes parties qui composent les termes “geographie” (description + terre) et “bilinue” (deux + langue).
puce.gif
Adaptation morphologique : AMUSEUM, ALUGARITM
Dans ce procédé nous avons affaire à un emprunt. On ne part pas de racines amazighes mais de racines étrangères, mais dans ce cas concret le terme étranger est adapté à la morphologie amazighe, en prenant le préfixe “a-” des substantifs, devant les mots latins “museum” et “logaritm(us)” tout en adaptant aussi (o) à (u) d’après sa prononciation amazighe.
puce.gif
Transgraphiatiofl : TILIFUN, BETRUIL
Dans ce procédé, il s’agit également d’un emprunt. On part de racines étrangères (téléphone, pétrole) mais dans ce cas-ci elles ne sont adaptés à la morphologie amazighe comme dans le cas précédants mais les créations néologiques respectent les règles de la phonétique et à la graphie de cette langue.
puce.gif
Translittératiofl : AKWARYUM, MOTOR
Dans ce procédé il s’agit également d’un emprunt. On part de racines étrangère et elles sont soumises au moindre processus d’adaptation, même en gardant des signes graphiques non appartenant à la langue amazighe ou prononcés autrement dans cette langue (dans les exemples ci-dessus, on a le graphèmes “o” quoiqu’il soit prononcé ).
En résumant, nous avons, dans un ordre croissant dans te degré d’adaptation :
(premier degré) : 1. - Translittératiofl : AKWARYUM, MOTOR
(deuxième degré) : 2. - Transgraphiatiofl : TILIFUN, BETRUL
(troisième degré : 3. - Adaptation morphologique : AMUSEUM, ALUGARITM
(quatrième degré) : 4. - Formation syntagmatique : TASNAKALT, ASINWAL
Nous développerons, tout de suite, ces différents procédés, tout en signalant les différentes conditions sociolinguistiques et le domaine néologique concerné dans chaque cas.


.........
 
Re : Les néologismes amazighs

§ 4 -Formation syntagmatique
C’est le procédé de création de néologismes par l’emploi de racines amazighs (aussi bien que par l’emploi des affixes, que par des mots).
Nous disposons les différents exemples dans deux colonnes :
Colonne A
1. TASNIRUT - Archéologie (7) *
2. TASNAMD’ANT - Arithmétique (9)
3. TASNADDERT - Biologie (15) (71)
4. TASNAGLIMT - Dermatologie (30)
5. TASNAKALT - Géographie (52)
6. TASNAWALT - Linguistique (71)
7. TASNITRIT - Astronomie (71)
8. TASNAGD’IT’ - Ornithologie (89)
9. TASENGAMA - Physique (105)
10. TASNIDEGT - Topologie (131)
Il. TARUDEGT - Topographie (131)
12. TASENFEKKA - Physiologie (106)
13. TASENMAD’ALT - Géologie (71)
14. TASNAQQART - Radiologie (114)
Colonne B
1. AWYAMAN - aqueduc (7)
2. AZINAGHRI - sémi-voyelle (120)
3. AMRIMAZIGH - berbérophile (101)
4. AYENZAL - monolingue (83)
5. ASINWAL - bilingUe (13)
6. ANGHAGRIS - antigel (6)
7. AMETCTCAKSUM - carnivore (17)
8. ANGHIZI - insecticide (21)
9. AMRADIS - décagone (33)
10. AGTALGHIW - multiforme (46)
Il. WARISEM - anonyme (65)
12. TAGERSIFT - Mésopotamie (77)
puce.gif
(*) Les numéros entre parenthèses correspondent à la Source [AA] (v. SOURCES, à la fln) -
Emploi
Tout d’abord il faut signaler que le procédé de formation syntagmatique ne peut pas être trop poussé en langue amazighe, à cause de la difficulté de dégager de cette langue un répertoire suffisant d’affixes dont la combinaison puisse rendre des termes non ambigus. (L’emploi d’éléments de composition très brefs pourrait rendre trop probables les cas d’ambiguité).
La nécessité de pouvoir établir des parallèles faciles avec la science spécialisée internationale est aussi un autre critère important pour cette limitation.
Il s’agit, donc, d’un procédé que, pour des raisons linguistiques et sociolinguistiques, il faut employer avec une grande circonspection. Ce procédé pourrait, à mon avis, être quand même employé d’une façon adéquate, dans les deux cas principaux suivants :
a) Les noms des Sciences et des Disciplines principales (Exemples de la Colonne A)
b)Un nombre fini d’autres néologismes (Exemples de la Colonne B).
a)En ce qui concerne ces noms des Sciences ou Disciplines principales on peut observer qu’il s’agit d’un nombre de dénominations limité et qu’elles ont un haut niveau symbolique. Ces conditions rendent ce procédé souhaitable du point de vue emblématique ; et son emploi n’est pas ambigu à cause du nombre réduit des termes crées et à cause aussi de la transparence de sa structure : préfixation en “TASN-”, en général).
b) Dans les cas des autres néologismes exemplifiés dans la Colonne B, nous avons des termes créés par la combinaison d’un nombre fini d’affixes et de racines (de l’ordre d’une ou deux centaines), un ensemble limité d’éléments qui doit être d’une compréhension facile.
On pourrait ajouter enfin, que l’emploi de ces quelques noms amazighes créés par formation syntagmatique serait tout à fait compatible avec des dénominations scientifiques d’une importance symbolique mineure et créés par des procédés d’emprunt, tels que ceux des § 5, 6, 7[v. aussi NO TES 3 et 4].
Nous exposons dans ce qui suit les différents procédés d’emprunt.
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Re : Les néologismes amazighs

