Les néologismes amazighs

Re : Les néologismes amazighs

agerzam said:
nney : voir est encore utilisé en tachelhit, amannay : celui qui voit

qel : attendre
smaqel : regarder (factitif + réciproque basé sur qel).
On dit aussi annay: voir mais surtout dans le sens de "juger", "réfléchir" un peu comme en français...
Annay ma ira...Vois ce qu'il veut...
Annay!...Vois! (dans le sens réfléchi et prend une décison)...


qel: attendre
aqel: se souvenir
Ur sul aqelgh i ma iyi na...je ne me souviens plus de ce qu'il m'a dit....
 
Re : Les néologismes amazighs

mohand1978 said:
je ne pense pas que lli et enni soit le meme mot

en effet
id'lli = hier
ass ennin = apres demain !



Azul fell-ak a gma Mohand,

Oui, dans le chleuh actuel, ils ne le sont pas. Mais je pense qu'à l'origine (dans l'amazigh ancien) ils l'étaient.

Il existe des situations où les deux variantes anciennes d'un même mot se retrouvent dans le même dialecte mais avec des sens différents (car chaque variante s'est spécialisé dans un sens spécifique), et parfois il gardent le même sens.

Par exemple : "deg" (dans, en kabyle) et "dagh" (dans, en touareg).

Je pense que les deux variantes on existé depuis fort longtemps. En touareg, on utilise "dagh" (avec la vélaire [gh]) et "adeg" (qui signifie "endroit, place").

En kabyle, on utilise "deg" (dans), qui est apparenté à cette même racine "DG" qui a donné naissance au mot "adeg" (lieu, endroit) en touareg. Mais il subsiste encore en kabyle une trace de la variante "dagh" (dans) :

Le verbe "zdegh" (habiter) serait, en effet, constitué du préfixe transitivant "s" + la racine "DGh". La prononciation du en [z] est dûe au fait que la consonne muette "s" soit située dans le voisinage immédiat d'une consonne voisée ([d]).

Ar timlilit a gma

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Re : Les néologismes amazighs

idir said:
tanmmirt nnk Amastan13,

Pour AGG voir www.tifawin.com [dans la version tamazight s tafransist]
et aussi IGGI


Afra n R'ebbi fell-ak a gma Idir,
Tanemmirt-nnek f wezday-lli n yid'eggam,

I looked up for the word "regarder" and I was really happy to find the word "agg" (with the meaning of "looking from above").

If the word "anagi" exists in Kabyle, this shows that even the word "agg" (with the meaning of "to witness") existed in Old Kabyle. The more we go back in the past, the more our dialects resemble one another.

Ar timlilit a gma

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Re : Les néologismes amazighs

tamaynut said:
Comme Imal:

Id'elli pour nous voudrais dire "l'autre jour"...
Idgâm = hier
On dit aussi "gamina" tout à l'heure, parlant du passé...

Argaz lli ssneght , mais on peut aussi dire ardaz da sseneght...
Ass da, ass lli = l'autre jour...
Wada, walli = l'autre...

Je n'en suis pas sure mais je pense qu'entre 'lli" et "da" il y'a une notion d'antériorité...le 'lli' évoquant un passée antérieur au "da", peut-être même quelque chose de révolu ...

Par exemple souvent quand quelqu'un parle de toi comme si tu étais une chose
"-Mad a iga ghaya d...C'est quoi ça...
on lui répond...
"Ima kiyin a ghaya lli"...Et toi alors, qui n'est plus"....


(Je ne sais pas si j'ai été claire dans mes propos...)


Azul fell-am a weltma,

Oui, parfaitement claire :)

L'élément "gam" dans "id'gam" (hier) et "gamina" (tout à l'heure) est intéressant. Qu'est-ce qu'il signifie ?

Il semble que le mot "gamina" peut être divisé en "gam" et le démonstratif "-inna".

Ce démonstratif utilisé dans les dialectes du littoral méditerranéen (chaoui, kabyle, etc.) sert à désigner les objets lointains :

Zedghegh deg wedrar-a(d)
Zedghegh deg wedrar-inna (J'habite cette montagne-là [au loin]).

