Re : Les néologismes amazighs
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Néologisme scientifique et technique en langue amazighe
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Les différents procédés dans la création néologique ( scientifique et technique ) en langue amazighe.
Par Carles Castellanos. Universitat autônoma de Barcelona.
Préambule:
Les considérations qui suivent concernent surtout le domaine de la création néologique des termes scientifiques et techniques et visent à ébaucher des critères de distinction au sein de ce grand domaine. Ma réflexion part de l’observation du fait que le nombre des termes employés dans les usages journaliers des différentes branches de la Science et de la Technique, est de l’ordre des millions de termes [v. NOTE 1] et de la considération de l’effort immense de systématisation qui découle de ce fait.
On sait d’ailleurs que tous ces termes ne sont pas également employés : un nombre important entre eux ont un usage tout strictement spécialisé, ils sont propres aux médecins, aux ingénieurs, aux biologistes, aux architectes etc. ; mais quelques uns ont un emploi plus général, tels les noms des parties les plus importantes de l’anatomie humaine (tels que biceps, sternum, radius...), les types de voitures plus communes (autobus, tracteur ...), les pièces les plus manipulées des machines les plus usuelles (cygognal, piston etc.) etc.
Nous aborderons aussi ces aspects qui ont affaire à l’extension de l’utilisation quotidienne, mais ce qui nous intéresse de souligner davantage dans un aperçu général, c’est la nécessité de posséder en langue amazighe des procédés qui permettent un emploi à la fois précis et non ambigu des milliers et milliers de termes spécialisés. Il faut aux scientifiques et aux techniciens amazighs, la possibilité d’un usage qui leur permette de faire facilement l’équivalence avec les termes internationaux et qui aboutisse à des termes d’un emploi univoque.
Les techniciens et les scientifiques amazighs ne doivent pas se voir surchargés par des procédés trop complexes ou peu commodes concernant la terminologie employée dans leur activité quotidienne. La terminologie doit être à la fois précise et commode ; sinon ils seraient obligés de changer de langue dès qu’ils auront besoin de se servir d’un langage spécialisé.
Dans ce but nous avançons les considérations suivantes.
1. Contact linguistique et néologie. Une première approche
Du point de vue des contacts entre les langues, il nous faut distinguer, tout d’abord, parmi les différents procédés de création néologique en les classant en deux grands volets : l’emprunt et la formation endogène (ce second volet, comprenant l’ensemble des procédés de création de termes à partir de la propre langue - qu’il s’agisse de l’expansion sémantique, la formation syntagmatique ou d’autres procédés).
Il y a plusieurs types d’emprunt que nous ne développerons pas ici mais qu’on va étudier dans les paragraphes suivants. Quant aux procédés de formation endogène on pourrait étaler à son tour, dans une certaine gradation, différents types d’adaptation allant du simple calque à la vraie création endogène (c’est à dire, la création concernant les termes nés, en principe, à l’écart des contacts). Une systématisation plus précise et simplifiée des procédés principaux est exposée dans le §3.
Il faut cependant, en continuant notre vision générale, rappeler les difficultés que l’emprunt trouve, dans son processus d’adaptation à la langue réceptrice : les résistances sociolinguistiques vis à vis de l’interférence d’autres langues, et les difficultés linguistiques (d’ordre phonétique ou morphosyntaxique) dans les passage d’un système linguistique à un autre différent. On ne peut donc, en principe, abuser du recours à l’emprunt.
Mais, d’un autre côté, la formation endogène a été aussi critiquée, notamment le procédé de l’expansion sémantique. Dans un travail sur le thème qui nous concerne, Miloud Taïfi (1997 : 68-72) avait averti des risques encourus par l’abus du procédé d’expansion sémantique pour exprimer les notions de la vie moderne, et avait exposé les équivoques auxquels peut amener cette pratique. La fonction essentielle de la terminologie étant la désignation précise et non équivoque des concepts, l’expansion sémantique (ou emploi figuré) ne peut être, donc, non plus, appliquée d’une façon abusive. Les limitations sociolinguistiques vis à vis de la profusion des termes obtenus par formation endogène en général, ont été aussi suffisamment signalés par plusieurs autres auteurs tels que Achab, Chaker et Tilmatine.
Quels critères devrions-nous, donc, suivre dans les choix des différents procédés ?
Dans notre thèse de doctorat (El procés d ’estandarditzaciâ de les lien gLies. Aplicaciô a la llengua amaziga, Universitat Autônoma de Barcelona, 1998) nous avions soutenu la nécessité de distinguer, au moins entre trois domaines dans l’innovation lexicale amazighe : l’épuration, l’innovation technologique et sociale et l’élaboration stylistique, puisque ces domaines correspondaient à des contextes sociolinguistiques différents et ils exigeaient, donc, des traitements différenciés.
On rappelait alors que le domaine de l’épuration lexicale (qui comprendrait les mots du vocabulaire de base actuel susceptibles de substituer les xénismes usuels, tels que « adlis »(livre), « tilelli » (liberté), « anezgun » (théâtre) etc.) est le plus délicat puisque doit aboutir à un emploi quotidien et massif. Le nombre des propositions susceptibles d’être utilisés devrait être, dans ce cas, forcément réduit.
D’un autre côté, on signalait que le domaine de l’innovation technologique et sociale se heurtait surtout à des difficultés d’adaptation des mots d’origine greco-tatine, difficultés que l’étude de modèles précédents suivis par d’autres langues non indo-Européennes (tels que la langue basque, la langue finnoise et la langue hébraïque) pourraient aider à surmonter. À ce propos nous invoquions l’excellente thèse de Sagama dans laquelle l’auteur étudie la néologie développée dans ces trois langues citées.
Nous finissions nos considérations en concluant que les domaines les plus problématiques étaient les deux premiers, c’est à dire, celui qui concerne l’épuration, à cause de ses répercussions sociolinguistiques ; et celui traitant l’innovation technologique et sociale, à cause de son énorme étendue. A ce sujet nous avertissions finalement que la centaine d’affixes de nominalisation systématisés jusqu’aujourd’hui (tels que ceux qui avait exposés Achab pp. 190-194) ne paraissaient pas suffisante pour couvrir d’une façon exhaustive les nécessités néologiques.
En ce qui concerne, plus concrètement, le langage scientifique et technique, une distinction pourrait aussi être faite d’après la fréquence dans l’emploi des termes, puisque il est évident que dans les langues modernes plus élaborées, tel que nous l’avons avancé au début de ce travail, on trouve des termes scientifiques et techniques qui ont un emploi général.. On emploie des mots néologiques pour la désignation, par exemple, des voitures tels que l’autobus, le tracteur, le bull-dozer ; des pièces mécaniques tels que le cygognal, le cylindre, le carburateur etc. ; ce genre de dénominations néologiques s’étend même aux os les plus courants tels le cubitus, le radius, le sternum et à certains muscles tels que les biceps, et encore aux formules chimiques plus divulgués tels que le chlorambuterol, l’acide acétylsalicylique, les amphétamines etc. Ce n’est pas un phénomène qu’on puisse généraliser pour toutes les langues, mais l’existence de cette diffusion que nous avons observée signale l’importante extension sociale des termes scientifiques et techniques, du moins dans certains cas.
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