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§ 5. Adaptation morphologique
L’adaptation plus poussée est celle dont le terme amazigh créé à partir d’une autre langue se rapproche des règles grammaticales de la langue amazighe. C ’est aussi la forme qu’ont pris les emprunts les plus anciens, tels que : AFULLUS, TILINTIT etc.
Exemples :
AMUSEUM (musée)
AGAZ (gaz)
ALIKID (liquide)
mots formés par l’addition du préfixe nominal masculin “A-”
D’une façon générale, on pourrait ainsi adapter à la morphologie amazighe la plupart des noms des éléments chimiques : ABARIUM (Ba), ABERILLIUM (Be), ABISMUTUM (Bi), AKADMIUM (Cd), ALITIUM (Li), ALUMINIUM (AI), AMERKURIUM (Hg), ANTIMONIUM (Sb), ARRADIUM (Ra), ASILISIUM (Si), ATITANIUM (Ti). Et aussi des termes mathématiques tels que AGRAD (grade, degré), AGRAM (gramme), ALUGARITM (logarithme) etc. (v. ACHAB, p. 197).
Avertissements :
1) Les noms des éléments connus traditionnellement en Tamazgha gardent, évidemment, sa forme courante : UREGH (Au), UZZAL (Fe)
2) Afin de passer aux formes adaptées à la langue amazighe il faut suivre certaines règles de translittération qui sont exposées dans § 7. Malgré l’adaptation à la morphologie amazighe, on garderait, dans certains cas, des graphèmes qui sont anomaux à la graphie amazighe. Les voyelles “O” et “E” (quoiqu’elles soient lues comme et en amazighe) ; et la consonne (qui n’est pas générale dans les parlers amazighs). Ainsi on aurait, par exemple : ABORUM
(B), ABROMUM (Br), AFLUORUM (F). AKLORUM (Cl), AKROMUM (Cr), ASODIUM (Na), AMAGNESIUM (Mg), APLUTONIUM (Pu), APOTASIUM (K), ATORIUM (Th), AZIRKONIUM (Zn) [Remarquez la présence des goaphèmes <o>, <e> et</e></o>
].
Avec les mêmes observations on pourrait avoir aussi : AMETAL (métal), ASOLID (solide), AMETALOID (métaloïde) ou WARMETAL (non-métal) etc.
3) On doit signaler quelques exceptions à la présence du préfixe “A-”, pour la plupart des mots qui, après sa translittération, sont commencés par une voyelle ELIUM (He), , IODUM (1), ITRIUM (Y), OSMIUM (Os), URANIUM (U). Dans d’autres cas, c’est la terminaison “-UM” qui manquerait pour des raisons d’étymologie ANEON (Ne), ANIKKEL (Ni), ATUNGSTEN ou AWOLFRAM (W), IDROJEN (11), NITROJEN (N),OKSIJEN (O) [v. NOTE 5].
§ 6. Transgraphiation
Dans ce cas, le procédé d’adaptation ne respecte pas la morphologie de la langue amazighe comme dans le cas précédent, mais à différence du cas suivant parce qu’il respecte la graphie amazighe et n ’emploie que les phonèmes et les graphèmes amazighs. Dans le procédé de transgraphiation aucune lettre (ou combinaison des lettres) ne faisant partie du système graphique amazigh, est possible.
Exemples :
T’UMUBIN / T’UMUBIL (automobile, voiture)
TILIFUN (téléphone)
BETRUL (pétrole)
SILINDR (cylindre)
ATUM (atome) (ACHAB, p, 203)
Emploi :
La transgraphiation peut être considérée comme un cas d’adaptation d’un emprunt dans un niveau supérieur à la simple translittération (exposée dans le paragraphe suivant). Parfois un terme sujet à transgraphiation n’est qu’un mot qui d’abord n’était que simplement translittéré et que l’emploi à finalement “dompté”. C’est un processus commun à beaucoup de langues [v. NOTE 6]. Achab (p. 197) donne un certain nombre d’exemples de néologismes obtenus par la transgraphiation, de mots d’origine greco-latine - pris du français - [SANTIMITR, KILUGRAM, DISIGRAM, IKTULITR (hectolitre) etc.] et d’origine arabe [ALJIBR (algèbre), AXWARZIM / AXERZIM (algorithme) etc.].