Toujours dans le démonstratif "-lli" :

En dehors du mot "id'elli", la variante "-lli" est également retrouvée dans le mot "llinna" ou "zgellinna" qui signifie exactement "gamina" ou "tout à l'heure".

Etymologie : "llinna" serait composé de "lli" plus le démonstratif "-inna". Un double démonstratif pour exprimer cette notion de "tout à l'heure". Le mot "zgellinna" est constitué de "seg llinna", avec la préposition "seg" (depuis) :

Awal ay am-nnigh llinna === Le mot que je t'ai dit tout à l'heure.
Zgellinna yella id-negh === Tout à l'heure il était avec nous.


Ar timlilit ma yebgha R'ebbi

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Re : Les néologismes amazighs

Amastan13 said:
Azul fell-am a weltma,

Oui, parfaitement claire :)

L'élément "gam" dans "id'gam" (hier) et "gamina" (tout à l'heure) est intéressant. Qu'est-ce qu'il signifie ?

Il semble que le mot "gamina" peut être divisé en "gam" et le démonstratif "-inna".

Ce démonstratif utilisé dans les dialectes du littoral méditerranéen (chaoui, kabyle, etc.) sert à désigner les objets lointains :

Zedghegh deg wedrar-a(d)
Zedghegh deg wedrar-inna (J'habite cette montagne-là [au loin]).

Azul,

Gam ou Gem (?) signifie "avant"...
Ga(e)m ur a tudugh s udrar...

Le demonstratif "inna" devient "na" chez nous...

ghwana...Celui-là (désignant quelque chose de lointain)
ghwad...Celui-ci (désignant quelque de proche)...
 
Re : Les néologismes amazighs

tamaynut said:
Azul,

Gam ou Gem (?) signifie "avant"...
Ga(e)m ur a tudugh s udrar...

Le demonstratif "inna" devient "na" chez nous...

ghwana...Celui-là (désignant quelque chose de lointain)
ghwad...Celui-ci (désignant quelque de proche)...


Tanemmirt-nnem a Tamaynut,
Merci pour ces explications,

Alors, en ce qui concerne "gam/gem", je crois qu'on pourrait le rapprocher à "ngum" en touareg. Ce dernier signifie "autrefois" et "avant".

"Ngum" pourrait être formé de la préposition "n" (de) et "gum" (de la même racine que que "gem/gam" [GM] du chleuh).

"Gem ur a ttudugh s udrar" : l'exemple signifie-t-il "avant, je n'allais pas à la montagne" ?

Ar timlilit

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Re : Les néologismes amazighs

Amastan13 said:
Tanemmirt-nnem a Tamaynut,
Merci pour ces explications,

Alors, en ce qui concerne "gam/gem", je crois qu'on pourrait le rapprocher à "ngum" en touareg. Ce dernier signifie "autrefois" et "avant".

"Ngum" pourrait être formé de la préposition "n" (de) et "gum" (de la même racine que que "gem/gam" [GM] du chleuh).

"Gem ur a ttudugh s udrar" : l'exemple signifie-t-il "avant, je n'allais pas à la montagne" ?

Ar timlilit

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azul Amastan13, tanmmirt nnk at't'as f tanayin nnk.

yad-lli, ur a tdugh s tinml. : avant, je n'allais pas à l'école.

kigh tid yad, j'ai déjà été.

yad dans le sens déjà

gam-lli, nkka-d dars: tout à l'heure, on aété chez lui.

gam-a, gam-lli, gam-an ...
 
Re : Les néologismes amazighs

imal said:
azul Amastan13, tanmmirt nnk at't'as f tanayin nnk.

yad-lli, ur a tdugh s tinml. : avant, je n'allais pas à l'école.

kigh tid yad, j'ai déjà été.

yad dans le sens déjà

gam-lli, nkka-d dars: tout à l'heure, on aété chez lui.

gam-a, gam-lli, gam-an ...

Azul fell-awen, tanemmirt-nwen :)

Imal :

Le chleuh est un dialecte qui est à la fois proche des dialectes du Nord et de ceux du Sud (les dialectes touaregs) et dans son vocabulaire, et dans sa structure.

Le verbe "ekk" est polysémique en langue amazighe. Dans les parlers du littoral méditerranéen (kabyle, chaoui, etc.) il signifie généralement "passer" :

Kkigh-d fell-asen (Je suis passé par eux/chez-eux)
Kkigh-d seg webrid n ufella (Je suis passé par le chemin du dessus).

En touareg, sa variante à l'impératif c'est "aki"qui signifie "aller chez qqn" :

Ur tent-kkigh === Je ne les ai pas visitées (femmes)
Ahel-waregh ad yekk ti-s === Aujourd'hui, il ira chez son père.

Yad (dans le sens de "déjà") :

En kabyle, on dit "ya" ou "yagi" :

Kkigh-t-id yad, j'ai déjà été (en chleuh).
Kkigh-d yagi seg webrid-a === Je suis déjà passé par cette route

Uznegh-ak yagi tabrat === Je t'ai déjà envoyé une lettre.

Ar timlilit a gma

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Re : Les néologismes amazighs

Afra n R'ebbi fell-awen,

La forme factitive du verbe "ekk" c'est "ssukk".

C'est un peu curieux.

La forme factitive des verbes de la forme "eC1C1" ou "eC1C2" est la suivante :

sseC1C1/sseC1C2

Exemple :

Ecc (se nourrir) === Ssecc (nourrir)
Ed's (rire) ==== Ssed's (faire rire)
Els (s'habiller) === Ssels (habiller)

Le verbe "ssukk" a servi à la dérivation du mot "amsukk" (transitif). Ce néologisme a été proposé par l'Université de Béjaïa (département de langue amazighe) dans un lexique scientifique élaboré par Kamel Bouamara et Allaoua Rabhi.

Le verbe "ssukk" signifie "faire passer, faire subir qqch à qqn" :

Yessukk fell-i lbat'el === Il m'a fait des injustices.


Ar timlilit ma yebgha R'ebbi

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Re : Les néologismes amazighs

Amastan13 said:
La forme factitive du verbe "ekk" c'est "ssukk".

En tachelhit c'est le verbe "Kku"...
Est ce que ce n'est pas "Ssay" sa forme factive?...
Urss mani iyi d isay: je ne sais par où il m'a fait passer...
 
Re : Les néologismes amazighs

tamaynut said:
En tachelhit c'est le verbe "Kku"...
Est ce que ce n'est pas "Ssay" sa forme factive?...
Urss mani iyi d isay: je ne sais par où il m'a fait passer...


Afra n R'ebbi fell-am a Tamaynut,

Si la forme factitive "ssay" vient du verbe "kku" (ou d'une forme ancienne de "kku"/aki ou ekk), alors on pourrait penser que la consonne [k] ait disparu par l'effet de l'usure phonétique (connu dans tous les dialectes amazighs).

Donc, pourrait-on imaginer une forme ancienne du verbe "ssay" === "skay" ?

Les consonnes [k] et [g] sont faibles en amazigh, car elles deviennent parfois des semi-voyelles [y/w] et [y/w] :

Krez (labourer) === takerza (labeur, kabyle) et "tayerza" dans certaines régions de Kabylie.

Takett'uft (fourmi, mozabite) === tawett'uft (fourmi, kabyle).

Agerz (talon) === Parfois prononcé "awerz" dans certaines régions de Kabylie.

Parfois, c'est l'inverse : [y] et [w] deviennent [g] lorsqu'elles sont tendues (surtout dans la tension grammaticale [conjugaison]) :

Ayyur (lune) ==== Prononcé [aggur] dans la Kabylie occidentale.

Wet (frapper, kabyle) ==== kkat (aoriste intensif)
Awet (frapper, touareg) ==== ggat (aoriste intensif)

Mais ce qui nous intéresse dans le cas de "ssay" c'est ça :

Apparemment, dans l'amazigh ancien, il y avait un phénomène dans lequel le [k] et le [g], lorsqu'ils se trouvaient devant un , ils disparaissent :

Sgunfu (se reposer, kabyle de la Soummam) === Ssunfu (se reposer, touareg).

Ar timlilit ma yebgha R'ebbi

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Re : Les néologismes amazighs

Amastan13 said:
Azul fell-awen, tanemmirt-nwen :)

Imal :

Le chleuh est un dialecte qui est à la fois proche des dialectes du Nord et de ceux du Sud (les dialectes touaregs) et dans son vocabulaire, et dans sa structure.