§ 7. Translittération
C’est la transcription de la forme originaire (pour la plupart greco-latine ou anglo-saxonne) par le simple changement de quelques signes graphiques. Dans le cas de la translittération les principaux signes graphiques adaptés sont des consonnes, puisque les voyelles peuvent rester, dans sa forme originaire quoiqu’il s’agisse de <o> ou de <e> (non neutre) qui n’existent pas dans la graphie proprement amazighe. La raison principale de ce maintien serait l’intérêt pour ne pas “défigurer” d’une façon excessive des mots n’étant pas encore d’un emploi écrit très courant dans la langue réceptrice. [v. NOTE 7]</e></o>
Exemples :
PISTON [pistun / bistun], BULDOZER [bulduzar], KARBURATOR [karburatur], FAKTOR [faktur], TRAKTOR [traktur], MOTOR [mutur]
Et aussi :
KUBITUS, RADIUS, STERNUM [stirnum], BISEPS [bisabz], AKWARIUM [ak0aryum]
(Les prononciations entre crochets, à côté des différents exemples, sont des simples propositions à partir de l’observation des tendances phonétiques de la langue amazighe).
Règles de translittération
Les équivalences principales entre les graphèmes consonantiques, dans les cas de transliftération sont les suivants :
CH pron. [k] > K : KRONOMITR, KROMOSOM, AKROMUM, TEKNIK
TH [t] > T : ARITMETIK, TERMOMITR, ALUGARITM
PH [t] > F : FILOLOGI, FISIOLOGI, ISOMORFISM, AMFETAMIN [amfi-]
C [k] > K : KARDIOLOGI, KUBITUS, TRAKTOR, KARBURATOR
C > S : BISEPS, INSEKTISID [insiktisid], BARISENTR [barisantr], ASID
X [ks/gz] - - -> KS/GZ : AKSIOM, EGZOJEN [igzujan] (exogène)
Y [1] > 1 : ITRIUM (ytrium), FISIOLOGI (physio-), BARJSENTR (barycentre)
H [e]- - -> ÉLISION : ELIUM [ilium] (hélium). IPODERM [ipudarm / ibudarm] (hypoderme), OMOMORFISM (homomorfisme), IDROJEN [idrujan] (hydrogène)
QLJ [k] > K : ALIKID, AKEDUKT
QU [kw] > KW : AKWARIUM [ak0aryum]
NOTE. Dans les exemples précédents il y a aussi des transgraphiations et des adaptations morphologiques, mais dans tous les cas il existe un processus d’équivalence translittérale. Pour la transcription vocalique des mots terminés en “-MITR” nous avons suivi la règle des exemples KILUMITR. SANTIMITR donnés par Achab (p. 197).
D’autres exemples de tanslittération seraient aussi : POLLEDR [puliadr / buliadr], POLIGAMI [puligami / buligami], EPIDERM [ipidarm / ibidarm], EUFEMISM [iwfimizm], POLIKROMI [pulikrumi I bulikrumi], DERMATOLOGI [dirmatulugi], ALOJEN [alujan] (halogène) etc. [v. la NOTE 8 à propos d’autres propositions néologiques endogènes à la place des exemples cités ci-dessus ; et le § 9 pour la fomation des féminins en “-LOGI”].
Ce procédé de translittération permet d’adapter la plupart des termes scientifiques et techniques, même les plus complexes, tels que ASID, ASETILSALISILIK, KLORAMFENIKOL, DI
FENIL-PROPIL-AMINetc.
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Re : Les néologismes amazighs

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§ 8. Synthèse des critères de distinction entre les différents procédés établis
Les critères de distinction principaux entre les différents procédés décrits, allant d’un degré maximum à un degré minimum d’adaptation à la langue amazighe, peuvent être ainsi résumés
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Degré 4, d’adaptation : La création par formation syntagmatique (§ 4), c’est à dire, à partir des éléments strictement amazighs devrait avoir une portée limitée. Elle devrait comprendre les noms des disciplines ou sciences principales, tels que TASNADDERT (Biologie), TASNAKALT (Géographie) etc. et aussi un nombre déterminé de mots “bien formés” à partir d’un répertoire réduit d’affixes définis avec précision, tels que ceux d’AWYAMAN (aqueduc), AMRADIS (décagone), ASINWAL (bilingue) etc. Il faut établir les racines basiques à employer et aussi limiter d’une façon claire le domaine de son application dans le terrain de la néologie scientifique et technique à cause des risques d’ambiguïté qu’elle possède et aussi à cause des difficultés de pénétration sociale dans les conditions sociolinguistiques actuelles.
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Degré 3, d’adaptation : La création par adaptation morphologique (§ 5) devrait être aussi limitée, à cause de la nécessité d’éviter la profusion des mots ainsi “défigurés” qui en puissent rendre peu facile l’identification. Elle peut être employée dans des domaines bien délimités, par exemple pour la dénomination des éléments chimiques et d’autres termes cultes qui connaissent dans les emplois internationaux des formes latines très répandues, comme
ALUMINIUM, ABISMUTUM, ASODIUM, AKRQMUM, AMUSEUM, ALUGARITM, ASOLID, ALIKID, AMETAL, AGAZ, AGRAD, AGRAM etc. [v. NOTE 9].
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Degré 2, d’adaptation : La création par transgraphiation (§ 6) (c’est à dire celle qui est adaptée à la graphie de la langue) doit se limiter aux termes d’emploi plus courant, puisque seul un emploi habituel peut permettre de retenir le degré de transformation qui peut se produire dans ces cas, vis à vis de la forme originaire, et d’abord plus connue du point de vue graphique :
T’UMUBIN / T’UMUBlL, TILIFUN, BETRUL, ATUM, BARSELUNA, FRANSA, BARIZ (Paris), BERTQIZ (Portugais), etc.
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Degré 1, d’adaptation : La création par tranlittération (§7) c’est le procédé le plus commode puisqu’il permet l’obtention facile (en appliquant tout simplement des règles de translittération) de termes univoques, et avec une équivalence exacte avec les termes internationaux. Mais on doit signaler que ce procédé entraîne toujours une certaine violence vis à vis de la structure de la langue réceptrice, et il ne devrait pas être, donc, employé dans les usages courants (à moins qu’on adapte tout à fait la prononciation du terme translittéré au système phonétique amazigh, ou qu’on arrive à une vraie transgraphiation du terme). La translittération est surtout recommandée pour les dénominations scientifiques plus complexes et universelles telles que KILORAMFENIKOL, DI-FENIL-PROPIL-AMIN etc. Elle peut être aussi employée dans d’autres termes scientifiques tels que AUTOMORFISM, POLIKROMI, KARDIOLOGI, ANALOGI, ANALISI, aussi bien que pour certains toponymes tels que EUROPA, KATALUNYA etc.
§ 9. Problèmes graphiques et morphologiques
Nous ne pouvons pas finir notre exposé sans montrer d’une façon claire les problèmes principaux que nous pose l’emprunt (que ce soit dans le procédé de traslittération, de transgraphiation ou de adaptation morphologique).
D’un côté on doit signaler que les règles de traslittération (§ 7) qui proposent des équivalences consonantiques, posent un doute à propos de la transcription adéquate du graphème originaire (S). Une translittération étymologique demanderait un ’S’ et ainsi nous aurions AMUSEUM, ISOMORFISM, mots qu’on devrait alors prononcer avec des “s” sourdes etc. Mais une translittération phonétique demanderait <z>, et nous aurions alors AMUZEUM, IZOMORFIZM, mots qui comporteraient une réalisation sonore de la sifflante,</z>
Il faudrait arriver a des décisions concluantes dans un sens ou l’autre, d’après les tendances de la langue. Dans ce cas de l’écriture du ’S’ on doit arriver à une solution cohérente et qui exige une correspondance univoque entre le graphème choisi et la prononciation à réaliser, parce qu’il ne paraît pas convenable une autre divergence entre la prononciation et l’écriture, tel que nous les avons prévues pour le vocalisme (prononciation des <e> comme [j] ou [a], et des <o> comme ) et pour le</o></e>