Le verbe "ekk" est polysémique en langue amazighe. Dans les parlers du littoral méditerranéen (kabyle, chaoui, etc.) il signifie généralement "passer" :

Kkigh-d fell-asen (Je suis passé par eux/chez-eux)
Kkigh-d seg webrid n ufella (Je suis passé par le chemin du dessus).

En touareg, sa variante à l'impératif c'est "aki"qui signifie "aller chez qqn" :

Ur tent-kkigh === Je ne les ai pas visitées (femmes)
Ahel-waregh ad yekk ti-s === Aujourd'hui, il ira chez son père.

Yad (dans le sens de "déjà") :

En kabyle, on dit "ya" ou "yagi" :

Kkigh-t-id yad, j'ai déjà été (en chleuh).
Kkigh-d yagi seg webrid-a === Je suis déjà passé par cette route

Uznegh-ak yagi tabrat === Je t'ai déjà envoyé une lettre.

Ar timlilit a gma

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Azul fell-ak a gma Imal,

Les mots "yad" (en chleuh) et "ya/yagi" en kabyle (déjà) sont interessants du point de vue étymologique. Je crois qu'ils viennent des démonstratifs affixes "-ad" et "-a/-agi".

Agharas-ad (ce chemin) ===> -ad ===> yad

Abrid-a/abrid-agi (ce chemin) ===> -a/-agi ====> ya/yagi

Attention, je ne parle pas du sens, je parle de l'origine probable du mot "yad/ya/yagi".

La prononciation "yad/ya/yagi" (avec [y]) est sans doute dûe au fait que les démonstratifs affixes, lorsqu'ils viennent après des mots se terminant par des voyelles, on les prononce avec un [y] :

Agayyu-ad (cette tête, chleuh) === prononcé [aggayuyad]
Abandu-a (cette enclave, kabyle) === prononcé [abanduya]

Le pronom démonstratif "ad" n'est pas spécifique qu'au chleuh. Il a laissé des traces dans les dialectes du centre et de l'est algérien (Atlas blidéen et Kabylie) :

Dans l'Atlas blidéen, le kabyle qu'on y parte (appelé "taqbaylit") est assez proche dans beaucoup d'aspects aux dialectes amazighs du Maroc. D'ailleurs, plus on va vers l'ouest de la Kabylie, plus on s'approche des dialectes marocains.

Dans le kabyle de l'Atlas blidéen, on utilise les démonstratifs :

Wadi (celui-ci)
Tadi (celle-ci)

"Wadi" et "tadi" sont prononcés avec un [d] occulisif (ils seraient, étymologiquemet, de la même origine que "ad" utilisé en chleuh).

En Kabylie, dans les tribus des Ayt âisi (région de Beni-Douala) et des Iwad'iyen (région des Ouadhias) nous avons :

Wadi (celui-là, là-bas, au loin)
Tadi (celle-là, là-bas, au loin)

Ex.
Wadi d abrid n Weqbu === Celui-là (là-bas) c'est le chemin d'Akbou.
Tadi d jida === Celle-là (là-bas) c'est ma grand-mère

Dans la plupart des régions de Kabylie, on utilise les variantes :

Wihin (ex. Wihin d asif ==== Celle-là est une rivière)
Tihin (ex. Tihin d nanna === Celle-là est ma tante paternelle)

Les pronoms démonstratifs "wadi" et "tadi" dans les Iwad'iyen et les Ayt âisi semblent avoir changé de sens, car ils n'expriment plus une notion de proximité, mais c'est le contraire -notion d'éloignement (mais ils auraient en efffet la même origine que "wadi" et "tadi" de l'Atlas blidéen ou "ad" du chleuh).

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Re : Les néologismes amazighs

Amastan13 said:
Afra n R'ebbi fell-am a Tamaynut,

Si la forme factitive "ssay" vient du verbe "kku" (ou d'une forme ancienne de "kku"/aki ou ekk), alors on pourrait penser que la consonne [k] ait disparu par l'effet de l'usure phonétique (connu dans tous les dialectes amazighs).