prononcé [p] ou ), dans les cas de translittération de ces signes.
En ce qui concerne la flexion morphologique on devrait éprouver la formation des pluriels et des féminins des noms empruntés. Dans ce sens on peut supposer un pluriel régulier pour les noms qui commencent par un “A-” et faire AMUSEUM, pi. > IMUSEUMEN ; AMETAL, pi. > IMETALEN ; ASOLID, pl. > ISOLIDEN ; ALUGARITM, pl. > ILUGARITMEN, ANEON, pi.
> INEONEN, c’est à dire, en suivant les schème régulier “I EN”. On devrait étudier aussi la possibilité de quelques exceptions ou irrégularités pour des mots comme ATUM, pI > 1TUMAWEN, c’est à dire, selon le schème “I AWEN”.
Quant à la formation du féminin, la traslittération présente le problème du choix d’une flexion morphologique qui soit cohérente avec l’ensemble des critères d’aménagement linguistique. Les noms qui sont féminins en latin, tels que POLYCHROMIA, ANALOGIA, CARDIOLOG1A, LITHOGRAPHiA, pourraient être appropriés avec la terminaison “-IA”, mais cette terminaison entrenerait presque forcément un pluriel de type arabe en “-AT”, ce qui augmenterait la pression de cette langue sur la langue amazighe. Nous proposons une terminaison a l’anglaise” en “-I” qui s’accorde, en plus, avec la prononciation courante et spontanée de l’emprunt.
Nous aurions, donc, POLIKROMI , ANALOGI, KARDIOLOGI, LITOGRAFI, quoique cela comporte la prononciation de <g> comme [g], non habituelle dans les terminaisons -LOGI” des mots formés spontanément. Mais, en revanche, si nous suivions cette option, nous aurions une plus grande régularité dans les dérivés comme ANALOG (analogue - au masculin), TANALOGT (analogue - au féminin) ; AKARDIOLOG (cardiologue - au masculin), TAKARDIOLOGT (cardiologue - au féminin) ; et aussi APOLIKROM (polichrome - au masculin), TAPOLIKROMT (polichrome - au féminin) ; ALITOGRAF (lithographe, lithographique - au masculin), TALITOGRAFT (lithographe, lithographique - au féminin).</g>
Une dernière observation sur la morphologie concerne les noms [en général des transgraphiations du néolatin (pour la plupart du français) ou de l’arabe] précédés de l’article “l”, tels que LKAMYUN (camion), LBALA (pelle), LEMDINT (ville). Dans ce cas on devrait tout d’abord observer si dans l’ensemble des parlers amazighs, des cas d’adaptation morphologique, existent (tels que “tamdint” en kabyle et en rifain) et leur donner la priorité. D’une façon générale, il parait raisonnable de ne garder ces emprunts que dans les cas qui possèdent une forte implantation sociale.
§ 10. Dernières considérations
Il faut avertir que ces différents procédés ne doivent pas être conçus comme des domaines cloisonnés entre eux, mais comme pouvant évoluer au fur et à mesure des changements subis par les différentes données sociolinguistiques.
Le passage de la translittération à la transgraphiation relève seulement du degré d’utilisation d’un terme concret. C’est un phénomène connu, par exemple, le rattachement qui existe entre un emploi plus grand d’un nom quelconque et son évolution sur l’échelle d’adaptation (éventuellement du degré “1” au degré “3”). Voyez à ce sujet, dans la NOTE 6, des exemples concernant le catalan.
En ce qui concerne la stabilité sociale des procédés du paragraphe 4 (formation syntagmatique) dans l’usage courant, il est évident qu’on doit supposer un certain temps de coexistence de formes endogènes telles que AWYAMAN, AMRADIS etc. à côté d’emprunts translittérés ou transgraphiés tels que AKEDUKT, DEKAGON etc. Cette coexistence peut se prolonger pendant une certaine période et sera sans doute l’usage social ce qui va déterminer la persistance de l’une ou de l’autre proposition.
Nous pensons finalement que la disposition, dans une échelle claire d’adaptation, des différents procédés d’appropriation des termes à la langue amazighe, permet d’évaluer d’une façon comparative et dynamique l’ensemble du domaine scientifique et technique étudié. L’établissement d’un éventail de possibilités d’appropriation de ce type de termes, devrait permettre aux locuteurs de la langue amazighe de s’exprimer d’une façon commode à propos de toute affaire possible dans le domaine pris en considération dans notre étude, sans être obligés à changer de langue.
Voici un objectif qui mérite, sans doute, tous les efforts qu’on y puisse employer.


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Re : Les néologismes amazighs

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NOTES
(1)Sagarna rappelle dans la page 17 de sa thèse (v. Bibliographie) la contradiction fondamentale qui existe entre le nombre limité des racines (lexèmes) du bagage primaire des langues (qui est de l’ordre de milliers), vis à vis des notions nécessaires pour les différentes branches de la science et de la technologie modernes (qui se place dans l’ordre des millions). L’exemple de l’innovation lexicale dans deux langues qui se trouvent dans un processus de modernisation lexicale comme le hindi et l’indonésien, est spectaculaire : le nombre des néologismes créés par ces langues entre 1950 et 1965 avait été de l’ordre de 300.000.
(2)On peut signaler ici une distinction possible plus poussée entre ces deux exemples puisque dans un cas (t’umubin) il s’agit d’une adaptation pleine au système graphique amazigh, tandis que dans l’autre cas (autobus, piston) on a affaire à un procédé où il n’y a pas d’adaptation au système graphique amazigh, puisque on s’est servi d’un signe <o> inexistant dans le répertoire graphique de cette langue.</o>
(3)D’autres langues qui ont une structure morphosyntaxique non indo-européenne font aussi un emploi limité du procédé de formation syntagmatique endogène : La langue basque par exemple emploie ARKEOLOGIA, ARITMETIKA, I3IOLOGIA. DERMATOLOGIA. GEOGRAFIA, ASTRONOM[A, ORNITOLOGIA, FISIKA, TOPOLOGIA, TOPOGRAFIA. FISIOLOGIA. GEOLOGIA et aussi DEKAGONO, MULTIFORME, MESOPOTAMIA ... Dans quelques cas cette langue suit une certaine adaptation, comme dans ERRADIOLOG1A, INTSEKTIKARI (insecticide). Dans d’autres cas, encore, on a une dualité de formes : LINGUISTIKA et HITZKUNTZALARITZA ; AKUEDUKTO et UBIDE (litt. chemin pour l’eau) ; ANONIMO et IZENGABE (sans nom) .... Seuls un certain nombre de termes endogènes (composés par des affixes très communs) sont employés en basque, tels que ERDIBOKAL (erdi moitié, sémi- ; bokal = voyelle), ELEBAKAR (“monolingue” ele parler ; bakar = seul, unique), ELEBIDUN Q’bilingOe” : cie parler ; hi = deux ; dun qui). 1-IARAGIJALE (“camivore”
haragi chair ; j aie = mangeur).
On peut observer un degré plus grand d’ambiguïté des termes endogéniques, puisque le terme “ubide” pourrait être compris, dans certains contextes, comme “voie d’eau”, “conduction d’eau” etc. Le terme “elebakar” pourrait être aussi compris, dans certains contextes, comme “un qui parle seul” etc. C’est aussi le cas de l’exemple amazigh “ANGHIZI” qui signifie litt. “tue-mouche” et a ainsi un sens plus restreint que le terme scientifique “Insecticide”.
La langue finnoise pousse plus loin que le basque le procédé de formation syntagmatique (principalement endogène) et emploie pour “dermatologie” IIIOTAUTIOPPI (peau + maladie + étude), pour “géographie” MAANTIEDE (de la terre, science), pour “aqueduc”, VESIJOHTO (de l’eau, canai), pour “autobus” L1NJA-AUTO (auto de ligne), pour camion KUORMA-AUTO (cargaison + auto) etc.. mais n’hésite pas à employer des emprunts, plus ou moins adaptés aux propres lois phonétiques pour d’autres termes scientifiques tels que : ARKEOLOGIA, ARITMETIIKA. etc.
(4)Il y a encore d’autres procédés de création néologique à partir des éléments amazighs, comme l’expansioin sémantique. Nous ne les avons pas pris en considération parce que son emploi est encore plus restreint dans le domaine scientifique et technique, à cause des risques d’ambiguïte déjà exposés (v. observations de Taïfi dans § 1).
(5)La source [AA] (consacrée au procédé de formation syntagmatique endogène) montre, au lieu d’IDROJEN, la forme “ARWAMAN” (qui fait sourdre de l’eau). On pourrait remarquer qu’il paraît peu probable la généralisation de ce même procédé de formation syntagmatique, pour les termes parallèles : OKSIJE7N ,NITROJEN etc,
(6)Nous avons, par exemple, en catalan un nombre important d’anglicismes qui ont, tout d’abord, été des emprunts pris tels quels dans sa forme anglaise (water, sport, footing...) et qui, une fois devenus d’un emploi courant, ont été transformés, par un processus de transgraphiation (VÀTER, ESPORT, FUTING ...). D’un autre point de vue, on peut rappeler que le procédé de transgraphiation est assez important en finnois. À ce propos, on peut signaler que cette langue exige des terminaisons vocaliques et ainsi on a : PETROOLI (pétrole), KAASU (gaz), MUSEO (musée), ATOML (atome), KROMI (chrome), TRAKTORI (tracteur), MOOTTORI (moteur) et aussi PORTUGALI (Portugal). Cette langue évite aussi le <e> qui est élidé et on dit ainsi en finnois RANSKA pour dénommer la France.</e>