Donc, pourrait-on imaginer une forme ancienne du verbe "ssay" === "skay" ?

Les consonnes [k] et [g] sont faibles en amazigh, car elles deviennent parfois des semi-voyelles [y/w] et [y/w] :

Krez (labourer) === takerza (labeur, kabyle) et "tayerza" dans certaines régions de Kabylie.

Takett'uft (fourmi, mozabite) === tawett'uft (fourmi, kabyle).

Agerz (talon) === Parfois prononcé "awerz" dans certaines régions de Kabylie.

Parfois, c'est l'inverse : [y] et [w] deviennent [g] lorsqu'elles sont tendues (surtout dans la tension grammaticale [conjugaison]) :

Ayyur (lune) ==== Prononcé [aggur] dans la Kabylie occidentale.

Wet (frapper, kabyle) ==== kkat (aoriste intensif)
Awet (frapper, touareg) ==== ggat (aoriste intensif)

Mais ce qui nous intéresse dans le cas de "ssay" c'est ça :

Apparemment, dans l'amazigh ancien, il y avait un phénomène dans lequel le [k] et le [g], lorsqu'ils se trouvaient devant un , ils disparaissent :

Sgunfu (se reposer, kabyle de la Soummam) === Ssunfu (se reposer, touareg).

Ar timlilit ma yebgha R'ebbi

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azul iflujjan,

llan tt dari kra n tgwriwin (mots) d twinas (phrases),
righ gigun ad tfkim tanayin nnun.

aynun n tgwriwin:

tasukt: la rue

asaka:

assdrm: passage étroit (petit trou)

aynun n twinas :

kk : passé par

kkigh-d agharas (abrid) ufella : je suis passé par le chemin d’en haut.

kkigh-d fell-asen : je les ai surpris (par un détour)

nsskra timgizal, ikka fell-a :

ikka fell-a uccwari : (par son poids)

mani t issayn : par où est-il passé, issay t ghi : il est passé par là

tanemmirt
 
Re : Les néologismes amazighs

imal said:
azul iflujjan,

llan tt dari kra n tgwriwin (mots) d twinas (phrases),
righ gigun ad tfkim tanayin nnun.

aynun n tgwriwin:

tasukt: la rue

asaka:

assdrm: passage étroit (petit trou)

aynun n twinas :

kk : passé par

kkigh-d agharas (abrid) ufella : je suis passé par le chemin d’en haut.

kkigh-d fell-asen : je les ai surpris (par un détour)

nsskra timgizal, ikka fell-a :

ikka fell-a uccwari : (par son poids)

mani t issayn : par où est-il passé, issay t ghi : il est passé par là

tanemmirt


Azul fell-ak a Imal, tanemmirt-nnek f tebrat-ad,

Tasukt :
Ce mot vient du verbe "ekk" (passer). Il se compose du préfixe "s" (qui sert dans ce cas à la dérivation du nom de lieu) et de la racine "K" qui donne le verbe "ekk".

Le préfixe "s" sert à la dérivation des noms de lieux, comme "n" (ex. "asgen" < s + verbe "gen" [dormir], lieu où dort un animal). Le "s" est attaché au sens de "endroit" ou "direction" en langue amazighe :

Ddigh s axxam === Je suis allé à la maison (= Ddigh gh tgemmi)
Yegla s Twat === Il est allé au Touat (touareg) = Yedda gh Twat

En kabyle, on dit "asuki" ou "tasukit". Il s'agit d'une terre qui est laissée à l'abandon, non-cultivée. Je suppose qu'elle est de la même racine que "tasukt", car un terrain non-cultivé peut servir de passage pour les habitants du village (alors qu'un terrain cultivé est interdit pour tout étranger à la famille).

Quant à la "rue", en kabyle on l'appelle "azniq" (c'est un mot emprunté à l'arabe). En nefoussi (Djebel Nefoussa, Libye) on dit "azeqqaq" :

Ur ssinegh c izeqqaqen n T'rables === Je ne connais pas les rues de Tripoli.

En ghadamsi (amazigh de Ghadames), on a le mot :

Aghlad (ighladen). Ce même mot est donné dans le Lexique de Ghadames (Lanfry) et dans le Lexique de Berbère moderne (élaboré par M. Mammeri et ses étudiants).

En kabyle, dans les villages, nous utilisons le mot "tazrugt" (pl. tizergatin) pour "ruelle". En effet les mots "azrug (izergan)/tazrugt (tizergatin) sont utilisés indistinctement pour "rue, ruelle et passage". Il est à rapprocher du mot "azrib (izerban)" qui signifie "chemin, piste" (massif du Djurdjura). Le mot "azrug" ressemble à "azerg" (meule, chleuh), mais je ne crois pas qu'ils soient de la même racine.

Le changement du [g] en (ou le contraire) est observé dans certains mots du kabyle :

Taglult (mollet, Kabylie occidentale) est dit "tablult" (région des Ayt Ksila, Béjaïa).
Agujil (orphelin, panamazigh) est dit "abujil" dans la région de Issers (Boumerdès, ouest de la Kabylie).

Pour "azrug", je crois qu'on pourrait le rapprocher du verbe "zri" (passer, kabyle, chleuh, etc.). Il est possible que la forme ancienne de "zri" soit "zrey" ou même "zreg", ce qui a laissé cette trace de [g] dans le mot "azrug".

Asaka

Quel beau mot !!! Il existe même en kabyle mais .... il est malheureusement disparu aujourd'hui. Il existe l'expression :

Am win yettqeddimen azger s asaka === Tel celui qui avance un boeuf vers "asaka".

Dans son livre "Yenna-as Ccix Mohand" (Cheikh Mohand a dit, M. Mammeri), le mot "asaka" est traduit par "gué". L'expression kabyle pourrait le confirmer : faire avancer un boeuf vers un gué pour traverser une rivière.

Etymologiquement, ce mot dérive de la racine "K" qui a donné "ekk" (comme "tasukt").

nsskra timgizal, ikka fell-a

Les phrases que tu donnes comme exemples montrent également la richesse polysémique du verbe "ekk" en chleuh. En kabyle, "ekk" fait partie des verbes les plus polysémiques, et je crois qu'en chleuh, on découvrira encore plus de sens de ce verbe.

Ekk
1- dépasser. Yekka akk aytmaten-is deg tih'er'ci === Il dépasse tous ses frères dans l'intelligence/la ruse.
2- traverser. Kkigh-d akk ameccaq-nni === J'ai traversé toute cette longue distance.
3- traverser, passer par, se promener dans, visiter. Nekka-d akk timura n ddunit === Nous avons "fait"/visité tous les pays du monde.
4- provenir, venir de, avoir pour origine. Seg wansi ay d-yekka wawal-a ? === D'où vient ce mot ? // Lh'ess-a yekka-d seg tebh'it === Ce bruit vient du jardin.
5- Passer (dans l'espace). Tekka-d seg wakal-nsen === Elle est passée par leur terre.
6- Passer (une période de temps). Kkigh kra n wussan deg tmurt === J'ai passé quelques jours au pays.
7- Passer, être subi : Lbat'el ay yekkan fell-anegh ==== L'injustice "qui a été passée/pratiquée" sur nous.
8- Expression : Ekk-itt ghef (yiwen) (litt. La faire passer à qqn) : Duper, tromper.
Uccen-nni yekka-tt fell-i === Ce chacal m'a dupé.
9- Expression : Tekka fell-i (litt. Elle est passé sur moi) : avoir une de ces peurs, avoir une peur bleue. Lemmer ad tez'red' tin yekkan fell-i === Si tu savais la peur que j'ai eue.
10- Expression : Tekka-d seg-i (litt. Elle vient de moi) : C'est de ma faute.

Ces exemples sont extraits du dictionnaire que nous préparons (travail inédit). Il serait interessant d'étudier la polysémie du verbe "ekk" dans tous les dialectes. La région étudiée dans l'article ci-dessus ne couvre que deux tribus de Kabylie (Iwad'iyen, Ayt Dwala), mais combien de tribus amazighophones existe-t-il encore ? :)

Ar timlilit ma yebgha R'ebbi

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Re : Les néologismes amazighs

Pour "azrug", je crois qu'on pourrait le rapprocher du verbe "zri" (passer, kabyle, chleuh, etc.). Il est possible que la forme ancienne de "zri" soit "zrey" ou même "zreg", ce qui a laissé cette trace de [g] dans le mot "azrug".