(7)Dans les procédés de translittération on peut observer néanmoins des cas importants de changement vocalique. Le mot AUTOBUS a subi, par exemple, dans l’hébreu moderne, un processus clair d’adaptation vocalique, puisqu’il est écrit tout simplement “OTOBUS”. Ont doit signaler, quand même, que la raison principale de s’être borné à la simple transcription de la prononciation courante, c’est l’emploi d’un alphabet différent du latin. C’est aussi le cas des transcriptions au signaire katakana japonais, qui sont faites en partant de la prononciation.
(8)La source [AA] (v. SOURCES à la fln,) propose pour KRONOMITR, la forme AMKETMIR (amket=mètre ; imir=temps) ; pour ARITMETIK, TASNAMDAMT (amd’am=nombre) ; pour TERMOMITR, TARGHIKIT (ergh=chaleur ; aket, ikit=mètre) ; pour ISOMORFISM, TAGDALGLIA (gdu=égal ; talgha=morphisme) ; pour BARISENTR, AZ’IMMAS îaz’ay=lourd ; ammas=centre] ; pour FISIOLOGI, TASENFEKKA [tafekka=corps] ; pour IPODERM, ADUGLIM [adusous ; aglim eau] ; pour OMOMORFISM, TALULGHA [alu=semblable ; talgha’=forme] ; pour POLIEDR, AGETTAMA [tamabase ; aget= nombreux] ; pour POLIGAMI, AGEDDUBEN (dudew=mariage ; aget= nombreux] ; pour EPIDERM, AFAGLIM [af=au-dessus ; aglim=peauj ; pour EIJFEMISM, AZ’ILWAL [az’ il”bien ; awal’=mot], POLIKROMI, AGTINI / AGTIGHMI [mi, ighmicouleur ; agetnomhreux], pour DERMATOLOGI. TASNAGLIMT.
Il parait difficile l’introduction, dans l’emploi journalier, de toutes ces formations endogènes. Il faudrait une sélection des plus importantes ou en considérer un domaine limité, tel que nous l’avons signalé dans § 4 et § 8.
Pour INSEKTISIID v. ANGHIZI dans la NOTE 3.
(9)En ce qui concerne les procédés suivis dans d’autres expériences linguistiques, nous pouvons rappeler qu’en langue finnoise nous avons, à propos de ces exemples. des procédés divers :
Des transgraphiations pour ALUMIINI (aluminium). BISMUTTI (bismuth) , KROMI (chrome), MUSEO (musée), LOGARITMI (logarithme), METALLI .(métal. KAASU (gaz), GRAMMA (gramme).
Les cas de “antimoine”, en finnois ANTLMONI et de “sodium”, en finnois NATRIUM, montrent des translittérations. le dernier cas à partir de la forme latine dont on a extrait le symbole (Na).
Et nous avons en finnnois des créations endogènes pour les cas de NESTE (liquide), de KIINTEA AINE (“substance solide”, étant “KIINTE” un adjectif= “solide”) et aussi du mot ASTE (degré).
En basque la plupart des exemples correspondants nous montrent des traslittérations (créées d’une façon générale, a partir des formes du bas latin et de l’espagnol terminées en “-O”) : ALUM1NIO, BISMUTO, SODIO, KROMO, MUSEO. LOGARITMO, GAS, GRAMO.
Pour le terme “métal” on a en basque un timide procédé de transgraphiation dans la forme double METAL /
METALE.
Et en ce qui concerne les deux termes restants “solide” et “liquide”, cette langue a, pour le nom, des formes endogènes : SENDAR et le bimorphisme ISURKI I ISURKAI, respectivement ; mais, en tant qu’adjectifs et noms en même temps, on emploie des transgraphiations (avec la terminaison en “-U”) : SOLIDU et LIQUIDU.
Pareillement, on emploie aussi une transgraphiation pour le terme GRADU. (La terminaison basque en provenant du latin représente un procédé d’adaptation plus ancien et traditionnel de la langue, qu’on peut relever dans des mots comme GOBERNU, MUNDU, TEILATU (toiture) etc.).
BIBLIOGRAPHIE
ACHAB, Ramdane (1996) La néologie lexical berbère (1945-1995) Éd. Peeters. Paris-Louvain
CI-IAKER, Salem (1995a) Linguistique Berbère - Études de syntaxe et de diachronie - Éd. Peeters, Paris-Louvain
SAGARNA, Andoni (1988) Algunos aspectos de la modernizaciôn del léxico en varias lenguas, Tesi Doctoral - Facultat de Lletres - Universitat Autônoma de Barcelona
TAYFI, Miloud (1997) « Le lexique berbère : entre l’emprunt massif et la néologie sauvage » in International Journal ofSocilogy ofLanguage Mouton De Gruyter, Berlin New York
nûm. 123 (Berber Sociolinguistics) (pp. 61-80).
TILMATIINE, Mohamed (1992) “À propos de néologie en berbère moderne” in AAP n030 Institut ftir Afrikanistik Universit it zu K iln, Kôln (pp. 155-166).
SOURCES DES TERMES
Langue amazighe :
[AA]. Affixes d’A mawal (utilisés dans le processus d’élaboration d’Amawal n Tmazight Tatret). Liste de 142 affixes endogènes pour la langue amazighe.
Langue finnoise :
Rima Kosunen. Étudiante de Traduction a 1’Univerité de Turku (Finlande) et doctorante au Département de Traduction et & Interprétation à L’Universitat Autônoma de Barcelona (Catalogne).
Langue basque :
Hiztegia bi mua. (“Dictionnaire deux mille”). KINTANA, Xabier et ai. Dictionnaire Eukara Espaniera/Espaîiol- Vasco. Elkar, Donostia, 2000 (Euskadi).
ABRÉVIATIONS
litt : littéral, littéralement
Pron : prononciation