C'est possible car au Maroc, celui qui assure le passage, la protection d'un voyageur dans une tribu est le Mezrag (celui qui fait passer ?)
 
Re : Les néologismes amazighs

imal said:
mani t issayn : par où est-il passé, issay t ghi : il est passé par là

tanemmirt

Mani ikka? : Où est-il passé...
Mani t issay?: littéralement; où l'a t il fait passé (Où l'à t-il mis?)...
 
Re : Les néologismes amazighs

Amastan13 said:
8- Expression : Ekk-itt ghef (yiwen) (litt. La faire passer à qqn) : Duper, tromper.
Uccen-nni yekka-tt fell-i === Ce chacal m'a dupé.
9- Expression : Tekka fell-i (litt. Elle est passé sur moi) : avoir une de ces peurs, avoir une peur bleue. Lemmer ad tez'red' tin yekkan fell-i === Si tu savais la peur que j'ai eue.
10- Expression : Tekka-d seg-i (litt. Elle vient de moi) : C'est de ma faute.


Tkka fellas tamghart nes:
Sa femme le domine...
Mecka fellas ikkan
:! Combien elle a enduré!...
 
Re : Les néologismes amazighs

Amastan13 said:
Azul fell-ak a Imal, tanemmirt-nnek f tebrat-ad,

Tasukt :
Ce mot vient du verbe "ekk" (passer). Il se compose du préfixe "s" (qui sert dans ce cas à la dérivation du nom de lieu) et de la racine "K" qui donne le verbe "ekk".

Le préfixe "s" sert à la dérivation des noms de lieux, comme "n" (ex. "asgen" < s + verbe "gen" [dormir], lieu où dort un animal). Le "s" est attaché au sens de "endroit" ou "direction" en langue amazighe :

Ddigh s axxam === Je suis allé à la maison (= Ddigh gh tgemmi)
Yegla s Twat === Il est allé au Touat (touareg) = Yedda gh Twat

En kabyle, on dit "asuki" ou "tasukit". Il s'agit d'une terre qui est laissée à l'abandon, non-cultivée. Je suppose qu'elle est de la même racine que "tasukt", car un terrain non-cultivé peut servir de passage pour les habitants du village (alors qu'un terrain cultivé est interdit pour tout étranger à la famille).

Quant à la "rue", en kabyle on l'appelle "azniq" (c'est un mot emprunté à l'arabe). En nefoussi (Djebel Nefoussa, Libye) on dit "azeqqaq" :

Ur ssinegh c izeqqaqen n T'rables === Je ne connais pas les rues de Tripoli.

En ghadamsi (amazigh de Ghadames), on a le mot :

Aghlad (ighladen). Ce même mot est donné dans le Lexique de Ghadames (Lanfry) et dans le Lexique de Berbère moderne (élaboré par M. Mammeri et ses étudiants).

En kabyle, dans les villages, nous utilisons le mot "tazrugt" (pl. tizergatin) pour "ruelle". En effet les mots "azrug (izergan)/tazrugt (tizergatin) sont utilisés indistinctement pour "rue, ruelle et passage". Il est à rapprocher du mot "azrib (izerban)" qui signifie "chemin, piste" (massif du Djurdjura). Le mot "azrug" ressemble à "azerg" (meule, chleuh), mais je ne crois pas qu'ils soient de la même racine.

Le changement du [g] en (ou le contraire) est observé dans certains mots du kabyle :

Taglult (mollet, Kabylie occidentale) est dit "tablult" (région des Ayt Ksila, Béjaïa).
Agujil (orphelin, panamazigh) est dit "abujil" dans la région de Issers (Boumerdès, ouest de la Kabylie).

Pour "azrug", je crois qu'on pourrait le rapprocher du verbe "zri" (passer, kabyle, chleuh, etc.). Il est possible que la forme ancienne de "zri" soit "zrey" ou même "zreg", ce qui a laissé cette trace de [g] dans le mot "azrug".

Asaka

Quel beau mot !!! Il existe même en kabyle mais .... il est malheureusement disparu aujourd'hui. Il existe l'expression :

Am win yettqeddimen azger s asaka === Tel celui qui avance un boeuf vers "asaka".

Dans son livre "Yenna-as Ccix Mohand" (Cheikh Mohand a dit, M. Mammeri), le mot "asaka" est traduit par "gué". L'expression kabyle pourrait le confirmer : faire avancer un boeuf vers un gué pour traverser une rivière.

Etymologiquement, ce mot dérive de la racine "K" qui a donné "ekk" (comme "tasukt").

nsskra timgizal, ikka fell-a

Les phrases que tu donnes comme exemples montrent également la richesse polysémique du verbe "ekk" en chleuh. En kabyle, "ekk" fait partie des verbes les plus polysémiques, et je crois qu'en chleuh, on découvrira encore plus de sens de ce verbe.

Ekk
1- dépasser. Yekka akk aytmaten-is deg tih'er'ci === Il dépasse tous ses frères dans l'intelligence/la ruse.
2- traverser. Kkigh-d akk ameccaq-nni === J'ai traversé toute cette longue distance.
3- traverser, passer par, se promener dans, visiter. Nekka-d akk timura n ddunit === Nous avons "fait"/visité tous les pays du monde.
4- provenir, venir de, avoir pour origine. Seg wansi ay d-yekka wawal-a ? === D'où vient ce mot ? // Lh'ess-a yekka-d seg tebh'it === Ce bruit vient du jardin.
5- Passer (dans l'espace). Tekka-d seg wakal-nsen === Elle est passée par leur terre.
6- Passer (une période de temps). Kkigh kra n wussan deg tmurt === J'ai passé quelques jours au pays.
7- Passer, être subi : Lbat'el ay yekkan fell-anegh ==== L'injustice "qui a été passée/pratiquée" sur nous.
8- Expression : Ekk-itt ghef (yiwen) (litt. La faire passer à qqn) : Duper, tromper.
Uccen-nni yekka-tt fell-i === Ce chacal m'a dupé.
9- Expression : Tekka fell-i (litt. Elle est passé sur moi) : avoir une de ces peurs, avoir une peur bleue. Lemmer ad tez'red' tin yekkan fell-i === Si tu savais la peur que j'ai eue.
10- Expression : Tekka-d seg-i (litt. Elle vient de moi) : C'est de ma faute.

Ces exemples sont extraits du dictionnaire que nous préparons (travail inédit). Il serait interessant d'étudier la polysémie du verbe "ekk" dans tous les dialectes. La région étudiée dans l'article ci-dessus ne couvre que deux tribus de Kabylie (Iwad'iyen, Ayt Dwala), mais combien de tribus amazighophones existe-t-il encore ? :)

Ar timlilit ma yebgha R'ebbi

http://imedyazen1.tripod.com
azul a gma Amastan13 f tisfiwin nnad nnk

uncka-d allagh immal mazd, iznzd’ar nkkni (imazighen) ad nsmun
tutlayt nngh a tgg yat, igh nskl yan ucnubc idran bahra.

tasukt : rue

Parce que y une expression en taclh’it : iwis n tsukt : fils de la rue

tjlitn ass arid’ gh tsukt ar ghilla : tu as passé tout la jounée dans la rue, jusqu’à maintenant.

siki lbhaim asaka : fait passer les troupeaux par asaka (la on fait passer qqn ou qqc)

asaka : passage collective assez large et permanent, où tout le monde peuvent passer lors des semences.

tanmmirt
 
Re : Les néologismes amazighs

Amastan13 said:
Les phrases que tu donnes comme exemples montrent également la richesse polysémique du verbe "ekk" en chleuh. En kabyle, "ekk" fait partie des verbes les plus polysémiques, et je crois qu'en chleuh, on découvrira encore plus de sens de ce verbe.
Un autre sens de "Kku" évoquant quelque chose qui fait maintenant parti du passé:

Ikkatin ur a tudunt thêcmiyen s suk
: Autrefois les filles n'allaient pas au souk...
Dada Hmed, ikkatin igelin! : Dada Hmed, il "fût" le pauvre! (Il est mort)...
 
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