Source : tawiza.net
 
Re : Les néologismes amazighs

Amastan13 said:
Azul fell-awen ay aytmaten-inu,

Exactement Agoram,

Le verbe "nru" est une forme de "rnu". L'inversion des consonnes dans un mot est appelée "métathèse" en linguistique.

Les métathèses sont des accidents. Elles arrivent dans une région quelconque et elles s'y répandent, mais toujours est-il qu'on peut la romprendre dans les autres régions.

Pour "efk" et "ekf", elle existe même en Kabylie.

Dans la Kabylie occidentale et la Vallée de la Soummam, on dit "EFK"

Dans certaines parties de la Kabylie orientale (région de Kherrata) on dit EKF.

Le fait qu'on retrouve cette métathèse dans des régions aussi lointaines (Kabylie, pays Chleuh, etc.) signifie qu'elle est très ancienne (nos ancêtres confondaient les deux prononciations :)).

En touareg on dit "ekf" (donner). La forme la plus ancienne c'est celle du touareg, à mon avis, car :

Le nom d'action du verbe "efk" en kabyle c'est "tukci", c'est le [k] qui est le premier.

C'est pour cela que l'on pourrait penser que "tukci" viendrait d'une forme ancienne, *tukfi, alors du verbe "ekf" (k + f) et non "efk" (f + k).

Dans les dialectes zénètes et les dialectes qui en sont influencés, "efk" est prononcé "ucc". Il viendrait d'une ancienne forme *ecf (= ekf), car le [k] est prononcé [c] dans les dialectes zénètes.

Les métathèses abondent dans les différents dialectes de la langue amazighe.

Ar timlilit ma yebgha R'ebbi

http://imedyazen1.tripod.com
dans les parlers zenetes, il ne s'agit pas de ucc mais de "uhc" avec H aspiré. ce qui confirme la forme efk en kabyle, le F et l'équivalent du H.
je te renvois pour ca a l'étude qui est faire du mot aiguille dans étude et documents berberes n°14 ou on parle de relation entre F et H aspiré.
 
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